40 experts étaient mobilisés dans les think tanks de l'ODEN. Ils ont rendu leurs conclusions ce jeudi après deux ans de travail.
PAPEETE, le 16 juin 2016 - L'Observatoire de l'économie numérique a restitué les conclusions de ses think tanks ce jeudi. Les idées des professionnels dessinent une Polynésie de demain où le haut début est généralisé, les démarches administratives se font en ligne et les start-up fleurissent.
Ce jeudi matin, les experts de l'Observatoire de l'économie numérique (ODEN) livraient le fruit de deux ans de travail lors d'une réunion rassemblant le ministre de l'Économie numérique Teva Rohfritsch, les équipes du ministère et de sa Direction générale (la DGAE, qui a organisé le travail des bénévoles), les journalistes et des membres des administrations venus curieux.
La réunion a permis de voir le fourmillement d'idées des professionnels du secteur pour développer une vraie industrie du numérique au Fenua. Les quatre think tanks travaillaient indépendamment, mais beaucoup de leurs conclusions sur les priorités se recoupent.
Ainsi, la pose d'un deuxième câble sous-marin pour sécuriser Honotua (ce qui permettrait de viabiliser le datacenter de Papenoo et d'attirer les investisseurs et talents du monde entier) était sur toutes les lèvres, ainsi que la création d'un vrai incubateur de start-up et la mise en place de la e-administration. Au niveau des obstacles identifiés, il s'agit surtout d'adapter la réglementation : créer au plus vite un vrai statut juridique pour les start-up et des incitations pour les investisseurs qui pourraient les financer ; mettre en place la signature électronique, ce qui permettrait de lancer les services bancaires et administratifs en ligne ; réformer le code des Postes et télécommunications…
Les think tanks ont aussi identifié des problèmes plus structurels : la difficulté d'effectuer des paiements en ligne ou de recevoir des paiements en ligne, énorme frein au e-commerce ; créer un abonnement "internet social" au prix minimal pour généraliser l'accès au web ; recenser les besoins de personnel qualifié dans les entreprises et les administrations pour adapter les formations proposées en Polynésie…
LA VISION D'UNE POLYNÉSIE NUMÉRIQUE
Une longue liste de problèmes à régler. Mais en échange, les professionnels offrent une vraie vision de ce que pourrait être une Polynésie où l'économie numérique est devenue un moteur de la croissance. En mélangeant toutes les idées des experts, on en arrive à une vision utopique, où l'accès à internet haut débit s'est généralisé jusqu'au fond des vallées et dans les îles éloignées. Les touristes ont accès à un wifi gratuit et à des services innovants dans tous les lieux qu'ils visitent.
Les jeunes, formées aux dernières technologies, travaillent pour des entreprises étrangères ou en freelance pour des clients à travers le monde depuis des espaces de travail partagé ou des pépinières co-financés par le Pays et le privé. Créer une start-up est d'une facilité déconcertante, et tout entrepreneur avec une bonne idée arrive à rapidement trouver les fonds nécessaires et les équipes adéquates. Dans la population, la sécurité informatique est une préoccupation de tous. Les services numériques sont omniprésents, du e-commerce à l'éducation à distance, sans oublier la télémédecine qui apporte les meilleurs soins aux habitants les plus isolés. Les administrations se sont ouvertes à la population et le service public est désormais "co-construit" avec les usagers. Des équipes de fonctionnaires forment de petites structures dynamiques nommées "start-up du Pays" qui font avancer l'administration comme jamais.
L'ODEN SERA REMPLACÉ PAR UN CLUSTER DU NUMÉRIQUE
Malgré cette vision très positive et les propositions très pratiques des professionnels pour y parvenir, il semble que l'ODEN ne soit pas un grand succès. Ce premier rapport est livré avec près de 18 mois de retard, au point qu'un certain nombre des préconisations des professionnels ont déjà commencé à être mises en œuvre dans les ministères. Teva Rohfritsch, qui a hérité l'observatoire de son prédécesseur Jean-Christophe Bouissou, a proposé aux experts de remplacer la structure par un Cluster, organisé sur le modèle du – très réussi – Cluster maritime. Une structure indépendante qui ne dépendrait plus du ministère pour son organisation et ses orientations, et pourrait mener ses propres actions. "Je n'ai jamais dis que je n'étais pas content de l'ODEN, mais comme je l'ai dit, un observatoire c'est bien, mais je préfère agir et pas observer, et un certain nombre de chantiers sont en cours depuis que j'ai pris mes fonctions. C'est vrai que j'ai moins communiqué (…), mais ça ne veut pas dire qu'on a rien fait comme ils ont pu le constater. Après, je les ai aussi titillé pour faire évoluer l'ODEN, et je pense que la formule du Cluster comme elle existe dans le monde maritime est une bonne formule, pour être force de proposition et d'action. Après, c'est à eux de saisir la balle au bond" nous a expliqué le ministre après la conférence.
