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Main tendue du gouvernement en vue du budget: les oppositions dubitatives


Crédit Ludovic MARIN / AFP
Crédit Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 04/09/2022 - Les oppositions ont dit leurs réticences dimanche face à la proposition du gouvernement de venir discuter en amont du projet de budget pour 2023, LR comme RN et LFI prévenant qu'ils ne le voteraient pas, quoi qu'il en soit.

"Nous invitons l'ensemble de la représentation nationale à travailler sur le budget 2023 avant même qu’il ne soit finalisé. Ces Dialogues de Bercy seront proposés à tous les parlementaires des commissions des Finances de l’Assemblée et du Sénat, majorité comme opposition", a déclaré le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal dans Le Parisien. 

Le ministre entend dans ces discussions présenter ses "pistes" et "arbitrages en cours", et échanger sur les "propositions en anticipation du débat parlementaire" de l'automne, conformément à la nouvelle méthode du gouvernement de recherche de compromis.

Faute de majorité absolue pour les macronistes, une intention de vote contre le budget de la part des oppositions "laisserait peu d'autres choix que l'utilisation du 49-3" pour faire adopter le texte sans vote, prévient M. Attal. La Première ministre Élisabeth Borne n'a pas, elle aussi, exclu le recours à cette arme constitutionnelle cette semaine.

Pas la "béquille"

Lancés dans leur campagne interne pour la présidence de leur parti, Les Républicains réunis à Angers ont d'emblée assuré qu'ils ne voteraient pas ce budget. "Que cette majorité se débrouille, nous ne serons pas sa béquille", a affirmé le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, prétendant à la tête du parti.

Il a promis que les élus LR exerceraient leur droit d'amendement "sans discussions, sans coopération, sans confusion" car "nous sommes dans l'opposition".

"Il n'est pas question, par des artifices politiciens, de rentrer dans un petit jeu de négociations", a aussi fait valoir le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, autre candidat déclaré.

Le patron des députés LR Olivier Marleix a cependant souligné que son groupe "s'efforcera(it) d'être toujours la boussole qui indique l'intérêt national".

Même fin de non-recevoir du côté de l'extrême droite. "Je n'irai pas à Bercy dialoguer avec Gabriel Attal", a tranché sur BFMTV le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, en fustigeant dans ce dialogue ou le Conseil national de la refondation, des "lieux de discussion, des agoras alternatives" à l'Assemblée nationale.

Il a aussi indiqué que le groupe des députés RN "ne voterait pas le budget", sans dire s'il voterait contre ou s'abstiendrait, car "on commence à (...) connaître" la "brutalité et la dureté" du projet d'Emmanuel Macron.

Et en cas d'utilisation du 49-3, "probablement, nous déposerons une motion de censure", a-t-il averti.

Opération de "communication"

De son côté, la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot n'a pas dit "non immédiatement" à la proposition du ministre. Mais "c'est à eux de céder sur des choses" car "nos propositions sont connues (et) nous les porterons dans l'enceinte démocratique", a-t-elle prévenu sur France 3, en citant l'augmentation des salaires, la taxation des "superprofits" et encore le blocage des prix, qui seront inscrits dans une proposition de "contre-budget".

"On va essayer de faire passer des choses" au Parlement mais "je pense que nous voterons contre ce budget", a-t-elle affirmé.

Le président de la commission des Finances de l'Assemblée Éric Coquerel (LFI) a fait également part de ses réserves au Huffington Post: "Je suis pour discuter au sein de (l'alliance de gauche) Nupes" de la proposition de M. Attal "car il ne faut pas que cela serve uniquement à la communication du gouvernement". 

"Pour l’instant, j’ai surtout l’impression (...) qu’il est dans une recherche de majorité anticipée avec les Républicains", a-t-il ajouté.

Quant à Olivier Faure, numéro un du PS, il n'a pas été totalement catégorique: "je n'ai jamais refusé aucune main tendue quand elle est réellement tendue", a-t-il déclaré à France inter-Franceinfo-Le Monde.

"Si un budget de gauche demain est proposé, pourquoi je voterais contre ?", a-t-il questionné, tout en doutant de l'hypothèse.

le Lundi 5 Septembre 2022 à 05:41 | Lu 194 fois