La Havane, Cuba | AFP | vendredi 19/07/2019 - Après des années dans l'ombre, sans moyens ni reconnaissance officielle, les skaters cubains espèrent être enfin acceptés alors que leur sport fera ses débuts olympiques à Tokyo-2020.
"En 2020, le skateboard va aux Jeux olympiques au Japon et cela nous incite à chercher comment nous améliorer, et peut-être que le gouvernement s'intéressera plus à nous", veut croire Ariel Gomez, 28 ans, qui s'entraîne dans le skatepark artisanal de Ciudad Libertad, à l'ouest de La Havane.
Sur ce terrain, Ariel aide régulièrement les apprentis skaters, avec comme "objectif" que "ce sport grandisse à Cuba".
Mais, même s'il y compte plusieurs centaines d'adeptes, le skateboard n'existe pas officiellement sur l'île socialiste : pas de fédération, pas d'entraîneurs, pas d'espaces dédiés.
Faute de tout cela, impossible pour les skaters cubains de se présenter aux épreuves qualificatives pour Tokyo-2020, dont certaines auront lieu à Los Angeles du 23 au 28 juillet.
"On a essayé plein de fois de parler avec le gouvernement, de nous réunir avec l'Inder (l'Institut cubain des sports, ndlr) pour qu'ils nous donnent un terrain, mais ils n'ont jamais voulu", se lamente Ariel.
Cette non-reconnaissance s'ajoute aux autres obstacles : dans un pays où le salaire mensuel moyen avoisine les 50 dollars, "il n'y a pas de boutique pour acheter" le matériel, regrette Roberto José Torres, 22 ans. Sur le marché noir, les prix grimpent. Un skate coûte 50 à 100 dollars.
Che Alejandro Pando, 46 ans, se rappelle de temps bien plus durs encore. Pionnier du skateboard à Cuba, il a commencé au début des années 1980, une décennie après que la mode de ce sport eut déferlé dans les rues de Californie.
"Il fallait fabriquer les skates et, pour les roues, inventer, trouver comment tu allais pouvoir les faire, par exemple en utilisant les pales d'un mixeur de cuisine russe", raconte ce tatoueur.
A l'époque, il n'y avait "pratiquement aucun contact avec l'ennemi impérialiste", c'est-à-dire les États-Unis, donc "même les figures, on a dû les inventer!"
Désespéré par le manque de matériel, Ariel Gomez a eu une idée de génie en 2010 : "On a commencé à se filmer et à publier les vidéos sur internet, en demandant de l'aide et en disant que ce serait bien si quelqu'un avait la possibilité d'amener des choses" sur l'île.
Son message a été entendu par la communauté mondiale du skateboard. Des skaters ont commencé à affluer d'Amérique latine, d'Europe et des États-Unis.
Désormais "tout fonctionne grâce aux dons". "Nous avons même reçu des dons monétaires, se félicite-t-il.
L'argent a permis de construire un skatepark au sein d'un bâtiment abandonné de Ciudad Libertad, ancienne garnison militaire transformée en école avec la révolution de Fidel Castro en 1959.
"On a trouvé cet endroit abandonné, rempli d'ordures, on l'a nettoyé et on a commencé à construire pour arriver à avoir un skatepark", explique Ariel.
C'est un terrain "créé par des skaters, pour des skaters", commente Che Alejandro.
Sur le plancher lisse en granit, les skaters s'élancent à toute vitesse, à côté des rampes, rebords et obstacles en béton, pour s'entraîner aux sauts et figures. Un terrain artisanal pour l'instant toléré par les autorités.
Ailleurs, les choses sont différentes. "On ne peut pas faire du skate dans la rue", "ils nous arrêtent, ils nous emmènent au poste de police et ils nous mettent des amendes", témoigne Raul Ortega, 19 ans.
Un tag sur l'un des murs du skatepark de l'Etat résume l'ambiance : "Fuck police", lit-on en grandes lettres rouges.
Le skateboard comme sport olympique? A Cuba, les skaters espèrent que cela les aide à être reconnus, et qu'un jour, ils pourront porter les couleurs de leur pays.
"Peut-être que moi, Raul ou un autre, on pourrait être un jour aux Jeux et gagner", avance Arian Rendueles, 16 ans.
Prudent, Ariel Gomez prévient qu'en skateboard, "le niveau mondial est élevé" et Cuba accuse "des années de retard".
