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Mariage pour tous : La Ligue Polynésienne des Droits Humains réclame un débat


Dans le projet de mariage pour tous l'égalité est mise en avant. Pour la Ligue polynésienne des droits humains, il faudrait plutôt parler de laïcité.
Dans le projet de mariage pour tous l'égalité est mise en avant. Pour la Ligue polynésienne des droits humains, il faudrait plutôt parler de laïcité.
PAPEETE, lundi 11 mars 2013. La Ligue Polynésienne des Droits Humains vient d’envoyer un courrier au président de la République François Hollande et aux autorités politiques et religieuses locales pour demander qu’un débat soit organisé sur la question de l’application de la loi sur le mariage pour tous en Polynésie française. La loi autorisant le mariage pour tous a été adoptée le 12 février dernier par l’Assemblée nationale et sera prochainement présenté au Sénat. Il y a quelques jours, la Ligue Polynésienne des Droits Humains (anciennement Ligue des Droits de l’Homme de Polynésie) a adressé un courrier au président François Hollande recommandant que «les institutions de l’Etat, à savoir le président de la République française, le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, le président de la Polynésie française et le président de l’Assemblée de Polynésie française, le Conseil économique social et culturel de la Polynésie française et les Eglises de la Polynésie française entament un débat propre à la Polynésie française sur la question de l’application de la loi sur le mariage pour tous en Polynésie française».

Le courrier signé du président de la Ligue Polynésienne des Droits Humains, James Lau est accompagné d’un rapport de quatre pages effectué par une avocate du barreau de Papeete, membre de la Ligue. En préambule, il est essentiellement fait mention que le «les sociétés humaines ont établi une partie du contrat social sur l’existence du mariage visant à unir un homme et une femme en vue d’assurer leur descendance» ; que «dans sa conception traditionnaliste, la France comme bon nombre de sociétés, considère encore le mariage comme une institution religieuse» et qu’enfin, «il apparaît que la France en ouvrant aux personnes du même sexe le droit au mariage, fait non pas tant application du principe d’égalité que de celui de laïcité».

Au regard de la laïcité, la situation de la Polynésie française étant différente de celle de la métropole - la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’existe pas ici -, appliquer le mariage pour tous sur le territoire avant d’avoir pu ouvrir un débat sur cette question de la laïcité serait donc un non-sens selon la Ligue. C’est pourquoi en tout cas, la Ligue Polynésienne des Droits Humains qui a adopté ce rapport au sein de son bureau, l’a également adressé à toutes les autorités du Pays (présidence, APF, CESC) et aux Eglises polynésiennes en recommandant expressément que le débat soit ouvert. «En ouvrant la possibilité du mariage aux personnes du même sexe, la France fait un choix de société, conférant au mariage, une dimension laïque, lui ôtant ainsi sa dimension ancestalement religieuse, toutes confessions confondues» détaille encore le rapport qui oublie, au passage, que les mairies officient en moyenne 250 000 mariages civils en France, alors que seulement un tiers de ces couples choisissent de sacrer également leur union devant l’Eglise.






Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 11 Mars 2013 à 17:24 | Lu 1447 fois