Canvey Island, Royaume-Uni | AFP | vendredi 19/10/2017 - A 1.500 kilomètres de Barcelone, une petite île anglaise réclame aussi son indépendance: Canvey island, 40.000 habitants, au nord de l'estuaire de la Tamise (sud-est), veut rompre les ponts avec le continent.
Tout est parti la semaine dernière d'une réunion publique au sujet d'une salle des fêtes qui risque d'être détruite et remplacée par des logements, sur décision de la communauté des communes, le conseil de Castle Point. Celui-ci regroupe Canvey island et ses voisins Benfleet, Thundersley et Hadleigh, situés sur le "continent", en fait de l'autre côté de la Tamise.
Un projet "injuste" de trop pour Dave Blackwell, le chef du parti indépendantiste de Canvey Island (CIIP). "Nous en avons marre d'être rattachés au +continent+ et que le +continent+ prenne les décisions à notre place", s'énerve-t-il. A la tête de la révolte, le septuagénaire a annoncé une pétition et, pourquoi pas, un référendum pour quitter Castle Point.
Ce père de quatre enfants en est sûr: "Si le référendum se tenait demain, 80% des gens seraient en faveur de l'indépendance".
Parmi eux, Sue Thomas, patronne du Sue's cafe. "Ce serait une bonne chose pour les gens de Canvey, qu'on puisse enfin prendre des décisions par nous-mêmes et avoir notre mot à dire sur ce qui se passe", affirme avec conviction la restauratrice, regard azur et tablier bleu marine.
"C'est une très bonne idée!", renchérit Dave Taylor, 74 ans, en dévorant des toasts au bacon et champignons. "L'argent sera dépensé à Canvey et pas ailleurs", explique-t-il, déplorant qu'actuellement, ce soient "des bénévoles qui nettoient la plage et réparent les bancs", faute de fonds publics.
Au sein de la population, chacun a sa petite idée sur la façon d'utiliser l'argent: une troisième route pour relier l'île au "continent" et délester ainsi les deux premières, ou encore un système de drainage pour protéger l'île des inondations, ou bien des toilettes supplémentaires le long de la plage...
Et certains d'évoquer la période glorieuse où Canvey island avait son propre conseil local, avant qu'il ne disparaisse dans le conseil de Castle Point, créé en 1974.
Loin d'être anecdotique, le parti indépendantiste représente une véritable force politique dans cette langue de terre prisée des Londoniens, à 40 minutes de train de la capitale. Il compte neuf conseillers municipaux sur 11, et 15 conseillers locaux sur les 18 représentants de l'île au conseil de Castle Point.
"J'ai créé le parti il y a quatorze ans, nous avons toujours milité pour l'indépendance, et le mouvement a pris de l'ampleur. Aujourd'hui, les gens en ont marre des partis traditionnels et veulent prendre leur avenir en main", se réjouit Dave Blackwell.
Le vent de la révolte venu de Catalogne aurait-il soufflé jusqu'aux rives de la Tamise? "Nous voulons tous les deux le droit à l'autodétermination", relève M. Blackwell mais la comparaison s'arrête là: "la Catalogne veut se séparer du pays, nous non. Et nous ne ferons pas venir la police anti-émeutes jusqu'ici, ça c'est sûr".
Pour le chef des indépendantistes, le désir d'émancipation de ses concitoyens est surtout dû à la "mentalité" locale. "Les gens ne veulent pas être gouvernés par d'autres qu'eux mêmes", "ce sont des rebelles", sourit-il, mais "pacifiques et très amicaux".
"Nous sommes entourés d'eau, je suppose que ça nous confère ce sentiment d'indépendance", hasarde Edward Parkin, 39 ans, qui tient la caisse du Parkins Palladium, une des boutiques de jeux et machines à sous parsemant le front de mer.
La région avait voté massivement en faveur de la sortie du Royaume-uni de l'Union européenne lors du référendum de juin 2016. Avec le débat sur l'indépendance, "c'est exactement la même chose qui se passe mais à une plus petite échelle", estime M. Blackwell.
Du côté de Castle Point, on déplore ces velléités séparatistes "alors que tous les conseils subissent des pressions budgétaires de plus en plus fortes et cherchent des moyens de travailler ensemble", commente Colin Riley, qui dirige le conseil. L'attention médiatique passée, "j'espère qu'on pourra vite se remettre au travail", ajoute-t-il.
