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Liquidation du poids lourd du BTP Interoute


Le dirigeant de la société Interoute, Heirangi Nouveau, lundi au palais de justice de Papeete.
Le dirigeant de la société Interoute, Heirangi Nouveau, lundi au palais de justice de Papeete.
Tahiti, le 26 juin 2023 – Le tribunal mixte de commerce a prononcé, lundi matin, la liquidation judiciaire de l'entreprise Interoute qui était l'un des poids lourds du secteur du BTP en Polynésie. Au sortir de l'audience, l'avocat de la direction a indiqué que cette dernière espérait désormais la reprise des unités de production avec leurs employés.
 
Placée en redressement judiciaire le 25 avril 2022, l'entreprise Interoute, grand nom du secteur du bâtiment et des travaux publics en Polynésie, a été liquidée lundi matin par le tribunal mixte de commerce. Une grande émotion était palpable chez le directeur de cette entreprise familiale créée dans les années 70, Heirangi Nouveau, et chez les salariés présents au sortir de l'audience.
 
Alors que le président du Pays, Moetai Brotherson, avait indiqué samedi dans un post publié sur sa page Facebook que le territoire allait “rapidement” s'acquitter de marchés impayés auprès d'Interoute, Heirangi Nouveau n'a pas souhaité s'étendre sur le “passé” en expliquant : “Aujourd'hui, la priorité, ce sont les 101 salariés.”  “J'aurais aimé que les concurrents soient présents aujourd'hui, qu'ils rachètent l'entreprise et puissent sauver les emplois.” Le dirigeant d'Interoute a également indiqué que “la société a de la trésorerie pour régler l'équivalent d'à peu près sept mois de salaires” : “Nous avons sécurisé de quoi payer si l'on en arrivait à cette situation. Nous sommes là aujourd'hui et nous avons de quoi payer une très grande partie des indemnités.”
 
Une “décision de responsabilité”
 
Au terme de l'audience devant le tribunal mixte de commerce lundi, l'avocat de l'entreprise, Me Robin Quinquis, a rappelé que la demande de liquidation judiciaire avait été faite par la direction : “C'est une décision de responsabilité comme l'expliquait M. Nouveau. Aujourd'hui, la trésorerie va pouvoir être mobilisée pour payer les salariés et pour anticiper un certain nombre de choses prioritaires. On ne va pas le faire dans trois mois car dans trois mois, si elle poursuivait l'activité, cela creuserait le passif de manière irréversible. Cela ne rendrait service ni aux salariés, ni aux créanciers et cela engagerait, de plus, la responsabilité du gérant. C'est donc une décision de pure responsabilité mais vous imaginez bien qu'après 50 ans d'exercice dans une entreprise familiale, cette décision n'a pas été prise de gaité de cœur.”
 
Interrogé sur une potentielle reprise, Me Robin Quinquis a affirmé qu'il n'y aurait pas de “reprise globale” : "C'est une chose sur laquelle nous allons travailler mais l'intérêt de tout le monde, c'est que des repreneurs se manifestent pour reprendre non pas telle ou telle machine mais des unités de production complète avec les salariés. Il n'y aura cependant pas de reprise globale de la société puisque les projets qui avaient été envisagés ont fait long feu.”

Pour l'avocat, il ne s'agissait pas de chercher un bouc-émissaire ou de désigner le Pays : “Les difficultés de la société sont bien plus profondes. Il y a une concurrence exacerbée sur l'île de Tahiti. Le choix a été fait de partir dans les îles. C'était un choix audacieux qui aurait pu marcher. Les difficultés sont donc trop profondes et multiples pour pouvoir désigner un seul responsable.”

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 26 Juin 2023 à 12:12 | Lu 5316 fois