SUVA, mardi 12 avril 2011 (Flash d'Océanie) – Alors que se tient cette semaine à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) la quinzième assemblée générale de la Pacific Islands Telecommunications Association (PITA), qui regroupe opérateurs et gouvernements des vingt deux pays et territoires insulaires du Pacifique, les avancées, ces derniers mois, en la matière, ont été nombreuses afin de faire reculer ce qu’il est généralement convenu d’appeler la « tyrannie des distances » pour des communautés insulaires océaniennes le plus souvent isolées.
Amadou Touré, Secrétaire Général de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), participe aussi à cette conférence de la PITA.
En matière de téléphonie, fixe ou mobile ou encore d’accès à l’Internet, les pays les plus avancés dans la région, mis à part les grands voisins que sont l’ Australie ou la Nouvelle-Zélande, sont ceux qui sont parvenus, au cours des dix dernières années, à se relier à des autoroutes matérialisées par des câbles sous-marins.
Amadou Touré, Secrétaire Général de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), participe aussi à cette conférence de la PITA.
En matière de téléphonie, fixe ou mobile ou encore d’accès à l’Internet, les pays les plus avancés dans la région, mis à part les grands voisins que sont l’ Australie ou la Nouvelle-Zélande, sont ceux qui sont parvenus, au cours des dix dernières années, à se relier à des autoroutes matérialisées par des câbles sous-marins.
Dans ce domaine, Fidji a été l’un des précurseurs, à la fin des années 1990, en devenant le point de passage du câble américain Southern Cross qui relie par ailleurs la côte Ouest des États-Unis à l’Australie, en passant par la Nouvelle-Zélande.
Depuis, d’autres initiatives ont vu le jour, parmi lesquelles, concernant les collectivités françaises, le câble Honotua (qui relie la Polynésie française à Hawaii) et le câble Gondwana (qui relie la Nouvelle-Calédonie à l’Australie).
Mais sur le bord de ces autoroutes, les autres petits États insulaires doivent encore s’appuyer sur la technologie satellitaire et, pour accéder aux îles les plus reculées, des mini-relais.
Dans ce registre pragmatique, la société nationale de téléphonie mobile des îles Salomon, Our Telekom, est en train de mettre en place un réseau, en partenariat avec la société irlandaise Altobridge, spécialisée dans la connectivité des communautés isolées.
Les unités mises en place, sous forme de mini-station satellitaires relais, ont pour originalité de fonctionner à l’énergie solaire.
Une fois opérationnelles, elles devraient permettre à des communautés n’ayant jusqu’ici pas eu accès à la téléphonie mobile de se connecter à la fois pour des conversations vocales, mais aussi pour des messageries SMS.
Des systèmes similaires (conçus pour les communautés allant d’une centaine à quinze cent habitants) ont été installés par la même société dans la jungle de Bornéo.
Dans le même esprit, fin 2007, le Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basée à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) avait lancé une initiative baptisée « RICS » (Rural Inter-Connectivity System, système d'interconnectivité rurale) qui avait pour intention de se baser sur un relais via des émetteurs et récepteurs satellite reliés aux grands axes (câblés en fibre optique) de communication à travers le Pacifique.
Ce système consiste en une sorte de volet rural d'un projet de connectivité Internet à l'échelle de toute la région, porté au départ par la CPS et le Forum des Îles du Pacifique.
La CPS, en collaboration avec le Forum des Îles du Pacifique, s'appuie sur la "stratégie numérique" élaborée dans le cadre du Plan Pacifique adopté par les dirigeants océaniens fin 2005.
Selon les plans de la CPS, le projet actuel est de relier, par voie de câble sous-marin, pas moins d'une douzaine d'États insulaires de la région qui formeraient ainsi un réseau s'appuyant sur les grandes autoroutes de l'information qui traversent actuellement le Pacifique.
Parmi ces pays : la Polynésie française, les îles Cook, Niue, les Samoa américaines, Samoa, Tonga, Fidji, la Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, les îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Mais les consensus et feux verts émanant des divers pays et territoires relais n’étaient pas venus.
Par contre, le secteur pour lequel l’expansion en Océanie a été, ces dernières années, la plus spectaculaire, est celui de la téléphonie mobile, à la faveur d’un mouvement régional de libéralisation des marchés et de fin des monopoles.
Depuis, d’autres initiatives ont vu le jour, parmi lesquelles, concernant les collectivités françaises, le câble Honotua (qui relie la Polynésie française à Hawaii) et le câble Gondwana (qui relie la Nouvelle-Calédonie à l’Australie).
