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Maiao : les producteurs de pandanus lancent « un appel à l'aide »


PAPEETE, le 22 février 2015. Les habitants de Maiao s'inquiètent de la baisse des ventes de pandanus. Certains dénoncent les prix pratiqués par les revendeurs. « Nous n'arrivons même plus à subvenir à nos besoins », s'inquiète un producteur de pandanus. Le maire délégué de Maiao Henri Brothers a interpellé le tavana de Moorea.


« J'écris pour un appel à l'aide. Je suis de Maiao et j'écris au nom de tous les Maiaoiens. Nous traversons une phase très difficile, une grande crise économique »,
a écrit vendredi soir un habitant de Maiao sous le pseudonyme de Jessica Huveke sur sa page Facebook. « Notre seul revenu de tous les jours, le pandanus, ne marche plus depuis un an. Nous n'arrivons même plus à subvenir à nos besoins comprenons le strict nécessaire. J'adresse ce message à tous ceux qui connaissent un acheteur potentiel pour le pandanus de Maiao ». En à peine 12 heures, cet appel avait déjà été partagé plus de 300 fois sur les réseaux sociaux samedi matin.

La filière du pandanus offre du travail à des centaines de personnes dans les îles telles que Moorea, Maiao et Bora Bora. Depuis de nombreuses années, les artisans dénoncent l'arrivée du Palmex, pandanus artificiel fabriqué au Canada et doté d’une durée de vie trois à quatre fois supérieure.
Il y a un peu plus de cinq ans, la commune de Bora Bora décidait pour maintenir sa production de pandanus d'interdire l’utilisation de Palmex sur l’île. Les permis de construire des hôtels sont ainsi délivrés avec la condition stricte de respect de l’utilisation de pandanus naturel, confectionné à Bora Bora.

La commune de Moorea a, elle, inscrit dans son Plan général d’aménagement que « l'emploi du pandanus, du niau ou de la tuile de bois massive est obligatoire pour le revêtement des toitures des bâtiments à usage du public ou les logements des employés » des hôtels.

Ces mesures ne suffisent pas selon les producteurs de pandanus. « Depuis un an, il n'y a plus de grossistes qui viennent chercher du pandanus à Maiao. Les habitants vivent actuellement que du coprah. Il n'y a plus de revenus par rapport à avant où ils avaient chaque semaine un grossiste qu venait chercher du pandanus »,  explique Raureva, dont une partie de la famille exploite le pandanus à Maiao.
Certains dénoncent les prix pratiqués par les revendeurs. «Quand tu achètes le pandanus à l'artisan à Maiao ça revient à 3200 Ffp le paquet de pandanus, le fret maritime inclus », constate une habitante de Moorea. Le petit artisan vend à 2500 Fcfp. Quand ça arrive sur Moorea et que les revendeurs s'adressent aux particuliers ou aux professionnels, ils revendent au triple. C'est ce qui fait que cette matière est devenue inaccessible. »
Les producteurs de pandanus sont réellement inquiets. Le maire délégué de l'île Henri Brothers a exposé le problème en conseil municipal à Moorea il y a près de deux semaines. Il a demandé au tavana Evans Haumani de se rapprocher du Pays pour essayer d'interdire la commercialisation du Palmex ou de privilégier l'achat de pandanus. Le maire a assuré qu'il ferait tout son possible pour trouver une solution. Il devrait ainsi rencontrer dans les prochains jours les revendeurs pour essayer de « fixer un tarif de revente convenable » du paquet de pandanus.

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 23 Février 2015 à 05:34 | Lu 3498 fois