Et Che Alejandro doute, lui, que "l'image de ces skaters de rue", avec "tatouages, piercing, cheveux longs et buveurs du rhum", "soit bien vue" par les autorités cubaines.
"En 2020, le skateboard va aux Jeux olympiques au Japon et cela nous incite à chercher comment nous améliorer, et peut-être que le gouvernement s'intéressera plus à nous", veut croire Ariel Gomez, 28 ans, qui s'entraîne dans le skatepark artisanal de Ciudad Libertad, à l'ouest de La Havane.
Sur ce terrain, Ariel aide régulièrement les apprentis skaters, avec comme "objectif" que "ce sport grandisse à Cuba".
Mais, même s'il y compte plusieurs centaines d'adeptes, le skateboard n'existe pas officiellement sur l'île socialiste : pas de fédération, pas d'entraîneurs, pas d'espaces dédiés.
Faute de tout cela, impossible pour les skaters cubains de se présenter aux épreuves qualificatives pour Tokyo-2020, dont certaines auront lieu à Los Angeles du 23 au 28 juillet.
"On a essayé plein de fois de parler avec le gouvernement, de nous réunir avec l'Inder (l'Institut cubain des sports, ndlr) pour qu'ils nous donnent un terrain, mais ils n'ont jamais voulu", se lamente Ariel.
- Dons de l'étranger -
Cette non-reconnaissance s'ajoute aux autres obstacles : dans un pays où le salaire mensuel moyen avoisine les 50 dollars, "il n'y a pas de boutique pour acheter" le matériel, regrette Roberto José Torres, 22 ans. Sur le marché noir, les prix grimpent. Un skate coûte 50 à 100 dollars.
Che Alejandro Pando, 46 ans, se rappelle de temps bien plus durs encore. Pionnier du skateboard à Cuba, il a commencé au début des années 1980, une décennie après que la mode de ce sport eut déferlé dans les rues de Californie.
"Il fallait fabriquer les skates et, pour les roues, inventer, trouver comment tu allais pouvoir les faire, par exemple en utilisant les pales d'un mixeur de cuisine russe", raconte ce tatoueur.
A l'époque, il n'y avait "pratiquement aucun contact avec l'ennemi impérialiste", c'est-à-dire les États-Unis, donc "même les figures, on a dû les inventer!"
Désespéré par le manque de matériel, Ariel Gomez a eu une idée de génie en 2010 : "On a commencé à se filmer et à publier les vidéos sur internet, en demandant de l'aide et en disant que ce serait bien si quelqu'un avait la possibilité d'amener des choses" sur l'île.
Son message a été entendu par la communauté mondiale du skateboard. Des skaters ont commencé à affluer d'Amérique latine, d'Europe et des États-Unis.
Désormais "tout fonctionne grâce aux dons". "Nous avons même reçu des dons monétaires, se félicite-t-il.
- Un jour aux Jeux? -
L'argent a permis de construire un skatepark au sein d'un bâtiment abandonné de Ciudad Libertad, ancienne garnison militaire transformée en école avec la révolution de Fidel Castro en 1959.
"On a trouvé cet endroit abandonné, rempli d'ordures, on l'a nettoyé et on a commencé à construire pour arriver à avoir un skatepark", explique Ariel.
C'est un terrain "créé par des skaters, pour des skaters", commente Che Alejandro.
Sur le plancher lisse en granit, les skaters s'élancent à toute vitesse, à côté des rampes, rebords et obstacles en béton, pour s'entraîner aux sauts et figures. Un terrain artisanal pour l'instant toléré par les autorités.
Ailleurs, les choses sont différentes. "On ne peut pas faire du skate dans la rue", "ils nous arrêtent, ils nous emmènent au poste de police et ils nous mettent des amendes", témoigne Raul Ortega, 19 ans.
Un tag sur l'un des murs du skatepark de l'Etat résume l'ambiance : "Fuck police", lit-on en grandes lettres rouges.
Le skateboard comme sport olympique? A Cuba, les skaters espèrent que cela les aide à être reconnus, et qu'un jour, ils pourront porter les couleurs de leur pays.
"Peut-être que moi, Raul ou un autre, on pourrait être un jour aux Jeux et gagner", avance Arian Rendueles, 16 ans.
Prudent, Ariel Gomez prévient qu'en skateboard, "le niveau mondial est élevé" et Cuba accuse "des années de retard".
Et Che Alejandro doute, lui, que "l'image de ces skaters de rue", avec "tatouages, piercing, cheveux longs et buveurs du rhum", "soit bien vue" par les autorités cubaines.