Mais sur le bord de ces autoroutes, les autres petits États insulaires doivent encore s’appuyer sur la technologie satellitaire et, pour accéder aux îles les plus reculées, des mini-relais.
Dans ce registre pragmatique, la société nationale de téléphonie mobile des îles Salomon, Our Telekom, est en train de mettre en place un réseau, en partenariat avec la société irlandaise Altobridge, spécialisée dans la connectivité des communautés isolées.
Les unités mises en place, sous forme de mini-station satellitaires relais, ont pour originalité de fonctionner à l’énergie solaire.
Une fois opérationnelles, elles devraient permettre à des communautés n’ayant jusqu’ici pas eu accès à la téléphonie mobile de se connecter à la fois pour des conversations vocales, mais aussi pour des messageries SMS.
Des systèmes similaires (conçus pour les communautés allant d’une centaine à quinze cent habitants) ont été installés par la même société dans la jungle de Bornéo.
Dans le même esprit, fin 2007, le Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basée à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) avait lancé une initiative baptisée « RICS » (Rural Inter-Connectivity System, système d'interconnectivité rurale) qui avait pour intention de se baser sur un relais via des émetteurs et récepteurs satellite reliés aux grands axes (câblés en fibre optique) de communication à travers le Pacifique.
Ce système consiste en une sorte de volet rural d'un projet de connectivité Internet à l'échelle de toute la région, porté au départ par la CPS et le Forum des Îles du Pacifique.
La CPS, en collaboration avec le Forum des Îles du Pacifique, s'appuie sur la "stratégie numérique" élaborée dans le cadre du Plan Pacifique adopté par les dirigeants océaniens fin 2005.
Selon les plans de la CPS, le projet actuel est de relier, par voie de câble sous-marin, pas moins d'une douzaine d'États insulaires de la région qui formeraient ainsi un réseau s'appuyant sur les grandes autoroutes de l'information qui traversent actuellement le Pacifique.
Parmi ces pays : la Polynésie française, les îles Cook, Niue, les Samoa américaines, Samoa, Tonga, Fidji, la Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, les îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Mais les consensus et feux verts émanant des divers pays et territoires relais n’étaient pas venus.
Par contre, le secteur pour lequel l’expansion en Océanie a été, ces dernières années, la plus spectaculaire, est celui de la téléphonie mobile, à la faveur d’un mouvement régional de libéralisation des marchés et de fin des monopoles.
Le grand appétit de Digicel
Ce fut le cas notamment à Fidji, avec désormais plusieurs opérateurs, dont Vodafone et la société Digicel.
Cette société, qui s’est rapidement implantée, ces cinq dernières années, dans une demi-douzaine d’États insulaires du Pacifique (Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, Samoa, Tonga et Nauru), recherche depuis 2009 une ouverture de marché sur la Polynésie française.
Elle a par ailleurs annoncé mi-octobre 2010 un nouveau réseau 3G à Nauru.
Fin septembre 2010, à Vanuatu, de nouvelles antennes-relais ont été inaugurées sur des îles particulièrement isolées de l’archipel, celles de Vanua Lava et de Gaua (extrême Nord).
Fin février 2011, le groupe annonçait avoir dépassé le cap des onze millions d’abonnés, sur des marchés allant de la Caraïbe à l’Amérique centrale en passant par le Pacifique.
Digicel vient de fêter ses deux années d’implantation sur le marché fidjien, sur fonds de guerre commerciale sans merci avec les concurrents, dont l’opérateur « historique », Vodafone.
Entre les deux sociétés, la guerre est ouverte, aussi bien au plan des tarifs que des réseaux et tours de relais.
Cette société, qui s’est rapidement implantée, ces cinq dernières années, dans une demi-douzaine d’États insulaires du Pacifique (Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, Samoa, Tonga et Nauru), recherche depuis 2009 une ouverture de marché sur la Polynésie française.
Elle a par ailleurs annoncé mi-octobre 2010 un nouveau réseau 3G à Nauru.
Fin septembre 2010, à Vanuatu, de nouvelles antennes-relais ont été inaugurées sur des îles particulièrement isolées de l’archipel, celles de Vanua Lava et de Gaua (extrême Nord).
Fin février 2011, le groupe annonçait avoir dépassé le cap des onze millions d’abonnés, sur des marchés allant de la Caraïbe à l’Amérique centrale en passant par le Pacifique.
Digicel vient de fêter ses deux années d’implantation sur le marché fidjien, sur fonds de guerre commerciale sans merci avec les concurrents, dont l’opérateur « historique », Vodafone.
