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Logement : les aveux et la riposte du ministre Louis Frébault


Logement : les aveux et la riposte du ministre Louis Frébault
PAPEETE, mercredi 16 janvier 2013. Remettre les chiffres en perspective et surtout, donner une autre version de la politique du logement menée par le gouvernement Temaru depuis deux ans, et une autre vision de la gestion de l’OPH (Office polynésien de l’habitat) : c’étaient les enjeux, ce mercredi matin, d’une conférence de presse de Louis Frébault, à la fois ministre du logement et président du Conseil d’administration de l’OPH. Le ministre n’avait pas souhaité s’exprimer juste après la publication des deux rapports, douloureux, de la Chambre territoriale des comptes (CTC), qui pointaient du doigt une politique du logement incapable de satisfaire les besoins grandissants du territoire. «Nous étions en pleine intégration des nouveaux personnels issus du FDA et de la SAGEP, je voulais d’abord mener la restructuration à son terme» indique Louis Frébault, qui trouve injuste que les rapports de la CTC «ne reprennent que le côté négatif alors que, malgré les difficultés, on a pu livrer des logements en 2012».
Il annonce même la livraison de 32 logements dans le premier semestre de 2013 : 20 logements à Papara qui seront habités dès le mois de février prochain, et 12 dans le quartier de la Mission à Papeete qui seront livrés en mai. En 2013 au total, selon les prévisions du ministère, ce sont près de 150 logements nouveaux qui devraient être fournis. Ce qui est encore loin de satisfaire la demande, puisqu’il faudrait en construire près de 400 par an.

Il y aurait actuellement 7 000 demandes de logements sociaux non satisfaites en Polynésie française. Le défi est immense, et Louis Frébault, revêtant sa casquette de président de l’OPH l’admet : «la capacité maximale de rendement annuel de l’office est la suivante : 250 en habitat groupé et 70 en habitat dispersé. On est loin du compte». Néanmoins, en habitat dispersé, 3 000 logements pourraient être facilement construits pour moitié à Tahiti, pour l’autre dans les archipels. En effet, dans ce cas précis, les familles ont les terrains disponibles, aussi le souci de l’acquisition du foncier, problème récurrent de l’OPH en raison des coûts financiers ou des oppositions des riverains, est évité.

Pour autant le président de l’OPH est catégorique
: «on ne pourra pas faire tout, tout seul». Aussi, après avoir dissous les multiples satellites du Pays ayant des missions en matière de construction et/ou d’aménagement de logements sociaux ou intermédiaires, un nouvel opérateur en charge de construire de l’habitat social groupé pourrait être créé dès cette année 2013. Par là-même, l’OPH enlèverait une grosse épine de son pied, en se consacrant à la construction d’habitat social dispersé et à la gestion du parc existant. Pour améliorer ses finances et viser l’équilibre de ses comptes, l’office pourrait également obtenir, dès cette année, une révision de la grille des tarifs des loyers (bloqués à 18 000 Fcfp) et une modification de l’aide familiale au logement (AFL) qui serait versée aux familles qui en ont besoin, et non plus, sous forme de subvention du Pays à l’OPH.

Ces deux réformes capitales (réclamées dans les rapports de la CTC)
ont été présentées fin 2012 en Conseil des ministres. L’OPH doit nécessairement en passer par là pour prétendre à des aides de financements via l’AFD (agence française de développement) ou la CDC (Caisse des dépôts et des consignations). En pleine année électorale, ces réformes auront sans doute du mal à passer, même si Louis Frébault promet qu’elles seront présentées prochainement à l’assemblée de Polynésie française.

Travaux de consolidation des talus près d'une résidence OPH dans la vallée de la Fautau'a.
Travaux de consolidation des talus près d'une résidence OPH dans la vallée de la Fautau'a.
EN BREF

Vétusté du parc : des chiffres différents

Selon le ministre du logement sur le parc de 2 800 logements de l’OPH -dont les deux tiers sont des bâtiments anciens (certains datent de 30 ans)- : 65% sont en bon état et 17% sont en état moyen. «Le parc est donc satisfaisant à 82%, ce qui nous place dans les ratios métropolitains» résume Louis Frébault. Il n’admet ainsi que 18% de logements en mauvais état. Des chiffres qui diffèrent fortement de ceux fournis dans le rapport de la Chambre territoriale des comptes, qui pointe que «environ 38% du parc nécessite de lourdes opérations de maintenance et d’entretien pour être remis à un niveau décent». Le Conseil d’administration de l’OPH consacrerait 200 millions de Fcfp chaque année pour les grosses réparations du parc de logement. Par ailleurs une enveloppe de 1,5 milliard du Contrat de projet en cours est budgétée pour des travaux de consolidation des talus et la sécurisation des installations électriques dans les lotissements les plus anciens.

Personnel : les vases communicants

52 nouveaux agents ont été intégrés à l’OPH à la fin du mois de décembre 2012 en provenance d’établissements dissous, le FDA (fonds de développement des archipels) et la SAGEP. Dans le même temps, un dispositif exceptionnel d’incitations financières au départ volontaire était mis en place. Mais seulement 11 agents ont signé leur convention avant le 28 décembre dernier. L’enveloppe de 300 millions de Fcfp de subvention allouée par le Pays pour cette opération de dégraissage des effectifs n’a pas été entièrement liquidée. De nouvelles propositions seront faites par le Conseil d’administration de l’OPH prochainement.

Restructuration : l’OPH se dégage du superflu

Pour avoir de nouveau accès à l’emprunt (et donc pouvoir lancer de nouvelles opérations de construction), l’OPH a dû se restructurer. Certaines missions annexes sont en train de disparaitre. Ainsi, l’Egat (établissement de gestion et d’aménagement de Teva) va être repris par le ministère de la culture en 2013. La gestion du golf d’Atimaono sera confiée à un gestionnaire privé. L’OPH devenu un fourre-tout se débarrasse du superflu.

Urbanisme : le cadastre complet du territoire en 2014


Après plusieurs années de travail le territoire complet de la Polynésie française sera enfin cadastré officiellement en 2014. Il a fallu tout récemment faire le cadastre de Nuku Hiva, la 2e plus grande île de Polynésie, où jusqu’ici seule une baie était réellement inscrite au cadastre. Il reste encore quelques atolls à cadastrer cette année, quelques sites sur Tahiti (les hauts de Punaauia et Hitia’a). Ensuite ce sera complet, à l’exception de l’île de Rapa qui «ne le souhaite pas».



Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 16 Janvier 2013 à 16:34 | Lu 2063 fois