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Les taxis à leur tour mobilisés, opérations escargot dans toute la France


Crédit Philippe LOPEZ / AFP
Crédit Philippe LOPEZ / AFP
Bordeaux, France | AFP | lundi 29/01/2024 - Les taxis perturbent lundi plusieurs axes majeurs un peu partout en France afin d'obtenir de l'Assurance maladie une renégociation du transport de patients, avec des opérations escargot à Paris, Marseille ou Bordeaux.

En parallèle de la colère des agriculteurs, qui ont commencé à 14H00 à bloquer plusieurs autoroutes en Ile-de-France en direction de la capitale, les chauffeurs de taxi ont donné de la voix avec une journée de mobilisation "reconductible", à l'appel de quatre organisations nationales.

La nouvelle loi de finance de la Sécurité sociale pousse au "covoiturage sanitaire" pour mutualiser les trajets des patients médicalisés, afin de faire des économies.

"On est solidaire des agriculteurs mais ce n'est pas le même combat", a déclaré à l'AFP David Barthez, 47 ans, chauffeur de taxi depuis 2006 à Toulouse.

De Paris à Marseille, de Nantes à Nice en passant par Lille et Nancy, les manifestants réclament une renégociation des conditions de rémunération du transport de patients, alors que la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) a mis sur la table une convention jugée défavorable par les syndicats qui réclamaient un statu quo.

Les taxis redoutent que les nouvelles conditions ne les forcent à des remises additionnelles sur leurs tarifs en cas de transport médical, qui représente souvent une partie importante de leur chiffre d'affaires.

Plusieurs syndicats de taxis doivent être reçus à 15H00 au ministère de la Santé.

À Lyon, entre 250 à 300 taxis ont ralenti la circulation sur le périphérique. Sur le véhicule de Pascal Wilder, président de la fédération du Rhône des Taxis Indépendants, on peut lire "les patients ne sont pas du bétail". 

Il se dit inquiet car "mettre des gens ensemble, qui ne se connaissent pas, qui ont des pathologies différentes, il y a un gros risque. Surtout avec des patients qui ont des problèmes d’immunité."

La mobilisation était prévue en amont de la crise des agriculteurs, il s’agit d’un "concours de circonstances, qui fait peut-être bien les choses", précise Pascal Wilder. 

Laurent Deshayes, vice-président de la Maison des Taxis du Rhône, exerce depuis 14 ans dans la métropole de Lyon. Le transport de patients médicalisés représente 50 à 60% de sa clientèle. "Le problème, c’est que si vous ne regroupez pas, les patients ne seront pas remboursés donc ça veut dire que nous, on ne sera pas payés. Ça veut dire qu’on va obliger les patients à attendre 1h, 2h, pour être regroupés".

"On ne lâchera rien"

"Plus ça va, plus on nous demande de faire des remises !", s'est indigné Éric Roulière-Laumonier, président du Syndicat des taxis de Bordeaux Métropole et de la Gironde (STBMG). "On ne lâchera rien, on va aller jusqu'au bout pour revenir sur de bonnes bases", a-t-il dit.

En Île-de-France, une opération escargot des taxis a descendu l'A13 tôt le matin en direction de la Porte d'Auteuil à Paris.

En Nouvelle-Aquitaine, quelque 500 taxis se sont mobilisés, selon les organisateurs et la préfecture, pour une opération escargot sur la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l'Espagne déjà bloqué la semaine dernière par plusieurs centaines d'agriculteurs en colère.

Dans les Bouches-du-Rhône, des taxis ont mené deux opérations escargot lundi matin: un cortège en direction de la préfecture dans le centre de Marseille et un autre sur l'autoroute A8 près d'Aix-en-Provence, compliquant la circulation. 

"La Caisse d'assurance maladie a décidé de nous imposer des tarifs sans négociation", a déclaré à l'AFP Céline Puech, qui travaille comme taxi (médical et classique) à Marseille.

D'autres manifestations ont été organisées à Brest, Quimper, Blois, Châteauroux, Orléans, Tours ou encore Toulouse, où l'antenne locale de l'Union nationale des taxis (UNT) revendique "plus de 400" manifestants qui ont notamment bloqué les accès à l'aéroport de Blagnac.

Les transports médicaux ont représenté des remboursements de près de 5,5 milliards d'euros en 2022, et 65 millions de trajets ont été réalisés sur l'année pour les seuls taxis et véhicules sanitaires légers (VSL), selon les auteurs du texte de loi. 

Près de 15% des trajets sont déjà partagés. L'idée est de réduire le coût des trajets pour la Sécurité sociale à hauteur de 100 millions d'euros par an entre 2025 et 2027, ainsi que la pollution.

le Lundi 29 Janvier 2024 à 06:22 | Lu 291 fois