Entre les deux sociétés, la guerre est ouverte, aussi bien au plan des tarifs que des réseaux et tours de relais.
Les tours-relais fleurissent
Début avril 2011, après une vague d’installations de Digicel, Vodafone annonçait un nouvel investissement de treize millions de dollars locaux pour la mise en place de cinq nouvelles tour-relais, dans le Nord de l’archipel, sur l’île de Vanua Levu.
Mais la floraison de ces tours-relais n’a pas toujours été bien accueillie par les populations locales : la société de téléphonie mobile a été confrontée fin 2010 à des frictions avec le monde coutumier de Vanuatu.
Les chefs de l’île de Pentecôte (Nord-est) ont exprimé leur vive opposition à l’implantation de tours-relais et sont même allés jusqu’à exiger le paiement d’une amende traditionnelle de dix dents de cochons.
Dans la coutume de l’archipel de Vanuatu, la dent de cochon est l’un des symboles-clé et en fonction de sa courbure, sa valeur peut atteindre des sommes considérables.
Une amende de dix dents de cochons est considérée par conséquent comme particulièrement élevée.
Sur cette île du Nord-est de Vanuatu, les chefs coutumiers locaux avaient par ailleurs obtenu de la justice que la société démonte la tour qu’elle avait érigé sur un site qu’ils considèrent comme historique et culturel, au village de Langare.
La société a été priée de réinstaller son matériel à un autre endroit.
Elle a alors rapidement indiqué son intention de s’exécuter et, en plus du démantèlement de sa tour, de replanter les arbres alentours et de faire installer un panneau informant les visiteurs au sujet des richesses culturelles du site de Langare.
Sur cette île, les tours les plus célèbres sont aussi une attraction majeure de l’archipel, sur Pentecôte, à l’occasion des cérémonies du Saut du Gol (Nagol).
Dans la capitale fidjienne Suva, mi-août 2010, dans le cadre d’une autre affaire d’implantation de tour-relais dans une zone résidentielle et près d’un parc, un tribunal a déjà débouté Digicel en appel et a maintenu l’ordre de démonter cette tour de vingt cinq mètres de haut, érigée en 2008 et de payer les frais de procédure de l’ordre de deux mille cinq cent euros.
Digicel, qui poursuit sa progression dans le Pacifique depuis cinq ans, a par ailleurs annoncé courant août 2010 l’ouverture prochaine dans les environs de Brisbane (État australien du Queensland, Nord-est du pays) d’un centre régional assorti d’une station terrienne satellite dédiés au Pacifique.
Des méthodes commerciales parfois contestées
Au plan commercial, aussi, certaines surprises sont venues : fin octobre 2010, une nouvelle stratégie introduite par Digicel consistant à sceller des téléphones mobiles venus à bas prix a fait l’objet de vives critiques de la part des associations de consommateurs.
Les téléphones mobiles et leur capot, au dos de l’appareil, avaient été collés par la société avant qu’elle les mette en vente, rendant ainsi impossible de remplacer la carte à puce (SIM) d’origine par une autre venant éventuellement d’un autre opérateur.
Dans un environnement de libéralisation, passé le stade de la mise en place de réseaux multiples, c’est souvent au niveau de l’interconnectivité et de la possibilité d’appeler d’un réseau à l’autre que les sociétés concurrentes se sont affrontées, refusant de « partager » « leurs » abonnés.
Mais la floraison de ces tours-relais n’a pas toujours été bien accueillie par les populations locales : la société de téléphonie mobile a été confrontée fin 2010 à des frictions avec le monde coutumier de Vanuatu.
Les chefs de l’île de Pentecôte (Nord-est) ont exprimé leur vive opposition à l’implantation de tours-relais et sont même allés jusqu’à exiger le paiement d’une amende traditionnelle de dix dents de cochons.
Dans la coutume de l’archipel de Vanuatu, la dent de cochon est l’un des symboles-clé et en fonction de sa courbure, sa valeur peut atteindre des sommes considérables.
Une amende de dix dents de cochons est considérée par conséquent comme particulièrement élevée.
Sur cette île du Nord-est de Vanuatu, les chefs coutumiers locaux avaient par ailleurs obtenu de la justice que la société démonte la tour qu’elle avait érigé sur un site qu’ils considèrent comme historique et culturel, au village de Langare.
La société a été priée de réinstaller son matériel à un autre endroit.
Elle a alors rapidement indiqué son intention de s’exécuter et, en plus du démantèlement de sa tour, de replanter les arbres alentours et de faire installer un panneau informant les visiteurs au sujet des richesses culturelles du site de Langare.
