Tahiti Infos

Louise : quel «internement» possible pour cette adolescente au CHPF du Taaone ?


Louise : quel «internement» possible pour cette adolescente au CHPF du Taaone ?
PAPEETE, mercredi 29 mai 2013. Le dénouement de l’affaire de la disparition du petit Dylan, 8 ans et de Louise, une adolescente de 14 ans, fugueuse avérée et recherchée durant deux jours pour enlèvement pose quelques interrogations. Dylan retrouvé lundi soir en parfaite santé à Taravao ne présente visiblement pas de traumatisme de cette échappée le temps d’un week-end entre Moorea samedi matin et la Presqu’île de Tahiti, lundi soir. Quant à Louise, l’adolescente a été arrêtée à Taravao ce mardi dans la matinée, mais n’a pas pu être véritablement entendue par les gendarmes. En effet, selon les dernières informations officielles de mardi 17 heures, «le médecin qui l'a auscultée au début de son audition sous le régime de la garde à vue a jugé qu'elle présentait une incompatibilité avec cette mesure. C'est ainsi que sous la conduite de ses parents elle a été dirigée vers le service de psychiatrie du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF du Taaone). Elle devrait ainsi pouvoir bénéficier d'un traitement médical adapté à son état». Les desseins de l'adolescente restent donc inconnus jusqu'ici et les suites judiciaires sont dans l'attente d'un vrai bilan psychiatrique à son sujet.

Le problème est qu’il n’existe aucune structure adaptée en Polynésie française pour le traitement psychiatrique des adolescents : la pédopsychiatrie s’arrête à 13 ans ; la psychiatrie adulte démarre au-delà de 16 ans. Les autorités en charge du traitement de l’affaire Louise l’ont appris incidemment quand il a fallu trouver une solution pour elle. L’adolescence, qui est potentiellement une période difficile, est le maillon faible de l’offre de soins psychiatriques du territoire. Officiellement, l’accueil psychiatrique pour les adolescents en Polynésie française a été créé l’an dernier, en 2012, après plus de dix ans de préparation. Plus de 150 adolescents sont aujourd’hui enregistrés dans la file active, mais il n’y a pas eu d’ouverture de lieu spécifique. Les services de pédopsychiatrie du territoire ont absorbé cette tâche sans obtenir de moyens financiers supplémentaires pour assumer cette nouvelle mission. Les soignants avaient d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme à ce propos il y a quelques semaines, en avril 2013, dénonçant l’absence de crédits supplémentaires face à ce qu’ils appellent une «urgence sanitaire de la Polynésie française», selon l’association des Soignants en Pédopsychiatrie de Polynésie Française (ASPPF).

Depuis mardi, Louise est donc placée avec l’accord de ses parents dans une unité ouverte du service psychiatrique adulte du Centre hospitalier du Taaone. Elle n’est donc pas vraiment «internée» et n’a pas forcément accès à des soins adaptés à son état. «Nous sommes actuellement dans une situation transitoire en attendant la construction d’un vrai centre dédié à la psychiatrie des adolescents avec entre autres un hôpital de jour, des consultations thérapeutiques, et un CATTP (Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) pour adolescents à Tahiti» précise Loïc Mascroisier, président de l’ASPPF. Un projet existe depuis plusieurs années prévoyant une installation en lieu et place de l’ancien hôpital Jean Prince dont la démolition s’achève en ce moment même, les plans sont faits… Ne manque plus que le financement. Une question que ne manqueront pas de poser les professionnels à la nouvelle ministre de la santé.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 29 Mai 2013 à 14:59 | Lu 2444 fois