Il faut dire que même les experts de l'ODEN ne sont plus très enthousiastes envers l'observatoire et considèrent que le modèle actuel a globalement échoué. Lors de sa création en mai 2014, l'ODEN devait être un vrai laboratoire d'idées au service du gouvernement. Les 40 experts issus de l'industrie, des associations et des administrations, nommés par arrêté du conseil des ministres, devaient se réunir en quatre "think tanks" pour plancher sur les différents sujets attribués par le gouvernement. À leur disposition, les ressources de la Direction générale de l'économie numérique (DGEN) pour financer des études sectorielles et assurer le travail d'organisation et de secrétariat de l'ODEN. À l'issue, les experts bénévoles devaient élaborer le "Plan de développement de l’économie numérique 2014-2018" du gouvernement puis l'abreuver de "rapports, analyses et propositions qui seront transmises au gouvernement et partagés avec le public sur le site observatoiredunumerique.pf" écrivions-nous il y a deux ans.
Pour citer John Steinbeck, "les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas", et l'observatoire aura finalement dû revoir ses ambitions à la baisse. Le site promis n'a jamais été mis en ligne, le Plan 2014-2018 est encore attendu et l'organisation même des think tanks n'a pas laissé de très bons souvenirs aux participants, qui ont pourtant beaucoup travaillé. Du coup il n'est pas étonnant que la proposition du ministre ait été accueillie avec beaucoup de prudence… D'autant que les professionnels sont déjà réunis dans une structure similaire à la proposition de Teva Rohfritsch : l'OPEN.
Ce jeudi matin, les experts de l'Observatoire de l'économie numérique (ODEN) livraient le fruit de deux ans de travail lors d'une réunion rassemblant le ministre de l'Économie numérique Teva Rohfritsch, les équipes du ministère et de sa Direction générale (la DGAE, qui a organisé le travail des bénévoles), les journalistes et des membres des administrations venus curieux.
La réunion a permis de voir le fourmillement d'idées des professionnels du secteur pour développer une vraie industrie du numérique au Fenua. Les quatre think tanks travaillaient indépendamment, mais beaucoup de leurs conclusions sur les priorités se recoupent.
Ainsi, la pose d'un deuxième câble sous-marin pour sécuriser Honotua (ce qui permettrait de viabiliser le datacenter de Papenoo et d'attirer les investisseurs et talents du monde entier) était sur toutes les lèvres, ainsi que la création d'un vrai incubateur de start-up et la mise en place de la e-administration. Au niveau des obstacles identifiés, il s'agit surtout d'adapter la réglementation : créer au plus vite un vrai statut juridique pour les start-up et des incitations pour les investisseurs qui pourraient les financer ; mettre en place la signature électronique, ce qui permettrait de lancer les services bancaires et administratifs en ligne ; réformer le code des Postes et télécommunications…
Les think tanks ont aussi identifié des problèmes plus structurels : la difficulté d'effectuer des paiements en ligne ou de recevoir des paiements en ligne, énorme frein au e-commerce ; créer un abonnement "internet social" au prix minimal pour généraliser l'accès au web ; recenser les besoins de personnel qualifié dans les entreprises et les administrations pour adapter les formations proposées en Polynésie…
LA VISION D'UNE POLYNÉSIE NUMÉRIQUE
Une longue liste de problèmes à régler. Mais en échange, les professionnels offrent une vraie vision de ce que pourrait être une Polynésie où l'économie numérique est devenue un moteur de la croissance. En mélangeant toutes les idées des experts, on en arrive à une vision utopique, où l'accès à internet haut débit s'est généralisé jusqu'au fond des vallées et dans les îles éloignées. Les touristes ont accès à un wifi gratuit et à des services innovants dans tous les lieux qu'ils visitent.
Les jeunes, formées aux dernières technologies, travaillent pour des entreprises étrangères ou en freelance pour des clients à travers le monde depuis des espaces de travail partagé ou des pépinières co-financés par le Pays et le privé. Créer une start-up est d'une facilité déconcertante, et tout entrepreneur avec une bonne idée arrive à rapidement trouver les fonds nécessaires et les équipes adéquates. Dans la population, la sécurité informatique est une préoccupation de tous. Les services numériques sont omniprésents, du e-commerce à l'éducation à distance, sans oublier la télémédecine qui apporte les meilleurs soins aux habitants les plus isolés. Les administrations se sont ouvertes à la population et le service public est désormais "co-construit" avec les usagers. Des équipes de fonctionnaires forment de petites structures dynamiques nommées "start-up du Pays" qui font avancer l'administration comme jamais.
