PAPEETE, le 17 juillet 2015- Tahiti Heritage, tente cette semaine de suivre les parcours de trois monuments historiques qui ont été déplacés d’un coin à l’autre de la capitale. Un ami historien, à qui nous faisions part de notre étonnement de ces déménagements successifs, nous réconfortait en nous disant qu’ « un monument qui bouge est un monument qui vit ».
La clé à molette déboulonnée
Après le célèbre appel du Général de Gaulle le 18 Juin 1940 à Londres, Tahiti fut la première colonie française à se rallier à la France Libre. En souvenir de ce grand homme, l’État français décide en 1973 de lancer un concours pour l’élaboration d’un monument commémoratif. C’est le projet, très contemporain, de l’architecte Rodolphe Weinmann, secondé du décorateur René Dessirier et de l’artisan sculpteur Nino Picolini, qui est retenu. Le monument proposé est formé de deux blocs sensés représenter deux proues de pirogues polynésiennes, volontairement décalés et ouverts sur un vide formant une croix de Lorraine. La croix de Lorraine, symbole de la France libre est également le symbole de ce grand général et ancien président de la république française. Le décalage des deux blocs symbolise, d’après l’architecte, la carrière de De Gaulle toujours à la croisée de mouvants s’opposants, mais qu’il réussit à chaque fois à réunir.
Une œuvre qui brille par sa simplicité mais qui a été difficile de faire accepter car les anciens de la Marine qui souhaitaient y rajouter une ancre et ceux de l’aviation, une hélice.
Mais où l’installer ? A cette époque les indépendantistes voyaient d’un très mauvais œil ce monument à la gloire du Général et le maire de Papeete qui ne voulait surtout pas prendre part au conflit a refusé que l’on le mette sur un terrain communal. Un terrain d’entente fut trouvé et le monument s’installa sur un terrain du Port autonome, en bord de mer en bas de l’avenue Bruat. L’architecte a créé autour de la sculpture un bassin d’eau, des douves, pour mieux protéger son œuvre.
Un concours a été lancé par Rodolphe Weimann pour trouver un nom à ce monument. Le nom « clé à molette » a fait l’unanimité, car l’oeuvre ressemble beaucoup à cet outil de mécanicien. Un nom prédestiné car il a déjà été déboulonné deux fois.
Implanté initialement en bord de lagon au bas de l’Avenue Bruat, il a été déplacé, soit disant provisoirement, une première fois en 2000, place Tarahoi, lors de l’édification de la place Jacques Chirac. Chirac évinçant De Gaulle, tout un symbole !
Il a séjourné une quinzaine d’années devant la résidence du Haussaire avant d’être, en mai dernier, de nouveau déboulonné pour revenir avenue Bruat, désormais avenue Pouvana’a a Opa, entre les deux bâtiments du haut Commissariat. Mais ce monument qui brillait par sa sobriété a été alourdi par de grosses et horribles ailes noires, lui donnant un air de monument aux morts.
La clé à molette déboulonnée
Après le célèbre appel du Général de Gaulle le 18 Juin 1940 à Londres, Tahiti fut la première colonie française à se rallier à la France Libre. En souvenir de ce grand homme, l’État français décide en 1973 de lancer un concours pour l’élaboration d’un monument commémoratif. C’est le projet, très contemporain, de l’architecte Rodolphe Weinmann, secondé du décorateur René Dessirier et de l’artisan sculpteur Nino Picolini, qui est retenu. Le monument proposé est formé de deux blocs sensés représenter deux proues de pirogues polynésiennes, volontairement décalés et ouverts sur un vide formant une croix de Lorraine. La croix de Lorraine, symbole de la France libre est également le symbole de ce grand général et ancien président de la république française. Le décalage des deux blocs symbolise, d’après l’architecte, la carrière de De Gaulle toujours à la croisée de mouvants s’opposants, mais qu’il réussit à chaque fois à réunir.
Une œuvre qui brille par sa simplicité mais qui a été difficile de faire accepter car les anciens de la Marine qui souhaitaient y rajouter une ancre et ceux de l’aviation, une hélice.
Mais où l’installer ? A cette époque les indépendantistes voyaient d’un très mauvais œil ce monument à la gloire du Général et le maire de Papeete qui ne voulait surtout pas prendre part au conflit a refusé que l’on le mette sur un terrain communal. Un terrain d’entente fut trouvé et le monument s’installa sur un terrain du Port autonome, en bord de mer en bas de l’avenue Bruat. L’architecte a créé autour de la sculpture un bassin d’eau, des douves, pour mieux protéger son œuvre.
