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MSF renforce sa présence en Haïti face au chaos


Crédit Richard PIERRIN / AFP
Crédit Richard PIERRIN / AFP
Genève, Suisse | AFP | mercredi 05/03/2024 - Médecins Sans Frontières a annoncé mercredi renforcer sa présence dans la capitale haïtienne pour répondre à l'afflux de blessés dans le chaos et les violences qui embrasent Port-au-Prince.

L'ONG a dû rajouter une vingtaine de lits dans son hôpital à Tabarre pour atteindre une capacité de 75 lits, selon un communiqué.

"Nous recevons en moyenne cinq à dix nouveaux cas par jour, et nous travaillons aux limites de notre capacité", a expliqué Mumuza Muhindo Musubaho, chef de mission MSF sur place et cité dans le communiqué.

Face à la situation qui s'est rapidement détériorée ces derniers jours, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir mercredi une réunion en urgence.

Mardi, un chef de gang a assuré qu'une "guerre civile" sanglante aura lieu si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionne pas.

Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques du pays pauvre des Caraïbes: académie de police, aéroport et plusieurs prisons, d'où ont pu s'évader des milliers de détenus.

MSF veut mettre en place des structures de soins dans différentes zones de Port-au-Prince, car l'insécurité et les barrages routiers improvisés empêchent les ambulances d'acheminer les patients.

"Alors que plusieurs structures hospitalières sont à l'arrêt, MSF a rouvert son centre d'urgence dans le quartier de Turgeau deux semaines plus tôt que prévu afin d'étendre ses activités médicales et de réduire la pression sur ses installations existantes", souligne le communiqué. 

"MSF a ouvert aussi un nouvel hôpital chirurgical de 25 lits dans la commune de Carrefour le lundi 4 mars", précise t-il.

En revanche la situation s'est tellement dégradée que l'ONG s'est vue forcée de "suspendre temporairement ses cliniques mobiles dans plusieurs sites".

Elle met aussi l'accent tout particulièrement sur le risque d'augmentation des violences sexuelles. En 2023, elle a pris en charge plus de 4.000 survivantes d’agressions sexuelles, précise t-elle.

" Nous sommes aussi inquiets car l'accès à notre stock de matériel médical est extrêmement difficile, à cause non seulement de la situation au port mais aussi de l'impossibilité de poursuivre les démarches administratives de dédouanement", explique Mumuza Muhindo Musubaho, qui craint "une rupture de stock de nos médicaments et matériel médical".

Les groupes armés disent vouloir renverser le Premier ministre au pouvoir depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.

En réaction aux violences, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne de trois jours renouvelables jusqu'à mercredi inclus.

le Mercredi 6 Mars 2024 à 06:37 | Lu 602 fois