WELLINGTON, 6 février 2011 (AFP) - Depuis les années 1970, la Nouvelle-Zélande sollicite auprès des musées du monde le rapatriement des têtes de guerriers maories, tatouées et momifiées. Mais elle s'interroge à présent sur l'avenir de ces reliques.
Le musée national de Nouvelle-Zélande, Te Papa, possède un fonds de plus d'une centaine de têtes, appelées en langue maorie "toi moko", ainsi que quelque 500 squelettes, provenant de tombes maories pillées, parfois jusque dans les années 1930.
Dans la culture maorie, les tatouages aux formes géométriques ou en arabesques racontent la position hiérarchique au sein du clan et les hauts faits de guerre.
Les têtes des chefs défunts étaient momifiés, afin de préserver leur esprit, tandis que les scalps des ennemis étaient conservés au titre de trophée, explique Te Herekiekie Herewini, qui dirige le programme de rapatriement du musée national.
"A l'origine, la momification des têtes et des corps faisait partie de nos rites funéraires", déclare-t-il. "Mais lorsque les Européens sont arrivés, ils n'ont vu que le côté exotique de ces momies, qui ont alors alimenté un commerce en Europe, en Amérique et en Australie".
Les têtes atteignent une telle valeur à la fin du 18e siècle et au début du 19e que des Moaris tuent des membres de tribus (iwis) rivales, uniquement pour satisfaire la demande des musées européens en restes humains du bout du monde.
Le commerce de têtes humaines a été officiellement interdit dans les années 1830, mais les musées ont ensuite jeté leur dévolu sur les ossements.
Les étudiants en médecine néo-zélandais étaient également demandeurs. Lorsqu'ils étudiaient à l'étranger, ils devaient apporter un squelette pour leur apprentissage et profanaient pour cela des tombes maories.
Les restes humains ont été exposés dans des musées à travers la planète, y compris en Nouvelle-Zélande, jusque dans les années 1970.
C'est à cette époque qu'émerge la revendication du peuple maori pour que les restes de leurs ancêtres soient restitués. Leurs demandes se sont heurtées à la résistance des autorités culturelles, qui redoutaient d'ouvrir la voie à d'autres requêtes, à propos par exemple des momies épyptiennes.
La France a longtemps rechigné à délester les fonds de ses musées. Mais en avril 2010, le parlement a voté un texte autorisant la restitution à la Nouvelle-Zélande d'une quinzaine de têtes de chefs Maoris.
Le retour des têtes et des ossements est un moment très fort pour les Maoris, qui entretiennent avec la terre des liens spirituels, souligne Te Herekiekie. Rendus à leur tribu d'origine, les restes des ancêtres ont droit à des obsèques traditionnelles.
Mais à cause de l'absence d'écrits et de données historiques, environ un quart des têtes et des ossements du musée Te Papa n'a pu être identifié, indique M. Herewini.
Ils sont entreposés dans des boîtes spéciales dans les réserves du musée et ne sont jamais exposés. Le seul fait de montrer des photos de ces restes humains est tabou pour les Maoris, rappelle le responsable.
La construction d'un mausolée à Wellington est envisagée mais la tribu de Ngati Kuri, dans l'extrême nord du pays, préconise une autre solution.
Ses membres veulent enterrer les reliques non identifiées près du cap Reinga, le site le plus septentrionnal de Nouvelle-Zélande, qui symbolise dans l'imaginaire maori le point de départ de l'esprit des défunts vers l'au-delà.
Quelle que soit leur destination finale, Te Herekiekie Herewini veut continuer à récupérer les reliques. "Il s'agit de compléter le cercle et de les ramener sur leur terre natale".
ns/cw/fmp/mf
Le musée national de Nouvelle-Zélande, Te Papa, possède un fonds de plus d'une centaine de têtes, appelées en langue maorie "toi moko", ainsi que quelque 500 squelettes, provenant de tombes maories pillées, parfois jusque dans les années 1930.
Dans la culture maorie, les tatouages aux formes géométriques ou en arabesques racontent la position hiérarchique au sein du clan et les hauts faits de guerre.
Les têtes des chefs défunts étaient momifiés, afin de préserver leur esprit, tandis que les scalps des ennemis étaient conservés au titre de trophée, explique Te Herekiekie Herewini, qui dirige le programme de rapatriement du musée national.
"A l'origine, la momification des têtes et des corps faisait partie de nos rites funéraires", déclare-t-il. "Mais lorsque les Européens sont arrivés, ils n'ont vu que le côté exotique de ces momies, qui ont alors alimenté un commerce en Europe, en Amérique et en Australie".
Les têtes atteignent une telle valeur à la fin du 18e siècle et au début du 19e que des Moaris tuent des membres de tribus (iwis) rivales, uniquement pour satisfaire la demande des musées européens en restes humains du bout du monde.
Le commerce de têtes humaines a été officiellement interdit dans les années 1830, mais les musées ont ensuite jeté leur dévolu sur les ossements.
Les étudiants en médecine néo-zélandais étaient également demandeurs. Lorsqu'ils étudiaient à l'étranger, ils devaient apporter un squelette pour leur apprentissage et profanaient pour cela des tombes maories.
Les restes humains ont été exposés dans des musées à travers la planète, y compris en Nouvelle-Zélande, jusque dans les années 1970.
C'est à cette époque qu'émerge la revendication du peuple maori pour que les restes de leurs ancêtres soient restitués. Leurs demandes se sont heurtées à la résistance des autorités culturelles, qui redoutaient d'ouvrir la voie à d'autres requêtes, à propos par exemple des momies épyptiennes.
La France a longtemps rechigné à délester les fonds de ses musées. Mais en avril 2010, le parlement a voté un texte autorisant la restitution à la Nouvelle-Zélande d'une quinzaine de têtes de chefs Maoris.
Le retour des têtes et des ossements est un moment très fort pour les Maoris, qui entretiennent avec la terre des liens spirituels, souligne Te Herekiekie. Rendus à leur tribu d'origine, les restes des ancêtres ont droit à des obsèques traditionnelles.
Mais à cause de l'absence d'écrits et de données historiques, environ un quart des têtes et des ossements du musée Te Papa n'a pu être identifié, indique M. Herewini.
Ils sont entreposés dans des boîtes spéciales dans les réserves du musée et ne sont jamais exposés. Le seul fait de montrer des photos de ces restes humains est tabou pour les Maoris, rappelle le responsable.
La construction d'un mausolée à Wellington est envisagée mais la tribu de Ngati Kuri, dans l'extrême nord du pays, préconise une autre solution.
Ses membres veulent enterrer les reliques non identifiées près du cap Reinga, le site le plus septentrionnal de Nouvelle-Zélande, qui symbolise dans l'imaginaire maori le point de départ de l'esprit des défunts vers l'au-delà.
Quelle que soit leur destination finale, Te Herekiekie Herewini veut continuer à récupérer les reliques. "Il s'agit de compléter le cercle et de les ramener sur leur terre natale".
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