Tahiti, le 18 mars 2021 - Mahealani Amaru poursuit sa formation artistique en métropole, à l’École nationale de théâtre de Limoges. Ouverte, curieuse, bienveillante, elle se nourrit des autres et de ses expériences pour se construire et concrétiser ses objectifs.
Mahealani Amaru est une jeune femme douce, décidée, motivée, persévérante. Elle vit en France poursuivant une formation artistique à Limoges, à l’École nationale de théâtre.
Elle s’y sent "comme de passage, ni bien ni mal, j'ai juste l'impression que je suis là parce que je dois y être pour ma formation".
Comme de nombreuses petites filles polynésiennes, elle a démarré la danse tôt. Elle avait 7 ans et voulait monter sur scène. "Ma grand-mère m’avait demandé de choisir une activité culturelle", raconte-t-elle.
"Tous les mercredis et les vendredis après-midi, je prenais des cours de danse." Ces cours l’ont passionnée de plus en plus au fur et à mesure qu’elle grandissait. "Écouter des mélodies traditionnelles, les percussions avec les enseignants et amis de mon cours est devenu indispensable."
Elle a pris des cours à l’antenne du Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) de Pirae. Elle a passé une à une les étapes, validé ses cycles d’études jusqu’à obtenir son diplôme d'études traditionnelles en 2018.
Après douze années d’efforts, elle a été récompensée d’une médaille d’or. En parallèle, elle a suivi des cours de culture générale sur la Polynésie et étudié le ‘ōrero. Elle maîtrisait la langue tahitienne, elle l'avait étudié avec sa grand-mère dans le cadre du ha’api’ira’a tāpati, l’école du dimanche.
Travailler dans le monde de la culture
"Une enseignante a dit un jour : ‘Surtout faites un métier qui vous passionne si vous voulez être heureux’. Je tiens à travailler dans le milieu culturel."
Après son baccalauréat, elle envisageait au départ un cursus en section littérature, langue et civilisation étrangères et régionales à l’Université de la Polynésie française. Finalement, la voici en Métropole. Elle n’a pas changé d’objectif, mais elle a saisi une occasion et changé de chemin pour l’atteindre.
Elle a découvert ce chemin par hasard. Grâce au bouche à oreille au conservatoire, elle a entendu parler du concours de théâtre pour l’outre-mer organisé par l’académie de l’Union (voir encadré). Celle qui n’a jamais pris de cours de théâtre classique – elle considère le ‘ōrero et la danse comme le théâtre polynésien – s’est dit "pourquoi pas ?"
Elle a été séduite par le contexte, les conditions financières et administratives et la possibilité de rencontre d’autres lauréats ultramarins : "C'est toujours gratifiant, humainement, de se nourrir des autres cultures, sans oublier la sienne. Parfois, cela peut être dur quand il y a conflits. Toutefois, il y a toujours un terrain d'entente et, de nos jours, nous avons de la chance que la communication puisse prendre sa place, en tout cas plus que dans les temps passés."
Autour d’elle, ses enseignants lui ont ouvert les yeux sur les opportunités qu’une telle formation pouvait représenter. Elle a passé le concours en mai 2018.
En juin, elle apprenait son admissibilité. Elle a intégré l’école préparatoire. À l’issue de cette année préparatoire et après avoir passé un concours, elle a intégré l’École nationale de théâtre à Limoges.
À propos de ces deux années de formation, elle dissocie bien l’année de classe préparation intégrée dédiée aux outremers à celle dans laquelle elle se trouve actuellement pour obtenir le diplôme nationale supérieur professionnel de comédien (DNSPC).
La raison est la suivante : "La classe préparatoire, par expérience, n'a pas la même richesse culturelle que celle dans laquelle je suis. Ensuite, je dois dire que je n'avais pas d'attentes sur la formation ou sur la Métropole. Tout ce que je voulais, c'était apporter une fierté pour ma famille et mon pays dans un domaine "non-exploré" dans lequel j'ai eu plus de révélations qu'autre chose."
Elle a beaucoup voyagé lorsqu’elle était en classe préparatoire. Elle est allée à Montpellier, Strasbourg, Paris, Lyon, Bordeaux espérant être retenue dans une école. Elle s’est également rendue au Mexique, mais dans un cadre extérieur à l'école. "C'était pour partager ma culture à travers le 'ori tahiti et le 'orero."
En tant qu’élève comédienne, elle a eu l'occasion de travailler avec des professionnelles dans le cadre de ses études, mais aussi à l'extérieur de l'école. Elle considère par ailleurs la danse tahitienne comme une activité quotidienne professionnelle.