Mais Dave Blackwell, dont le visage s'est affiché dans les médias nationaux et même à la télévision espagnole, se targue déjà d'une première victoire: "Avant, personne ne savait placer Canvey island sur une carte, maintenant ils savent!"
Tout est parti la semaine dernière d'une réunion publique au sujet d'une salle des fêtes qui risque d'être détruite et remplacée par des logements, sur décision de la communauté des communes, le conseil de Castle Point. Celui-ci regroupe Canvey island et ses voisins Benfleet, Thundersley et Hadleigh, situés sur le "continent", en fait de l'autre côté de la Tamise.
Un projet "injuste" de trop pour Dave Blackwell, le chef du parti indépendantiste de Canvey Island (CIIP). "Nous en avons marre d'être rattachés au +continent+ et que le +continent+ prenne les décisions à notre place", s'énerve-t-il. A la tête de la révolte, le septuagénaire a annoncé une pétition et, pourquoi pas, un référendum pour quitter Castle Point.
Ce père de quatre enfants en est sûr: "Si le référendum se tenait demain, 80% des gens seraient en faveur de l'indépendance".
Parmi eux, Sue Thomas, patronne du Sue's cafe. "Ce serait une bonne chose pour les gens de Canvey, qu'on puisse enfin prendre des décisions par nous-mêmes et avoir notre mot à dire sur ce qui se passe", affirme avec conviction la restauratrice, regard azur et tablier bleu marine.
"C'est une très bonne idée!", renchérit Dave Taylor, 74 ans, en dévorant des toasts au bacon et champignons. "L'argent sera dépensé à Canvey et pas ailleurs", explique-t-il, déplorant qu'actuellement, ce soient "des bénévoles qui nettoient la plage et réparent les bancs", faute de fonds publics.
Au sein de la population, chacun a sa petite idée sur la façon d'utiliser l'argent: une troisième route pour relier l'île au "continent" et délester ainsi les deux premières, ou encore un système de drainage pour protéger l'île des inondations, ou bien des toilettes supplémentaires le long de la plage...
Et certains d'évoquer la période glorieuse où Canvey island avait son propre conseil local, avant qu'il ne disparaisse dans le conseil de Castle Point, créé en 1974.
- Mini-Brexit -
Loin d'être anecdotique, le parti indépendantiste représente une véritable force politique dans cette langue de terre prisée des Londoniens, à 40 minutes de train de la capitale. Il compte neuf conseillers municipaux sur 11, et 15 conseillers locaux sur les 18 représentants de l'île au conseil de Castle Point.
"J'ai créé le parti il y a quatorze ans, nous avons toujours milité pour l'indépendance, et le mouvement a pris de l'ampleur. Aujourd'hui, les gens en ont marre des partis traditionnels et veulent prendre leur avenir en main", se réjouit Dave Blackwell.
Le vent de la révolte venu de Catalogne aurait-il soufflé jusqu'aux rives de la Tamise? "Nous voulons tous les deux le droit à l'autodétermination", relève M. Blackwell mais la comparaison s'arrête là: "la Catalogne veut se séparer du pays, nous non. Et nous ne ferons pas venir la police anti-émeutes jusqu'ici, ça c'est sûr".
Pour le chef des indépendantistes, le désir d'émancipation de ses concitoyens est surtout dû à la "mentalité" locale. "Les gens ne veulent pas être gouvernés par d'autres qu'eux mêmes", "ce sont des rebelles", sourit-il, mais "pacifiques et très amicaux".
"Nous sommes entourés d'eau, je suppose que ça nous confère ce sentiment d'indépendance", hasarde Edward Parkin, 39 ans, qui tient la caisse du Parkins Palladium, une des boutiques de jeux et machines à sous parsemant le front de mer.
La région avait voté massivement en faveur de la sortie du Royaume-uni de l'Union européenne lors du référendum de juin 2016. Avec le débat sur l'indépendance, "c'est exactement la même chose qui se passe mais à une plus petite échelle", estime M. Blackwell.
Du côté de Castle Point, on déplore ces velléités séparatistes "alors que tous les conseils subissent des pressions budgétaires de plus en plus fortes et cherchent des moyens de travailler ensemble", commente Colin Riley, qui dirige le conseil. L'attention médiatique passée, "j'espère qu'on pourra vite se remettre au travail", ajoute-t-il.
Mais Dave Blackwell, dont le visage s'est affiché dans les médias nationaux et même à la télévision espagnole, se targue déjà d'une première victoire: "Avant, personne ne savait placer Canvey island sur une carte, maintenant ils savent!"