Malgré une réglementation accrue, les vélos électriques ont toujours autant de succès auprès des consommateurs.
Tahiti, le 6 janvier 2025 - Deux ans après la mise en place de la réglementation concernant les “nouvelles mobilités”, dont les vélos électriques, les autorités se disent relativement satisfaites de l'évolution des comportements des usagers ces derniers mois. Néanmoins, malgré un cadre relativement précis, certaines problématiques subsistent, à l'exemple de la durabilité de certains de ces engins.
C'est une révolution qui dure depuis quelques années en Polynésie française. L'essor des vélos électriques et autres engins à moteur poursuit son cours, obligeant ainsi les différentes autorités à redoubler d'effort dans l'application de la réglementation en vigueur. Établie en juillet 2022, cette réglementation des “nouvelles mobilités” pose depuis les bases d'un cadre relativement précis pour les usagers de ces différents types d'engins : “Nous avons modernisé le code de la route de la Polynésie française ”, se félicite Lucien Pommiez, directeur des transports terrestres depuis 2019. “Nous sommes venus préciser ce cadre pour savoir comment homologuer ces nouveaux véhicules, s'assurer qu'ils soient conformes et que leurs usagers possèdent un titre de conduite, un casque adapté, ainsi qu'une assurance. Nous avons d'ailleurs été un peu les précurseurs dans ces démarches puisque la France métropolitaine vient tout juste de légiférer sur des choses assez comparables à ce que l'on a pu faire, notamment concernant les trottinettes électriques et l'âge légal pour leur utilisation par exemple.”
Si les statistiques de l'année 2024 ne sont pas encore disponibles, la Direction des transports terrestres assure néanmoins avoir enregistré plus de 1 000 vélos électriques en 2023, un an seulement après la mise en place des nouvelles réglementations. Une dynamique qui semble avoir continué l'an dernier : “Depuis la mise en place de ce cadre réglementaire, on observe une vente continue et soutenue de ce type de matériel”, assure Lucien Pommiez. “Heureusement, les concessionnaires et les revendeurs ont très vite joué le jeu. Ils ont pour mission de rappeler aux consommateurs qu'ils doivent circuler avec une assurance, un casque et un véhicule immatriculé et conforme.”
Du côté des assurances, on confirme la tendance, à quelques nuances près : “Nos clients sont nombreux à être venus déclarer leurs vélos électriques ces deux dernières années. Par contre, ils viennent bien souvent parce qu'ils ont été contrôlés par les forces de l'ordre et qu'ils ont été invités à se mettre en règle sous peine d'être verbalisés.”
Vers moins de tolérance et plus de verbalisation
Pour rappel, suite à la mise en place de la nouvelle réglementation en 2022, les autorités avaient annoncé une période transitoire de 24 mois afin que les usagers puissent se mettre en règle. Deux ans plus tard, l'heure n'est plus à la tolérance : “Nous avons laissé une période transitoire de 24 mois afin que les usagers puissent se mettre aux normes administrativement parlant”, souligne le directeur des transports terrestres. “En revanche, en aucun cas nous avons laissé ces usagers circuler sans casque, sans assurance, etc. Le message n'a pas été totalement compris par la population, donc les forces de l'ordre ont fait preuve d'accompagnement et ont invité la population à se mettre en règle durant cette période transitoire. Par contre, aujourd'hui, je pense qu'il n'y a plus de tolérance à avoir. La population doit prendre conscience des enjeux de sécurité qu'il y a avec tous les types de véhicules que l'on trouve sur la route.”
Une vision largement partagée par la police municipale de Papeete et ses agents : “C'est un fléau”, n'hésite pas à témoigner l'un d'entre eux. “Ces personnes qui utilisent les vélos électriques, bien souvent, elles étaient encore piétonnes il n'y a pas si longtemps. Du coup, elles n'ont que très peu d'expérience de la route, et donc du code. Aujourd'hui, on n'hésite plus à verbaliser et depuis peu, on voit le changement lorsque l'on effectue nos rondes. On croise souvent les mêmes individus et ils nous reconnaissent aussi. Ils savent qu'ils doivent se tenir à carreau. Et s'il faut, en soirée, lorsque l'on intercepte des personnes alcoolisées sur ces engins, on leur demande de dégonfler leurs pneus pour être sûr qu'elles rentrent à pied et ne représentent aucun danger pour elles et pour les autres. On n’a pas vraiment le droit, mais c'est une des meilleures solutions que l'on a trouvées pour ne pas trop pénaliser ces personnes souvent d'origine modeste.”