Pourquoi ce parcours ? "Tout simplement parce que c'est le chemin par lequel je suis obligé de passer pour pouvoir en premier lieu obtenir un diplôme de comédienne professionnel, et ensuite mettre en avant ma culture, la protéger et la préserver. J'inverserai même l'ordre des objectifs."
Les outremers sont une force
Au sein de sa formation, elle apprend des techniques de jeux, de mouvements du corps dans l'espace, des techniques de mise en scène, des lâcher-prises sur scène.
Elle s’est par ailleurs rendu compte que "les outre-mers sont une force culturelle puissante pour la Métropole et que nous n'imaginons pas réellement à quel point nous avons besoin de prendre la parole, mais comment ?", s’interroge-t-elle.
Cette école lui offre, comme attendu, de nombreuses opportunités : "Une large ouverture sur le monde extérieur à notre île, un rapprochement à celle-ci" et des pistes vers différents métiers : Comédien pour des compagnies de théâtres, acteur de cinéma, voix d'acteur pour les doublages de films ou dessin animés, etc.
Elle a eu l’occasion de jouer au théâtre du Châtelet dans le cadre d’une captation pour France Ô, en juillet 2020. Il s’agissait d’une pièce intitulée Au nom de toutes de Danielle Gabou dénonçant les violences conjugales. Mahealani Amaru y incarnait une femme auto-entrepreneuse ayant subit des violences psychologiques et physiques. Elle jouait en reo tahiti !
En ce moment, Mahealani se sentloin de sa culture, "parce que je ne suis pas dans mon environnement naturel". Toutefois, il lui semble que l’éloignement matérialisé la rapproche encore plus de sa culture.
"Parfois même, avec la formation théâtrale que j'ai obtenue, j'arrive à me rendre compte qu'il y a bien des choses à creuser dans notre culture (autre que le 'ori tahiti) et que la "vivre" est signe de ne pas la perdre, tout simplement. Je dirai même que c'est grâce à elle que j'arrive à tenir les jours et les nuits ici en Métropole."
Le théâtre endurcit les liens tissés avec la culture et avec les autres cultures. "Avec lui, malgré les différents et les clichés multiples que nous pouvons avoir sur les autres cultures, j'ai de la chance de pouvoir garder un état d'esprit ouvert et curieux dans la bienveillance."
Mahealani Amaru est une jeune femme douce, décidée, motivée, persévérante. Elle vit en France poursuivant une formation artistique à Limoges, à l’École nationale de théâtre.
Elle s’y sent "comme de passage, ni bien ni mal, j'ai juste l'impression que je suis là parce que je dois y être pour ma formation".
Comme de nombreuses petites filles polynésiennes, elle a démarré la danse tôt. Elle avait 7 ans et voulait monter sur scène. "Ma grand-mère m’avait demandé de choisir une activité culturelle", raconte-t-elle.
"Tous les mercredis et les vendredis après-midi, je prenais des cours de danse." Ces cours l’ont passionnée de plus en plus au fur et à mesure qu’elle grandissait. "Écouter des mélodies traditionnelles, les percussions avec les enseignants et amis de mon cours est devenu indispensable."
Elle a pris des cours à l’antenne du Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) de Pirae. Elle a passé une à une les étapes, validé ses cycles d’études jusqu’à obtenir son diplôme d'études traditionnelles en 2018.
Après douze années d’efforts, elle a été récompensée d’une médaille d’or. En parallèle, elle a suivi des cours de culture générale sur la Polynésie et étudié le ‘ōrero. Elle maîtrisait la langue tahitienne, elle l'avait étudié avec sa grand-mère dans le cadre du ha’api’ira’a tāpati, l’école du dimanche.
Travailler dans le monde de la culture
"Une enseignante a dit un jour : ‘Surtout faites un métier qui vous passionne si vous voulez être heureux’. Je tiens à travailler dans le milieu culturel."
Après son baccalauréat, elle envisageait au départ un cursus en section littérature, langue et civilisation étrangères et régionales à l’Université de la Polynésie française. Finalement, la voici en Métropole. Elle n’a pas changé d’objectif, mais elle a saisi une occasion et changé de chemin pour l’atteindre.
Elle a découvert ce chemin par hasard. Grâce au bouche à oreille au conservatoire, elle a entendu parler du concours de théâtre pour l’outre-mer organisé par l’académie de l’Union (voir encadré). Celle qui n’a jamais pris de cours de théâtre classique – elle considère le ‘ōrero et la danse comme le théâtre polynésien – s’est dit "pourquoi pas ?"