Un concours a été lancé par Rodolphe Weimann pour trouver un nom à ce monument. Le nom « clé à molette » a fait l’unanimité, car l’oeuvre ressemble beaucoup à cet outil de mécanicien. Un nom prédestiné car il a déjà été déboulonné deux fois.
Implanté initialement en bord de lagon au bas de l’Avenue Bruat, il a été déplacé, soit disant provisoirement, une première fois en 2000, place Tarahoi, lors de l’édification de la place Jacques Chirac. Chirac évinçant De Gaulle, tout un symbole !
Il a séjourné une quinzaine d’années devant la résidence du Haussaire avant d’être, en mai dernier, de nouveau déboulonné pour revenir avenue Bruat, désormais avenue Pouvana’a a Opa, entre les deux bâtiments du haut Commissariat. Mais ce monument qui brillait par sa sobriété a été alourdi par de grosses et horribles ailes noires, lui donnant un air de monument aux morts.
Un monument aux morts, bien vivant
C’est le monument édifié en hommage aux soldats polynésiens décédés au combat qui a le plus bougé. Si l’on tient compte de la remarque de notre historien, ce serait donc le monument le plus vivant, ce qui est quelque peu paradoxal pour un monument aux morts.
Un premier monument commémoratif aux poilus tahitiens morts lors de la bataille du Chemin des Dames le 25 octobre 1918 avait été édifié à la fin de la guerre parc de la mutualité à Papeete. « Un bloc de ciment armé quelconque, une horreur» disait-on.
Pour remédier à cela, le gouverneur Jocelyn Robert s’empressait d’inaugurer le 14 juillet 1923 un nouveau monument à la mémoire des enfants morts pour la France au cours de la guerre 1914-18. Une œuvre du sculpteur Galy, qui comportait cette fois tous les emblèmes représentatifs de la nation française et du patriotisme : la jeune fille qui offre un bouquet au soldat, les couronnes de fleurs, le rameau d’olivier, le casque et surtout tout en haut… le coq gaulois. Le monument est implanté au beau milieu de l'avenue Bruat à hauteur de la rue Neuve (actuelle rue des Poilus tahitiens), face à la mer.
En 1956, le trafic routier devenant trop important, le monument est déplacé sur le bas-côté de l'avenue Bruat du côté du haut-commissariat, face à l’Ouest. Il regroupe désormais les morts pour la France lors de la guerre 1939-1945.
Enfin, en 2001, il change de trottoir et s’établit devant le bâtiment du Conseil Economique Social et Culturel, face à l’Est, et rend désormais hommage aux soldats polynésiens décédés au combat lors des deux guerres mondiales ainsi que durant les guerres de Corée, Madagascar, Indochine et d’Afrique du nord.
C’est le monument édifié en hommage aux soldats polynésiens décédés au combat qui a le plus bougé. Si l’on tient compte de la remarque de notre historien, ce serait donc le monument le plus vivant, ce qui est quelque peu paradoxal pour un monument aux morts.
Un premier monument commémoratif aux poilus tahitiens morts lors de la bataille du Chemin des Dames le 25 octobre 1918 avait été édifié à la fin de la guerre parc de la mutualité à Papeete. « Un bloc de ciment armé quelconque, une horreur» disait-on.
Pour remédier à cela, le gouverneur Jocelyn Robert s’empressait d’inaugurer le 14 juillet 1923 un nouveau monument à la mémoire des enfants morts pour la France au cours de la guerre 1914-18. Une œuvre du sculpteur Galy, qui comportait cette fois tous les emblèmes représentatifs de la nation française et du patriotisme : la jeune fille qui offre un bouquet au soldat, les couronnes de fleurs, le rameau d’olivier, le casque et surtout tout en haut… le coq gaulois. Le monument est implanté au beau milieu de l'avenue Bruat à hauteur de la rue Neuve (actuelle rue des Poilus tahitiens), face à la mer.
En 1956, le trafic routier devenant trop important, le monument est déplacé sur le bas-côté de l'avenue Bruat du côté du haut-commissariat, face à l’Ouest. Il regroupe désormais les morts pour la France lors de la guerre 1939-1945.
Enfin, en 2001, il change de trottoir et s’établit devant le bâtiment du Conseil Economique Social et Culturel, face à l’Est, et rend désormais hommage aux soldats polynésiens décédés au combat lors des deux guerres mondiales ainsi que durant les guerres de Corée, Madagascar, Indochine et d’Afrique du nord.
