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Marche contre l'antisémitisme: l'introuvable union nationale


Face à la recrudescence des actes hostiles aux Juifs en France, le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ont appelé "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République" à participer dimanche à une "grande marche civique" contre l'antisémitisme. Crédit Thomas SAMSON / AFP
Face à la recrudescence des actes hostiles aux Juifs en France, le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ont appelé "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République" à participer dimanche à une "grande marche civique" contre l'antisémitisme. Crédit Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 08/11/2023 - Pas d'union nationale contre l'antisémitisme: au lieu de réunir la classe politique, la "grande marche civique" prévue dimanche, où se rendra Elisabeth Borne, se heurte au boycott de LFI et à la participation du RN jugée encombrante à gauche et dans la majorité.

Elle se voulait consensuelle: "une mobilisation générale" contre la recrudescence des actes antisémites en France - plus de 1.000 en un mois, un record. 

Mais le défilé entre l'Assemblée nationale et le Sénat voulu par leurs présidents Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher a été aussitôt rejeté par Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise. 

En outre, la présence du Rassemblementnational provoque un malaise à gauche et dans la majorité. 

Pas question pour Marine Le Pen de renoncer. "J'y participerai" et "j'appelle l'ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche", a-t-elle lancé mercredi. 

"Plus il y aura de monde et mieux ce sera", a ajouté la cheffe de file des députés RN, prête à défiler "en queue de cortège" puisque sa présence dérange.

Une polémique similaire avait eu lieu en 2015 pour la manifestation en soutien à Charlie Hebdo, visé le 7 janvier par un attentat islamiste. Le FN avait alors appelé ses partisans à manifester en province. 

"A mon sens, le Rassemblement national n'a pas sa place dans cette manifestation", mais "c'est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer", a relevé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, après le Conseil des ministres.

L'Elysée n'a pas indiqué si Emmanuel Macron serait présent. La Première ministre Elisabeth Borne, dont le père de confession juive a été déporté, y participera ainsi que plusieurs membres du gouvernement.

Embarras

A gauche, le malaise domine. Le numéro un du PCF Fabien Roussel va se rendre au rassemblement, mais "ne défilera pas aux côtés" du RN, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen "plusieurs fois condamné pour propos antisémites" et par "des hommes qui ont collaboré" avec l'Allemagne nazie.

Même embarras chez les socialistes, qui appellent à se joindre à la manifestation, mais jugent que "la présence du RN à cette marche est illégitime" au vu notamment des propos tenus dimanche par son président Jordan Bardella pour qui Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite. 

Les Ecologistes y participeront également, mais ont exhorté Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher à exclure les partis d'extrême droite, qui "font de cette marche une étape supplémentaire de leur stratégie de dédiabolisation".

Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a également émis des réserves quant à la présence du RN, invitant les organisateurs et les partis politiques "à ne pas être les complices de la banalisation d'un parti fondé par des antisémites".

D'autres ont moins d'état d'âme: à droite, Eric Ciotti (LR), à l'extrême droite Eric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête!) ont immédiatement fait savoir qu'ils en seraient.

Mélenchon boycotte

Seule La France insoumise n'ira pas. "On ne lutte pas contre l'antisémitisme et le racisme dans la confusion", a-t-elle estimé dans un communiqué. "L'ambiguïté des objectifs de cette démarche permet les soutiens les plus insupportables", dit le parti qui refuse de défiler aux côtés du RN. 

La veille, M. Mélenchon avait provoqué une nouvelle polémique en déclarant que "les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous" dimanche, "sous prétexte d'antisémitisme". 

Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1.400 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande de Gaza. Selon le mouvement islamiste, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 10.300 morts.  

Depuis un mois, LFI est critiquée de toutes parts, y compris par certaines voix en interne, pour le refus de ses dirigeants de qualifier l'organisation palestinienne islamiste Hamas de "terroriste". Dans son communiqué, elle répète qu'"il est nécessaire de se réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages".

le Mercredi 8 Novembre 2023 à 06:24 | Lu 524 fois