Une durabilité remise en question
Et si tous les comportements ne sont pas encore exemplaires, d'autres problématiques planent quant à l'utilisation de ces engins, notamment concernant la durabilité de ce type de produit. En effet, si les revendeurs assurent qu'un vélo bien entretenu peut durer plusieurs années, cela suppose une certaine rigueur de la part des consommateurs en termes d'entretien. Une utopie pour certains professionnels de la place : “Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir qu'il s'agit d'une vaste plaisanterie”, déclare Mehdi Gabrillargues, vendeur de vélos à assistance électrique. “Je suis parti à Bora Bora il n'y a pas si longtemps et j'ai vu des vélos électriques dans le lagon ! Ceux qui achètent ces vélos peu onéreux pensent qu'il s'agit d'objets jetables. La batterie meurt au bout de quelques mois, voire un an, et ils ne pensent pas à la changer. Ils achètent un autre vélo et laissent l'ancien à l'abandon. Pourtant, les autorités avaient annoncé au début vouloir encourager les transports ‘doux’, dans une démarche plus durable. Et voilà où on en est aujourd'hui...”
Mais si la Direction des transports terrestres reconnaît volontiers que la question de la durabilité mérite d'être soulevée, celle-ci nuance : “Il y a de nombreux types de véhicules”, précise Lucien Pommiez. “Certains sont moins onéreux, ce qui explique leur durée de vie plus limitée. Néanmoins, si l'on souhaite parler de durabilité, il faut également penser au processus de fabrication de ces véhicules et de leur émission de CO2. Qu'est-ce qui est mieux, ou pire, entre un vélo électrique de 40 kilos destiné à transporter une seule personne, et une voiture de plus d'une tonne également destinée à transporter une seule personne comme c'est le cas ici en Polynésie ? Il appartient aux consommateurs de choisir quel type de véhicule ils préfèrent.”
C'est une révolution qui dure depuis quelques années en Polynésie française. L'essor des vélos électriques et autres engins à moteur poursuit son cours, obligeant ainsi les différentes autorités à redoubler d'effort dans l'application de la réglementation en vigueur. Établie en juillet 2022, cette réglementation des “nouvelles mobilités” pose depuis les bases d'un cadre relativement précis pour les usagers de ces différents types d'engins : “Nous avons modernisé le code de la route de la Polynésie française ”, se félicite Lucien Pommiez, directeur des transports terrestres depuis 2019. “Nous sommes venus préciser ce cadre pour savoir comment homologuer ces nouveaux véhicules, s'assurer qu'ils soient conformes et que leurs usagers possèdent un titre de conduite, un casque adapté, ainsi qu'une assurance. Nous avons d'ailleurs été un peu les précurseurs dans ces démarches puisque la France métropolitaine vient tout juste de légiférer sur des choses assez comparables à ce que l'on a pu faire, notamment concernant les trottinettes électriques et l'âge légal pour leur utilisation par exemple.”
Si les statistiques de l'année 2024 ne sont pas encore disponibles, la Direction des transports terrestres assure néanmoins avoir enregistré plus de 1 000 vélos électriques en 2023, un an seulement après la mise en place des nouvelles réglementations. Une dynamique qui semble avoir continué l'an dernier : “Depuis la mise en place de ce cadre réglementaire, on observe une vente continue et soutenue de ce type de matériel”, assure Lucien Pommiez. “Heureusement, les concessionnaires et les revendeurs ont très vite joué le jeu. Ils ont pour mission de rappeler aux consommateurs qu'ils doivent circuler avec une assurance, un casque et un véhicule immatriculé et conforme.”