L'ODEN SERA REMPLACÉ PAR UN CLUSTER DU NUMÉRIQUE
Malgré cette vision très positive et les propositions très pratiques des professionnels pour y parvenir, il semble que l'ODEN ne soit pas un grand succès. Ce premier rapport est livré avec près de 18 mois de retard, au point qu'un certain nombre des préconisations des professionnels ont déjà commencé à être mises en œuvre dans les ministères. Teva Rohfritsch, qui a hérité l'observatoire de son prédécesseur Jean-Christophe Bouissou, a proposé aux experts de remplacer la structure par un Cluster, organisé sur le modèle du – très réussi – Cluster maritime. Une structure indépendante qui ne dépendrait plus du ministère pour son organisation et ses orientations, et pourrait mener ses propres actions. "Je n'ai jamais dis que je n'étais pas content de l'ODEN, mais comme je l'ai dit, un observatoire c'est bien, mais je préfère agir et pas observer, et un certain nombre de chantiers sont en cours depuis que j'ai pris mes fonctions. C'est vrai que j'ai moins communiqué (…), mais ça ne veut pas dire qu'on a rien fait comme ils ont pu le constater. Après, je les ai aussi titillé pour faire évoluer l'ODEN, et je pense que la formule du Cluster comme elle existe dans le monde maritime est une bonne formule, pour être force de proposition et d'action. Après, c'est à eux de saisir la balle au bond" nous a expliqué le ministre après la conférence.
Il faut dire que même les experts de l'ODEN ne sont plus très enthousiastes envers l'observatoire et considèrent que le modèle actuel a globalement échoué. Lors de sa création en mai 2014, l'ODEN devait être un vrai laboratoire d'idées au service du gouvernement. Les 40 experts issus de l'industrie, des associations et des administrations, nommés par arrêté du conseil des ministres, devaient se réunir en quatre "think tanks" pour plancher sur les différents sujets attribués par le gouvernement. À leur disposition, les ressources de la Direction générale de l'économie numérique (DGEN) pour financer des études sectorielles et assurer le travail d'organisation et de secrétariat de l'ODEN. À l'issue, les experts bénévoles devaient élaborer le "Plan de développement de l’économie numérique 2014-2018" du gouvernement puis l'abreuver de "rapports, analyses et propositions qui seront transmises au gouvernement et partagés avec le public sur le site observatoiredunumerique.pf" écrivions-nous il y a deux ans.
Pour citer John Steinbeck, "les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas", et l'observatoire aura finalement dû revoir ses ambitions à la baisse. Le site promis n'a jamais été mis en ligne, le Plan 2014-2018 est encore attendu et l'organisation même des think tanks n'a pas laissé de très bons souvenirs aux participants, qui ont pourtant beaucoup travaillé. Du coup il n'est pas étonnant que la proposition du ministre ait été accueillie avec beaucoup de prudence… D'autant que les professionnels sont déjà réunis dans une structure similaire à la proposition de Teva Rohfritsch : l'OPEN.
Parole à : Teva Rohfritsch, ministre de l'Economie numérique
"Nous travaillons sur un portail unique qui donnera accès à tous les nouveaux téléservices de l'administration"
Plusieurs annonces ont été faites lors de cette restitution, dont une réforme du code des postes et télécommunications. Quelles en sont les orientations ?
"Elles seront dévoilées au moment opportun. C'est un objectif du second semestre, nous avons bien avancé et nous allons réunir les professionnels, en particulier les opérateurs, pour faire la consultation. Je ne peux rien dévoiler pour l'instant."
Vous avez aussi annoncé une médiathèque en ligne pour le centre culturel.
"Effectivement, dans le cadre du projet de centre culturel annoncé par Heremoana Maamaatuaiahutapu, il s'agit de faire le saut du numérique. Dans le projet d'infrastructure annoncé par le ministère de la culture, il y aura une part consacrée à cette médiathèque numérique, qui sortira en même temps que le projet."
Vous avez aussi annoncé des appels à projet pour l'économie numérique? De quoi s'agira-t-il ?
"Il s'agira de financer les start-up. On fera la même chose dans l'agriculture et pour l'économie circulaire. Donc l'idée est de lancer un concours ouvert au secteur privé, où tous ceux qui ont des idées pourront participer pour recevoir ces prix. Et ce ne seront pas des prix à 100 000 francs, le but est vraiment de leur donner de quoi financer leur projet. Nous allons réunir un atelier et présenter un texte à la rentrée, pour lancer le concours d'ici la fin de l'année."
Donc concomitant aux annonces de nouveaux services de e-administration qui seront lancés en novembre ?