Elle a été séduite par le contexte, les conditions financières et administratives et la possibilité de rencontre d’autres lauréats ultramarins : "C'est toujours gratifiant, humainement, de se nourrir des autres cultures, sans oublier la sienne. Parfois, cela peut être dur quand il y a conflits. Toutefois, il y a toujours un terrain d'entente et, de nos jours, nous avons de la chance que la communication puisse prendre sa place, en tout cas plus que dans les temps passés."
Autour d’elle, ses enseignants lui ont ouvert les yeux sur les opportunités qu’une telle formation pouvait représenter. Elle a passé le concours en mai 2018.
En juin, elle apprenait son admissibilité. Elle a intégré l’école préparatoire. À l’issue de cette année préparatoire et après avoir passé un concours, elle a intégré l’École nationale de théâtre à Limoges.
À propos de ces deux années de formation, elle dissocie bien l’année de classe préparation intégrée dédiée aux outremers à celle dans laquelle elle se trouve actuellement pour obtenir le diplôme nationale supérieur professionnel de comédien (DNSPC).
La raison est la suivante : "La classe préparatoire, par expérience, n'a pas la même richesse culturelle que celle dans laquelle je suis. Ensuite, je dois dire que je n'avais pas d'attentes sur la formation ou sur la Métropole. Tout ce que je voulais, c'était apporter une fierté pour ma famille et mon pays dans un domaine "non-exploré" dans lequel j'ai eu plus de révélations qu'autre chose."
Elle a beaucoup voyagé lorsqu’elle était en classe préparatoire. Elle est allée à Montpellier, Strasbourg, Paris, Lyon, Bordeaux espérant être retenue dans une école. Elle s’est également rendue au Mexique, mais dans un cadre extérieur à l'école. "C'était pour partager ma culture à travers le 'ori tahiti et le 'orero."
En tant qu’élève comédienne, elle a eu l'occasion de travailler avec des professionnelles dans le cadre de ses études, mais aussi à l'extérieur de l'école. Elle considère par ailleurs la danse tahitienne comme une activité quotidienne professionnelle.
Pourquoi ce parcours ? "Tout simplement parce que c'est le chemin par lequel je suis obligé de passer pour pouvoir en premier lieu obtenir un diplôme de comédienne professionnel, et ensuite mettre en avant ma culture, la protéger et la préserver. J'inverserai même l'ordre des objectifs."
Les outremers sont une force
Au sein de sa formation, elle apprend des techniques de jeux, de mouvements du corps dans l'espace, des techniques de mise en scène, des lâcher-prises sur scène.
Elle s’est par ailleurs rendu compte que "les outre-mers sont une force culturelle puissante pour la Métropole et que nous n'imaginons pas réellement à quel point nous avons besoin de prendre la parole, mais comment ?", s’interroge-t-elle.
Cette école lui offre, comme attendu, de nombreuses opportunités : "Une large ouverture sur le monde extérieur à notre île, un rapprochement à celle-ci" et des pistes vers différents métiers : Comédien pour des compagnies de théâtres, acteur de cinéma, voix d'acteur pour les doublages de films ou dessin animés, etc.
Elle a eu l’occasion de jouer au théâtre du Châtelet dans le cadre d’une captation pour France Ô, en juillet 2020. Il s’agissait d’une pièce intitulée Au nom de toutes de Danielle Gabou dénonçant les violences conjugales. Mahealani Amaru y incarnait une femme auto-entrepreneuse ayant subit des violences psychologiques et physiques. Elle jouait en reo tahiti !
En ce moment, Mahealani se sentloin de sa culture, "parce que je ne suis pas dans mon environnement naturel". Toutefois, il lui semble que l’éloignement matérialisé la rapproche encore plus de sa culture.
"Parfois même, avec la formation théâtrale que j'ai obtenue, j'arrive à me rendre compte qu'il y a bien des choses à creuser dans notre culture (autre que le 'ori tahiti) et que la "vivre" est signe de ne pas la perdre, tout simplement. Je dirai même que c'est grâce à elle que j'arrive à tenir les jours et les nuits ici en Métropole."
Le théâtre endurcit les liens tissés avec la culture et avec les autres cultures. "Avec lui, malgré les différents et les clichés multiples que nous pouvons avoir sur les autres cultures, j'ai de la chance de pouvoir garder un état d'esprit ouvert et curieux dans la bienveillance."