Sur cette île, les tours les plus célèbres sont aussi une attraction majeure de l’archipel, sur Pentecôte, à l’occasion des cérémonies du Saut du Gol (Nagol).
Dans la capitale fidjienne Suva, mi-août 2010, dans le cadre d’une autre affaire d’implantation de tour-relais dans une zone résidentielle et près d’un parc, un tribunal a déjà débouté Digicel en appel et a maintenu l’ordre de démonter cette tour de vingt cinq mètres de haut, érigée en 2008 et de payer les frais de procédure de l’ordre de deux mille cinq cent euros.
Digicel, qui poursuit sa progression dans le Pacifique depuis cinq ans, a par ailleurs annoncé courant août 2010 l’ouverture prochaine dans les environs de Brisbane (État australien du Queensland, Nord-est du pays) d’un centre régional assorti d’une station terrienne satellite dédiés au Pacifique.
Des méthodes commerciales parfois contestées
Au plan commercial, aussi, certaines surprises sont venues : fin octobre 2010, une nouvelle stratégie introduite par Digicel consistant à sceller des téléphones mobiles venus à bas prix a fait l’objet de vives critiques de la part des associations de consommateurs.
Les téléphones mobiles et leur capot, au dos de l’appareil, avaient été collés par la société avant qu’elle les mette en vente, rendant ainsi impossible de remplacer la carte à puce (SIM) d’origine par une autre venant éventuellement d’un autre opérateur.
Dans un environnement de libéralisation, passé le stade de la mise en place de réseaux multiples, c’est souvent au niveau de l’interconnectivité et de la possibilité d’appeler d’un réseau à l’autre que les sociétés concurrentes se sont affrontées, refusant de « partager » « leurs » abonnés.
La téléphonie mobile, nouvel outil de développement ?
Mais le développement de la téléphonie mobile et de ses services associés, dans les grands centres urbains de l’Océanie insulaire, a aussi suscité l’élaboration de nouvelles solutions, quelquefois en partenariat avec des institutions bancaires et des partenaires de développement (Nations-Unies, Union Européenne, gouvernement australien, entre autres), qui y voient un nouvel instrument de développement et de lutte contre ce qu’ils appellent « l’exclusion financière ».
Les services de transfert d’argent, de paiement de fournisseurs, de consultation à distance sur son compte bancaire, sont désormais disponibles, par exemple à Fidji et à Tonga, à Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore à Nauru.
Reste qu’en milieu rural, même si les habitants de communautés insulaires reculées ont vu tout récemment et pour la première fois l’apparition de la téléphonie mobile, ils se trouvent souvent confrontés à un autre problème, plus basique encore.
À Vanuatu, les habitants de la petite île de Pentecôte confiaient début avril au quotidien local Daily Post que même disposant d’un réseau parfaitement fonctionnel et entourés de tours-relais, ils rencontraient les plus grandes difficultés à accéder à une prise de courant pour recharger leurs téléphones.
« C’est bien beau d’avoir tout ça maintenant. Au village, on a presque tous un téléphone. Mais quand il faut le charger, il faut d’abord trouver une prise », confiait un consommateur un tantinet irrité.
Des solutions ont donc une nouvelle fois été inventées, comme le recours à des groupes électrogènes ou à des personnes en possédant, et éventuellement l’achat d’essence, en commun, pour recharger les appareils ou la bienveillance de membres de la famille ou d’amis ayant accès à l’énergie.
pad
Les services de transfert d’argent, de paiement de fournisseurs, de consultation à distance sur son compte bancaire, sont désormais disponibles, par exemple à Fidji et à Tonga, à Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore à Nauru.
Reste qu’en milieu rural, même si les habitants de communautés insulaires reculées ont vu tout récemment et pour la première fois l’apparition de la téléphonie mobile, ils se trouvent souvent confrontés à un autre problème, plus basique encore.
À Vanuatu, les habitants de la petite île de Pentecôte confiaient début avril au quotidien local Daily Post que même disposant d’un réseau parfaitement fonctionnel et entourés de tours-relais, ils rencontraient les plus grandes difficultés à accéder à une prise de courant pour recharger leurs téléphones.
« C’est bien beau d’avoir tout ça maintenant. Au village, on a presque tous un téléphone. Mais quand il faut le charger, il faut d’abord trouver une prise », confiait un consommateur un tantinet irrité.
Des solutions ont donc une nouvelle fois été inventées, comme le recours à des groupes électrogènes ou à des personnes en possédant, et éventuellement l’achat d’essence, en commun, pour recharger les appareils ou la bienveillance de membres de la famille ou d’amis ayant accès à l’énergie.
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