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Manifestations et boycott du Congrès en Nouvelle-Calédonie sur fond de réforme fiscale contestée


Crédit Theo Rouby / AFP
Crédit Theo Rouby / AFP
Nouméa, France | AFP | jeudi 21/03/2024 - Les élus loyalistes de Nouvelle-Calédonie ont annoncé jeudi qu'ils ne siègeraient plus au Congrès de l'archipel pour protester contre des mesures fiscales voulues par les indépendantistes au pouvoir, qui ont provoqué manifestations et blocages de dépôts de carburant.

L'assemblée délibérante calédonienne devait examiner jeudi une taxe sur l'équilibre tarifaire (TTE) influant sur le prix du carburant, destinée à renflouer les caisses du gestionnaire du système électrique Enercal, proche de la cessation de paiement.

Très sensible, ce texte - dont l'examen a finalement été reporté - est contesté par plusieurs organisations patronales et par les loyalistes, qui ont organisé une journée d'action jeudi.

"En réponse à l'adoption de mesures de taxation que nous jugeons mortifères pour les Calédoniens (...), nous annonçons notre décision de boycotter les institutions du territoire jusqu'à nouvel ordre", ont déclaré dans un communiqué commun les groupes Les Loyalistes et Le Rassemblement, deux des trois formations non-indépendantistes siégeant au Congrès.

Lors d'une séance agitée, les élus de ces deux groupes ont quitté l'hémicycle à l'issue d'une prise de parole de Sonia Backès, la présidente de la province Sud et cheffe de file des Loyalistes. 

"La majorité indépendantiste n'est pas légitime: elle est antidémocratique", a-t-elle lancé dans l'hémicycle, dénonçant plusieurs réformes fiscales menées ces derniers mois par les indépendantistes.

"Il faut un vrai plan de relance, arrêter de mettre des impôts supplémentaires", a précisé Mme Backès à l'AFP, assurant que le boycott continuerait "tant qu'on n'est pas considéré par les indépendantistes".

Avant la séance, le Syndicat des "rouleurs" et du BTP avait positionné plusieurs dizaines de camions devant le Congrès pour protester contre la TTE, tandis que le collectif d'entreprises "Agissons solidaires" a annoncé dans un communiqué "bloquer les dépôts de carburants" dans l'attente du retrait définitif du texte.

Le communiqué des Loyalistes et du Rassemblement, tout comme Sonia Backès, critiquent également le système de répartition des sièges au Congrès, qui selon eux favorise les indépendantistes alors que des élections provinciales sont attendues d'ici la fin de l'année.

"Vous vous permettez de nous mépriser, de vous comporter comme si vous étiez à la tête d'une dictature. A compter d'aujourd'hui (...) nous, Loyalistes et Rassemblement, ne siégerons plus dans des institutions non-démocratiques. Nous serons désormais dehors pour les séances publiques: sur les marches du Congrès", a encore lancé Mme Backès.

"Prononcer de telles paroles, c'est un défi lancé au peuple kanak", a réagi le président indépendantiste du Congrès Roch Wamytan. "C'est prendre le risque de rallumer un feu que l'on travaille à éteindre depuis quarante ans".

L'accord de Nouméa, signé en 1998, prévoit un rééquilibrage dans la répartition des sièges au Congrès favorisant les provinces des Îles et du Nord, moins peuplées mais où résident en majorité les populations autochtones kanak.

le Jeudi 21 Mars 2024 à 06:01 | Lu 1531 fois