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Les retraites vont augmenter de 2% au 1er mai


Tahiti, le 19 avril 2022 – Pour lutter contre les effets de l'inflation, le conseil d'administration de la CPS a voté mardi matin un avis favorable à l'augmentation de 2 % des pensions de retraites relevant de la tranche A au 1er mai prochain.
 
Sitôt dit, sitôt fait. Jeudi dernier à l'assemblée, le président du Pays Édouard Fritch avait annoncé réfléchir à proposer "en temps opportun" une "baisse des charges sociales et une revalorisation des pensions de retraites" au conseil d’administration du Régime général des salariés de la Caisse de prévoyance sociale (CPS). Mardi matin, les administrateurs du régime étaient tous réunis au siège de la CPS pour rendre un avis sur la seconde partie de cette proposition : augmenter les pensions de retraite relevant de la tranche A de 2 % au 1er mai prochain. "Il n'y a pas vraiment eu de débat", se réjouissait sur place le ministre en charge de la Protection sociale généralisée (PSG), Yvonnick Raffin. "Il y a eu une quasi-unanimité sur le sujet. La disposition a plutôt été bien accueillie."
 
Équilibrer les comptes
 
Selon le président du conseil d'administration de la CPS, Jeff Benhamza –réélu dans la matinée à l'unanimité pour un second mandat d'un an– cette mesure va coûter 860 millions de Fcfp par année pleine et 505 millions de Fcfp pour le reste de cette année à la CPS. Reste maintenant à trouver comment équilibrer la branche retraite. Et pour cela, le président du conseil d'administration de la CPS s'en tient aux déclarations initiales du ministre Yvonnick Raffin et ne compte pas sur la nouvelle TVA sociale. "La contribution pour la solidarité ne va pas intervenir sur la retraite, elle va intervenir sur la maladie", explique Jeff Benhamza. "Pour les retraites, il va falloir que l'on trouve des solutions pour équilibrer. On est en train de travailler dans des commissions en interne à la CPS pour savoir comment on peut équilibrer les comptes en s'appuyant sur les travaux du COSR et d'autres travaux que l'on va faire. Parce que l'idée, c'est qu'à un moment donné, il va bien falloir que l'on arrive à l'équilibre."
 
Pour ce qui est de la branche maladie, la TVA sociale doit permettre d'équilibrer les comptes et de rembourser les deux prêts garantis par l'État consentis pendant la crise Covid. "C'était l'idée de départ et c'est la raison pour laquelle les partenaires sociaux, globalement, ne se sont pas arcboutés contre cette mesure. Parce qu'ils savaient très bien qu'elle était indispensable, sinon on partait dans le mur. Quatre milliards vont donc être fléchés sur les arrêts maladie et deux milliards sur le FELP (Fonds pour l'emploi et la lutte contre la pauvreté) et le RSPF (Régime de solidarité)", explique Jeff Benhamza. Un rendement de six milliards est donc attendu pour 2022, contre huit milliards en année pleine. Même si les premiers retours exacts sur ce rendement de la TVA sociale sont attendus entre fin juin et fin juillet. Entre-temps, les partenaires sociaux comptent tous sur les fameuses assises de la santé, ré-annoncées pour le 6 mai prochain, pour trouver des économies sur la maladie.
 
Partenaires sociaux au diapason
 
Côté partenaires sociaux, le vote de mardi a été quasiment unanime, à l'exception de l'abstention d'un administrateur syndicaliste qui demandait une revalorisation plus haute. Même du côté de A Ti'a i Mua, pourtant très remonté contre la mise en place de la TVA sociale, la mesure est passée sans mal. "On est conscient qu'il fallait faire un geste pour les petits retraités", explique Dimitri Pitoeff. "La cause principale c'est l'inflation, l'augmentation des prix très forte, et le fait que la dernière augmentation des pensions de retraite c'était de 0,5 % en 2018 sur proposition de A Ti'a i mua". Le syndicaliste dit avoir constaté une augmentation des prix, notamment PPN, de 40 % sur le 'Panier futé' diffusé par la Direction général des affaires économiques entre décembre et avril. "Je continue de dire que ce n'était pas le moment de rajouter de l'inflation à l'inflation avec une TVA non déductible", rappelle néanmoins Dimitri Pitoeff.
 
Côté patronat, le Medef a également voté favorablement "pour des raisons de solidarité", explique Frédéric Dock. "Il s'agit d'une population qui fait partie des moins favorisées. La retraite moyenne de cette population, qui fait un peu plus de 30 000 personnes, représente autour de 90 000 Fcfp par mois. Donc bien au-dessous du Smig. Et à partir du moment où tout le monde était d'accord pour dire qu'il fallait pousser le Smig, on ne pouvait pas imaginer que pour ceux qui touchent moins, on n'applique pas un minimum de solidarité." Mais là aussi, le patronat met en garde pour la suite des événements. "On parle bien de solidarité. Parce qu'il n'est pas question de rentrer dans une spirale inflationniste et que derrière il en découle qu'on fasse pareil avec la tranche B, qui est au bord du gouffre, ou avec l'ensemble des salaires. Puisque les entreprises ne pourront pas l'assumer, ni aujourd'hui, ni demain."
 
Seul le Syndicat autonome des retraités de Polynésie (Sgarp) a contesté dans la journée cette revalorisation jugée "très insuffisante" dans un communiqué.
 

Yvonnick Raffin, ministre en charge de la PSG : "Une quasi-unanimité sur le sujet"

Vous avez demandé aujourd'hui au conseil d'administration de la CPS d'avaliser une augmentation des pensions de retraite ?
 
"Effectivement. À l'instar des annonces du président, s'agissant de la revalorisation du Smig et du point d'indice des fonctionnaires, il était important pour nous au gouvernement de proposer au conseil d'administration une revalorisation des pensions de retraite à compter du 1er mai à hauteur de 2 %. Il n'y a pas vraiment eu de débat à ce sujet au sein du conseil d'administration du régime général des salariés, où il y a eu une quasi-unanimité sur le sujet. La disposition a plutôt été bien accueillie."
 
Le patronat tiquait jeudi dernier sur le fait que ces augmentations du Smig, du point d'indice ou des retraites ne devaient pas peser sur les entreprises. Sera-t-il possible de baisser ces charges sociales, notamment grâce à la TVA sociale ?
 
"C'était aussi l'annonce du président. Cela fera l'objet d'un prochain conseil d'administration pour proposer une baisse des taux de cotisation de la maladie. Normalement en 2022, mais la condition sine qua non pour prendre cette décision, c'est de connaître le rendement de la TVA sociale. (…) Nous avons une clause de revoyure en septembre-octobre avec les partenaires sociaux. Nous évaluerons à ce moment-là le rendement effectif de cette contribution pour la solidarité. Et le conseil d'administration de la CPS prendra ses décisions en connaissance de cause."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 20 Avril 2022 à 17:05 | Lu 3653 fois