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Livre : Destins croisés "Dans le ciel splendide"


Nicolas Kurtovitch était au salon du livre de Tahiti il y a dix jours. Il présentait son dernier roman, Dans le ciel splendide.
Nicolas Kurtovitch était au salon du livre de Tahiti il y a dix jours. Il présentait son dernier roman, Dans le ciel splendide.
PAPEETE, le 29 novembre 2015. Le dernier roman de l'auteur néo-calédonien Nicolas Kurtovitch vient de sortir Au Vent des Îles. Un livre qui termine la trilogie d'une histoire familiale contemporaine de Nouvelle-Calédonie mais ouvre des fenêtres sur d'autres pays et destinées. Comme pour rappeler que tout isolé qu'il soit le Caillou est un composant du monde.

Heureusement que les livres existent ! Car ils nous permettent, parfois sans même qu'on s'en rende réellement compte d'évoluer dans un monde parallèle, très proche de celui que nous connaissons mais également totalement étranger. Ainsi, Dans le ciel splendide de Nicolas Kurtovitch il y a un jeune soldat de l'armée française engagé dans les patrouilles qui arpentent les villages afghans en pleine guerre mais qui n'utilise jamais son arme. Il ne veut pas tirer tant qu'il ne voit pas son ennemi, "les yeux dans les yeux". Miracle de la lecture qui nous entraîne dans une grande conversation entre ce jeune kanak Mouéaou qui porte l'uniforme kaki et son sergent, pour expliquer le cheminement qui l'a conduit jusqu'à cette guerre qui ne le regarde pas et à laquelle finalement il ne participera que passivement, comme spectateur.

Des terres arides et balayées par le vent de l'Afghanistan lui parviennent néanmoins les lettres de sa mère, Dila, qui lui écrit le parfum humide des forêts tropicales, l'odeur de terre fraîchement retourné, le miroitement de l'océan et le chant impétueux d'une rivière qui dévale les collines : sa terre calédonienne en somme et ses racines. Et puis l'on croise Johanna la jeune sœur de Mouéau, étudiante à Nouméa en pleine quête d'elle-même et du passé de sa famille déchirée. Au fin fond du local des archives, au sous-sol de la bibliothèque universitaire, elle fait émerger les journaux du passé, une revue de presse de la Nouvelle-Calédonie des années 1950 à nos jours. Sur un mode télégraphique Johanna remonte la frise chronologique qui la ramène jusqu'à aujourd'hui. C'est là qu'elle rencontre un vieux tahitien qui lui laisse dans un carnet noir ses propres recherches menées sur le massif exode des Tibétains dans les années 1960.

Nouvelle-Calédonie, Afghanistan, Tibet, Tahiti et quelques autres territoires encore… On pourrait se perdre dans ce dédale de localisation et de récits le plus souvent à la première personne, mais c'est là la force de l'auteur : quel que soit le personnage qui parle : une jeune fille, un soldat, une mère de famille veuve, un jeune homme, le lecteur identifie immédiatement qui est le narrateur.

FENETRES SUR LE MONDE

Quand on interroge Nicolas Kurtovitch sur sa motivation à ouvrir ces fenêtres qui semblent incongrues dans un roman dont le cœur du récit se situe en Nouvelle-Calédonie, il explique tout simplement que l'histoire du Tibet le passionne, que certes il est né sur le Caillou où sa famille est installée depuis la fin du XIXe siècle, mais qu'il est lui-même pour moitié yougoslave, bref qu'il est un citoyen du monde, que cette circulation des histoires fait la richesse de nos sociétés et qu'un enfermement insulaire ne serait salutaire pour personne. Il nous ramène ainsi à notre humanité qui n'a besoin ni de pays, ni de nation et surtout pas de frontières pour se comprendre et se répondre.

Au moment de refermer le livre, on aimerait savoir ce que deviennent Johanna et Jérémy, Mouéau et Dila, Camille et Léa : on les quitte avec regret, ignorant tout de la suite de leurs destinées. Nicolas Kurtovitch affirme en avoir fini avec ces personnages dont il a parfois distordu, d'un épisode à l'autre, leur intégrité fictive ("le privilège de l'auteur" explique-t-il), alors, c'est à chacun des lecteurs d'imaginer ce que pourrait être la suite.


Dans le ciel splendide est le troisième volet, le plus long (272 pages) d’une trilogie commencée avec Goodnight friend et les Heures italiques, tous parus à la maison d'édition Au Vent des Îles. Le roman est vendu dans les librairies de Tahiti et aussi en ligne sur le site Internet de l'éditeur (CLIQUER ICI au prix de 2143 Fcfp.

Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 29 Novembre 2015 à 18:49 | Lu 1070 fois