Du côté des assurances, on confirme la tendance, à quelques nuances près : “Nos clients sont nombreux à être venus déclarer leurs vélos électriques ces deux dernières années. Par contre, ils viennent bien souvent parce qu'ils ont été contrôlés par les forces de l'ordre et qu'ils ont été invités à se mettre en règle sous peine d'être verbalisés.”
Vers moins de tolérance et plus de verbalisation
Pour rappel, suite à la mise en place de la nouvelle réglementation en 2022, les autorités avaient annoncé une période transitoire de 24 mois afin que les usagers puissent se mettre en règle. Deux ans plus tard, l'heure n'est plus à la tolérance : “Nous avons laissé une période transitoire de 24 mois afin que les usagers puissent se mettre aux normes administrativement parlant”, souligne le directeur des transports terrestres. “En revanche, en aucun cas nous avons laissé ces usagers circuler sans casque, sans assurance, etc. Le message n'a pas été totalement compris par la population, donc les forces de l'ordre ont fait preuve d'accompagnement et ont invité la population à se mettre en règle durant cette période transitoire. Par contre, aujourd'hui, je pense qu'il n'y a plus de tolérance à avoir. La population doit prendre conscience des enjeux de sécurité qu'il y a avec tous les types de véhicules que l'on trouve sur la route.”
Une vision largement partagée par la police municipale de Papeete et ses agents : “C'est un fléau”, n'hésite pas à témoigner l'un d'entre eux. “Ces personnes qui utilisent les vélos électriques, bien souvent, elles étaient encore piétonnes il n'y a pas si longtemps. Du coup, elles n'ont que très peu d'expérience de la route, et donc du code. Aujourd'hui, on n'hésite plus à verbaliser et depuis peu, on voit le changement lorsque l'on effectue nos rondes. On croise souvent les mêmes individus et ils nous reconnaissent aussi. Ils savent qu'ils doivent se tenir à carreau. Et s'il faut, en soirée, lorsque l'on intercepte des personnes alcoolisées sur ces engins, on leur demande de dégonfler leurs pneus pour être sûr qu'elles rentrent à pied et ne représentent aucun danger pour elles et pour les autres. On n’a pas vraiment le droit, mais c'est une des meilleures solutions que l'on a trouvées pour ne pas trop pénaliser ces personnes souvent d'origine modeste.”
Une durabilité remise en question
Et si tous les comportements ne sont pas encore exemplaires, d'autres problématiques planent quant à l'utilisation de ces engins, notamment concernant la durabilité de ce type de produit. En effet, si les revendeurs assurent qu'un vélo bien entretenu peut durer plusieurs années, cela suppose une certaine rigueur de la part des consommateurs en termes d'entretien. Une utopie pour certains professionnels de la place : “Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir qu'il s'agit d'une vaste plaisanterie”, déclare Mehdi Gabrillargues, vendeur de vélos à assistance électrique. “Je suis parti à Bora Bora il n'y a pas si longtemps et j'ai vu des vélos électriques dans le lagon ! Ceux qui achètent ces vélos peu onéreux pensent qu'il s'agit d'objets jetables. La batterie meurt au bout de quelques mois, voire un an, et ils ne pensent pas à la changer. Ils achètent un autre vélo et laissent l'ancien à l'abandon. Pourtant, les autorités avaient annoncé au début vouloir encourager les transports ‘doux’, dans une démarche plus durable. Et voilà où on en est aujourd'hui...”
Mais si la Direction des transports terrestres reconnaît volontiers que la question de la durabilité mérite d'être soulevée, celle-ci nuance : “Il y a de nombreux types de véhicules”, précise Lucien Pommiez. “Certains sont moins onéreux, ce qui explique leur durée de vie plus limitée. Néanmoins, si l'on souhaite parler de durabilité, il faut également penser au processus de fabrication de ces véhicules et de leur émission de CO2. Qu'est-ce qui est mieux, ou pire, entre un vélo électrique de 40 kilos destiné à transporter une seule personne, et une voiture de plus d'une tonne également destinée à transporter une seule personne comme c'est le cas ici en Polynésie ? Il appartient aux consommateurs de choisir quel type de véhicule ils préfèrent.”