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Mama’o Green : les produits de la débrouille, au Marché du terroir


Les Mama'o Green seront samedi au Marché du terroir de Mama'o pour vendre leurs productions (ici avec leur formateur, Sylvain Todesco).
Les Mama'o Green seront samedi au Marché du terroir de Mama'o pour vendre leurs productions (ici avec leur formateur, Sylvain Todesco).
PAPEETE, 16 décembre 2015 – Quatorze demandeurs d’emploi du quartier Mama’o Aivi participent pendant un an à une formation pratique qui mêle cuisine, jardinage, menuiserie et vente, dans le cadre du projet d’insertion "Je cultive mon avenir" conduit par la municipalité en collaboration avec le contrat de ville et le Pays.

"On leur apprend le système D", commente le formateur Sylvain Todesco, avec la chaleur de son accent. Devant lui, la vingtaine d’officiels venue mercredi matin à la mairie de Papeete pour voir les premières réalisations du groupe des Mama’o Green. Ces 14 demandeurs d’emploi, âgés de 21 à 54 ans, sont depuis le 1er octobre dernier employés en stage d’insertion, recrutés sous le statut d’un Contrat d’accès à l’emploi (CAE), dans la cadre du projet "Je cultive mon avenir" conduit par l’association Te mau a’a no Mamao, avec les associations de quartier Te Ui api no Mamao et Taurea Aito no Mamao.

Au fond de la salle annexe des mariages de l’hôtel de ville, sur une vaste table de présentation est exposé le fruit de leur travail : des confitures, pâtes de fruit, sirops, plantes aromatiques et jardinières de leur réalisation. Leur formation s’organise autour des quelques 1100 m2 de parcelles en terrasses des jardins partagés de Mama’o Aivi, l’un des quartiers très défavorisé perchés au-dessus de l’ancien hôpital territorial.

"Le système D, c’est quoi ?", questionne Sylvain Todesco. "La débrouille !", répondent en chœur les quatorze stagiaires. La débrouille, pour les Mama’o Green, ça a été d’apprendre à réaliser des produits commercialisables avec les moyens du bord : des jardinières conçues à partir de palettes de récupération ; des confitures et des pâtes de fruit pour valoriser leurs cueillettes de saison ; des herbes aromatiques cultivées dans le jardin collectif et Mama’o Aivi. De quoi assurer un revenu complémentaire et très appréciable.

Samedi au Marché du terroir de Mama’o

Leur terrain d’action Un concept qui mêle la théorie et la pratique. Et notamment, la commercialisation pour transformer leur production en recettes financières. Les Mama’o Green participent d’ailleurs samedi 19 décembre au Marché du terroir, organisé sur le parking de l'ancien hôpital Mama’o de 6 heures à 18 heures.

Sur le principe, cette action d’insertion est menée depuis 2011, depuis l’instauration du jardin partagé de Mama’o Aivi. Elle est conduite par la municipalité sur la base d’un partenariat avec le tissu associatif local, le contrat de ville et le Service pour l’emploi, la formation et l’insertion (Séfi). Le projet actuellement en cours (978 000 Fcfp jusqu’en octobre 2016) est cofinancé par le contrat de ville (60 %) et la mairie de Papeete (40 %), outre l’aide offerte par le Pays pour les quatorze CAE.

"Mon optique, c’est de pouvoir les amener sur le marché de Mama’o, avec nos réalisations et de les mettre en situation de vente. Tout ce qu’on fabrique, on essaie toujours de le faire avec pas grand-chose : les sirops avec les restes de fruit, les jardinières avec des palettes de récupération… C’est le principe de la récup", explique Sylvain Todesco. "L’idée c’est qu’ils apprennent à se débrouiller : à faire de l’argent sans argent".

Voir aussi la page Facebook des Mamao Green : ICI

Rivè Pihaatae : l’as de la vente

La stagiaire de 23 ans a vendu 50 pots de confiture lors du dernier Marché du terroir, en novembre. Elle s’est découvert une compétence qu’elle ignorait.

Que comptes-tu faire à partir des connaissances apprises lors de ce stage ?

Je pourrai faire tout ça à la maison : planter mes propres fruits et légumes. J’ai appris à faire de la confiture…

Penses-tu que cette activité te permettra d’avoir des revenus supplémentaires ?

Ah, oui. Beaucoup. Le samedi du marché du terroir du mois dernier, j’ai beaucoup vendu. (…) Je ne savais pas que je pouvais être bonne dans la vente. J’ai découvert. Tout ce qui compte, c’est le baratin (rires).

Le "petit stand" de Christian

A 21 ans, cet enfant d’adoption de Mama’o Aivi envisage de prendre patente à l’issue de sa formation, pour travailler à son compte.

As-tu l’impression d’avoir beaucoup appris après quelques semaines de formation ?

Oui. Surtout dans la fabrication de confiture. C’est la première fois que je fais cela. Peut-être que ça va m’aider plus tard, pas pour une grande entreprise mais une petite… un petit stand.

Sans emploi aujourd’hui, tu vois là une source de revenus ?

J’avais pensé qu’à l’issue de mon CAE je pourrais commencer par fabriquer chez moi des jardinières pour les vendre à l’extérieur. Il me faudra faire une patente, d’abord.

Es-tu content d’avoir appris tout cela ?

Je suis très content.

La photo de groupe des personnes impliquées dans le projet "Je cultive mon avenir", dont les quatorze stagiaires du groupe Mama’o green.
La photo de groupe des personnes impliquées dans le projet "Je cultive mon avenir", dont les quatorze stagiaires du groupe Mama’o green.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 16 Décembre 2015 à 13:54 | Lu 1184 fois