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Malaise social sur fond de crise économique en Polynésie

PAPEETE, 23 avril 2010 (AFP) - La Polynésie française s'enfonce dans une grave crise économique, avec menace de déficit alourdi, qui suscite une inquiétude sociale sur fond d'instabilité politique toujours non résolue.


Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française ( photo d'archive)
Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française ( photo d'archive)
Ce vaste territoire de l'Outre-mer français pourrait connaître un déficit de deux milliards de francs Pacifiques (16,7 millions d'euros) à la fin de l'année, selon son président Gaston Tong Sang.

L'un des principaux syndicats a annoncé une manifestation le 1er mai, et demande la démission de toute la classe politique.

Standards & Poors a baissé la note de la Polynésie française: BBB-, au lieu de BBB+ auparavant. L'agence de notation estime que l'instabilité politique met en péril la situation budgétaire de cette collectivité. Douze gouvernements s'y sont succédé depuis 2004, et l'actuel président ne dispose pas de majorité à l'assemblée.

"Si les recettes continuent à baisser, il faut s'attendre à une baisse totale, en fin d'année, de 2 milliards" (16,7 millions d'euros), a déclaré à l'AFP le président Tong Sang. "Je vous assure que les salaires des fonctionnaires seront assurés ce mois-ci et les mois prochains", a-t-il cependant ajouté.

Le président compte "réduire le déficit en baissant les dépenses publiques". Un effort avait déjà été demandé aux services administratifs de la Polynésie en 2009.

Des inspecteurs généraux devaient arriver ce week-end de métropole pour analyser les comptes de cette collectivité d'outre-mer et de ses satellites, a également annoncé le président Tong Sang.

"Nous demandons la dissolution de l'assemblée, la démission de tous les membres de l'assemblée ainsi que de leurs colistiers, la démission du gouvernement. On leur donne un mois", a averti Jean-Marie Yan Tu, secrétaire général d'A Tia I Mua, le deuxième syndicat représentatif en Polynésie. "Si on ne peut refaire les élections sans blocage des institutions, eh bien nous allons les bloquer".

Les patrons aussi attribuent la responsabilité de la crise économique locale à l'instabilité politique. "Les acteurs économiques changent d'interlocuteurs sans arrêt: on sait avec qui on commence un dossier, on ne sait jamais avec qui on va le finir, et parfois même, il arrive que les dossiers ne commencent pas", a relevé Christophe Plée, président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises.

Tous les pans de l'économie sont frappés par la crise, en particulier le bâtiment et l'hôtellerie-restauration, deux des principaux secteurs pourvoyeurs d'emplois.

La Polynésie (quelque 250.000 habitants répartis sur 5 archipels), compte 9.255 demandeurs d'emploi, selon le ministère du Travail. Mais cette collectivité ne dispose pas de caisse de chômage, et ce chiffre serait bien plus élevé, car beaucoup ne se déclarent pas.

Et depuis deux ans, les emplois détruits sont plus nombreux que les emplois créés, alors que 3.000 jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année.

ML/cgd/jmg

Rédigé par Par Mike LEYRAL le Vendredi 23 Avril 2010 à 06:16 | Lu 928 fois