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Lutte contre la vie chère et TVA sociale : “Patience”


Tahiti, le 21 juin 2023 - Une fois sur cinq, le conseil des ministres se tiendra à tour de rôle dans chacune des 48 communes de Polynésie. C'est logiquement Faa'a qui a ouvert le bal mercredi. Les élus ont évoqué les sujets qui intéressent la commune : aéroport, compétences communales, aménagements routiers... En revanche, pas de grande annonce du conseil des ministres, notamment sur la lutte contre la vie chère. “Il faudra attendre un peu”, dit le président du Pays.  
 
“Un peu de patience”. C'est avec un petit sourire en coin que le président du Pays, Moetai Brotherson a répondu à la presse, ce mercredi, à la mairie de Faa'a, où se tenait le premier conseil des ministres décentralisé. Il faut dire que le gouvernement est attendu au tournant sur les mesures pour lutter contre la cherté de la vie. Mais toujours pas d'annonce forte. “Et donc ça vous étonne ? Vous auriez voulu que je vous annonce aujourd'hui que je divise tous les prix par deux ?”, a ironisé Moetai Brotherson, précisant avoir “été clair pendant la campagne".

En outre, lors de la séance programmée ce jeudi à Tarahoi pour examiner le compte administratif du Pays, des questions orales sont attendues sur ce sujet, et “il y aura des premiers éléments de réponse et une communication globale dans le cadre des 100 jours”, a-t-il ajouté. La séance de questions orales est toujours l'occasion, pour les élus de l'opposition, d'appuyer là où ça fait mal. C'est le jeu. Et le Tapura Huiraatira ne va évidemment pas s'en priver. Teura Iriti et Lana Tetuanui comptent ainsi interpeller le gouvernement sur la maîtrise du coût de la vie, comme sur la suppression programmée et annoncée de la TVA sociale, deux des thèmes phares de la campagne du Tavini aux territoriales.  

“En supprimant la TVA sociale, vous allez perdre une recette estimée à environ 8 à 9 milliards de Fcfp par an. Comment prévoyez-vous de combler cette perte ? Comment allez-vous financer les minimas sociaux et les dépenses de santé ? Par ailleurs, pourriez-vous indiquer votre stratégie pour réduire le coût de la vie, les mesures correspondantes, le calendrier et les équilibres financiers qui en résulteront ?” Autant de questions qui trouveront peut-être un début de réponse à l'assemblée. Mais “on n'est pas des magiciens”, a d’emblée objecté le président en notant que “sur les grandes annonces, il faut attendre un peu parce que quand vous arrivez au pouvoir, vous découvrez une situation, vous découvrez la réalité des chiffres".

De chiffres il en sera justement question avec l'examen du compte administratif 2022 qui affiche un résultat excédentaire de plus de 21 milliards de Fcfp. “Moins que ça”, a simplement corrigé le président du Pays qui préfère réserver ses explications pour la séance de l'assemblée. Les élus non-inscrits de A Here ia Porinetia n'ont pas prévu de poser de question orale. Mais ils ne manqueront pas de demander au gouvernement – comme ils l'ont fait en commission législative, la semaine dernière –, quelles sont les orientations et les mesures concrètes qu’il entend mettre en œuvre pour réduire le coût de la vie, notamment en utilisant une partie de ces fameux 21,4 milliards qui restent dans les caisses du pays. Rendez-vous est donc pris ce jeudi à Tarahoi.

Par ailleurs, au menu de ce conseil des ministres, des “dossiers assez classiques” et le texte de la ministre de la Fonction publique, du Travail et de l'Emploi, Vannina Crolas sur les CAE [Convention d'accès à l'emploi, NDLR] dont elle veut réserver l'octroi aux entreprises qui œuvrent dans le tourisme, le secteur primaire, les énergies renouvelables, le numérique et l'audiovisuel. L'idée étant de ne plus permettre aux communes de les utiliser “à des fins clientélistes”. Mais là encore, la réalité du terrain n'est pas si simple comme l'a expliqué le président du Pays, et il va falloir faire preuve de souplesse. “Il s'agit d'un cadre général qu'il faudra adapter à des situations particulières”, a-t-il relativisé en donnant un exemple concret : “Hier soir, je recevais les tāvana des Australes dont celui de Rimatara [Artigas Hatitio]. C'est une toute petite île avec 900 habitants où il n'y a pas d'entreprises.” Autrement dit, il faudra regarder le contexte et s'adapter en conséquence, particulièrement dans les petites îles. 

Stéphanie Delorme

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 21 Juin 2023 à 16:55 | Lu 3294 fois