"Oui, il y aura au moins cinq téléservices qui seront mis en œuvre au mois de novembre. Nous les annoncerons lors de la Semaine de l'innovation publique. Je ne vais pas encore vous les dévoiler, mais nous travaillons pour faire ne sorte que les ménages et les entreprises polynésiennes commencent à trouver des applications directes en matières de relation avec l'administration sur internet. L'objectif est de balayer les relations essentielles, et novembre ne sera qu'un démarrage. Pour la suite nous avons lancé un gros programme de formation des informaticiens du Pays et nous aurons, pour moitié de ces téléservices, recours à des entreprises, et pour moitié nous les ferons en régie, parce que je veux aller vite. Donc ensuite, nous lancerons de nouveaux téléservices au moins deux fois par an."
On a compris que le gros point de blocage pour les e-services est la signature électronique.
"Oui, c'est le gros blocage depuis que j'ai pris mes fonctions. Donc nous avons réuni les administrations, les spécialistes de l'État et du Pays. Il y avait un vide juridique, un transfert de compétences qui n'a pas été suivi de mise en application directe par le Pays. On il y avait le cadre national qui n'est plus censé s'appliquer ici, et ici un vide. On a lancé le chantier depuis un an avec mes services pour mettre en place le socle juridique et l'organisme de certification. L'objectif est de pouvoir identifier son interlocuteur sur internet de chaque côté, donc les usagers et l'administration. Il y aura un dispositif législatif avec une loi de Pays et une ou deux délibérations, pour le second semestre. Nous travaillons aussi sur un portail unique qui donnera accès à tous ces services, mais ce sera dévoilé en novembre…"
Plusieurs annonces ont été faites lors de cette restitution, dont une réforme du code des postes et télécommunications. Quelles en sont les orientations ?
"Elles seront dévoilées au moment opportun. C'est un objectif du second semestre, nous avons bien avancé et nous allons réunir les professionnels, en particulier les opérateurs, pour faire la consultation. Je ne peux rien dévoiler pour l'instant."
Vous avez aussi annoncé une médiathèque en ligne pour le centre culturel.
"Effectivement, dans le cadre du projet de centre culturel annoncé par Heremoana Maamaatuaiahutapu, il s'agit de faire le saut du numérique. Dans le projet d'infrastructure annoncé par le ministère de la culture, il y aura une part consacrée à cette médiathèque numérique, qui sortira en même temps que le projet."
Vous avez aussi annoncé des appels à projet pour l'économie numérique? De quoi s'agira-t-il ?
"Il s'agira de financer les start-up. On fera la même chose dans l'agriculture et pour l'économie circulaire. Donc l'idée est de lancer un concours ouvert au secteur privé, où tous ceux qui ont des idées pourront participer pour recevoir ces prix. Et ce ne seront pas des prix à 100 000 francs, le but est vraiment de leur donner de quoi financer leur projet. Nous allons réunir un atelier et présenter un texte à la rentrée, pour lancer le concours d'ici la fin de l'année."
Donc concomitant aux annonces de nouveaux services de e-administration qui seront lancés en novembre ?
"Oui, il y aura au moins cinq téléservices qui seront mis en œuvre au mois de novembre. Nous les annoncerons lors de la Semaine de l'innovation publique. Je ne vais pas encore vous les dévoiler, mais nous travaillons pour faire ne sorte que les ménages et les entreprises polynésiennes commencent à trouver des applications directes en matières de relation avec l'administration sur internet. L'objectif est de balayer les relations essentielles, et novembre ne sera qu'un démarrage. Pour la suite nous avons lancé un gros programme de formation des informaticiens du Pays et nous aurons, pour moitié de ces téléservices, recours à des entreprises, et pour moitié nous les ferons en régie, parce que je veux aller vite. Donc ensuite, nous lancerons de nouveaux téléservices au moins deux fois par an."
On a compris que le gros point de blocage pour les e-services est la signature électronique.
"Oui, c'est le gros blocage depuis que j'ai pris mes fonctions. Donc nous avons réuni les administrations, les spécialistes de l'État et du Pays. Il y avait un vide juridique, un transfert de compétences qui n'a pas été suivi de mise en application directe par le Pays. On il y avait le cadre national qui n'est plus censé s'appliquer ici, et ici un vide. On a lancé le chantier depuis un an avec mes services pour mettre en place le socle juridique et l'organisme de certification. L'objectif est de pouvoir identifier son interlocuteur sur internet de chaque côté, donc les usagers et l'administration. Il y aura un dispositif législatif avec une loi de Pays et une ou deux délibérations, pour le second semestre. Nous travaillons aussi sur un portail unique qui donnera accès à tous ces services, mais ce sera dévoilé en novembre…"