L’Autonomie bascule de l’Est à l’ouest de Papeete
Au beau milieu du carrefour du pont de l’Est, rebaptisé « Place de l’autonomie » à Papeete, se dressait depuis plusieurs années une pierre symbolisant l’Autonomie.
Début juin 2006, Pierre Bonno de la mairie de Papeete, au prénom prédestiné, est chargé de trouver une pierre de belle taille. L’homme à l’œil, mais surtout le nez fin, car sous la broussaille envahissante de la vallée de Tipaerui, son regard est rapidement arrêté par un petit rocher. Cette forme triangulaire visible cache un iceberg. Bingo ! Une belle bête de 8 tonnes, digne de devenir une stèle. Le vendredi soir suivant, la pierre est scellée au milieu du carrefour du Pont de l’Est.
Quelques jours plus tard, le 29 juin 2006 à l’occasion de la Fête de l’autonomie, la pierre badigeonnée de monoï, est officiellement dévoilée par Michel Buillard, le maire de Papeete en présence de nombreux élus de partis autonomistes.
Un an plus tard, jour pour jour, le 29 juin 2007, la pierre se couvre des lettres « 29 juin » et deux petits drapeaux, celui de la Polynésie et un autre tricolore qui se voulait être le drapeau français, mais dont les couleurs étaient inversées Rouge, Blanc, Bleu (photo). Sacrilège ! Le bleu du drapeau français aurait du être près de la hampe. Quelques semaines après, l’erreur est réparée, mais en septembre 2007, les petits drapeaux sont arrachés par des collectionneurs.
Sept ans plus tard, en 2014, une nouvelle grosse pierre bien banale est dressée à l’ouest de Papeete dans les jardins de Paofai, en guise de stèle de l’Autonomie, alors que l’on s’attendait à une belle sculpture de nos artistes locaux.
Deux stèles de l’autonomie dans la même ville c’était trop. Quelques semaines plus tard à l’autre extrémité de Papeete, la pierre du Pont de l’Est est déshabillée de ses drapeaux et inscriptions. Elle trône désormais nue et anonyme au milieu du rond point.
La semaine prochaine : Des trous, des petits trous à Moorea.
Retrouvez d’autres histoires sur Tahiti Heritage www.tahitiheritage.pf
Au beau milieu du carrefour du pont de l’Est, rebaptisé « Place de l’autonomie » à Papeete, se dressait depuis plusieurs années une pierre symbolisant l’Autonomie.
Début juin 2006, Pierre Bonno de la mairie de Papeete, au prénom prédestiné, est chargé de trouver une pierre de belle taille. L’homme à l’œil, mais surtout le nez fin, car sous la broussaille envahissante de la vallée de Tipaerui, son regard est rapidement arrêté par un petit rocher. Cette forme triangulaire visible cache un iceberg. Bingo ! Une belle bête de 8 tonnes, digne de devenir une stèle. Le vendredi soir suivant, la pierre est scellée au milieu du carrefour du Pont de l’Est.
Quelques jours plus tard, le 29 juin 2006 à l’occasion de la Fête de l’autonomie, la pierre badigeonnée de monoï, est officiellement dévoilée par Michel Buillard, le maire de Papeete en présence de nombreux élus de partis autonomistes.
Un an plus tard, jour pour jour, le 29 juin 2007, la pierre se couvre des lettres « 29 juin » et deux petits drapeaux, celui de la Polynésie et un autre tricolore qui se voulait être le drapeau français, mais dont les couleurs étaient inversées Rouge, Blanc, Bleu (photo). Sacrilège ! Le bleu du drapeau français aurait du être près de la hampe. Quelques semaines après, l’erreur est réparée, mais en septembre 2007, les petits drapeaux sont arrachés par des collectionneurs.
Sept ans plus tard, en 2014, une nouvelle grosse pierre bien banale est dressée à l’ouest de Papeete dans les jardins de Paofai, en guise de stèle de l’Autonomie, alors que l’on s’attendait à une belle sculpture de nos artistes locaux.
Deux stèles de l’autonomie dans la même ville c’était trop. Quelques semaines plus tard à l’autre extrémité de Papeete, la pierre du Pont de l’Est est déshabillée de ses drapeaux et inscriptions. Elle trône désormais nue et anonyme au milieu du rond point.
La semaine prochaine : Des trous, des petits trous à Moorea.
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