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Les professionnels de l'hôtellerie , de la restauration et de la distribution "bloquent" sur les nouvelles lois fiscales.


Les professionnels de l'hôtellerie , de la restauration et de la distribution "bloquent" sur les nouvelles lois fiscales.
Les nombreuses péripéties liées au vote du budget du pays plongent bon nombre de professionnels dans une situation compliquée voir même, pour certains secteurs ubuesque. C'est le cas pour les professionnels de l'hôtellerie, de la restauration et de la distribution qui se sont réunis ce matin à l'hôtel Tahiti Nui afin de dénoncer un contexte intolérable mais aussi dans le but de se mettre d'accord sur les dispositions à prendre.

Rappel Historique :
Son premier budget ayant été refoulé le 22 février dernier par l'assemblée, le président Tong Sang l'avait "remanié" et dans le but de l'équilibrer avait eut recours à une augmentation des taxes sur les boissons sucrées et les alcools, ainsi que l'abrogation du régime d'exonération sur les vins et les champagnes dans les hôtels et restaurants conventionnés. Une mesure prise à la hâte sans tenir compte de la grogne des professionnels et des organisations patronales dont la voie s'élève aujourd'hui. "Malgré nos différentes rencontres avec le Président Tong sang, ce dernier est resté sourd à nos doléances et au lieu de nous proposer un vrai plan de relance, il taxe encore plus les secteurs sinistrés", explique Marc Reissinger, le Président du Conseil des Professionnels de l'Hôtellerie.

Avec l'adoption de son budget N° 2, la loi de pays n° 2011-3 du 28 février 2011 est (pour le moment) validée, et donc applicable depuis le 1er mars.Une mise en application immédiate qui ne respecte pas le délai nécessaire à la diffusion de l'information auprès de tous les professionnels, selon le conseil.

Des professionnels aujourd'hui confrontés à une "vraie usine à gaz", explique Marc Reissinger . En effet, les professionnels se demandent s'ils doivent payer des taxes sans savoir si le budget sera entériné ou s'il sera refoulé par le tribunal administratif. "Payer des taxes,cela veut dire aussi augmenter nos tarifs , refaire nos cartes...ce n'est pas anodin!". Une augmentation des tarifs qui sera nécessaire: Sur le tableau présenté par Fabrice Baffou, Directeur de la Brasserie du Pacifique, on constate en effet que l'impact que ces mesures pourraient occasionner des augmentations allant de 75 à 120 % sur le prix des bouteilles de vins et de champagne vendues en restaurant, et de 10 à 15 % dans les magasins.Par exemple, une bouteille vendue aujourd'hui 4 500 francs sur la table d'un restaurant conventionné ramènera le prix de cette bouteille à 8900 francs!

"Cela va complètement en dépit du bon sens", s'insurge Marc Reissinger, "A l'époque ou tous les pays du monde mettent en place des plans de relance concrets pour redynamiser leur industrie touristique, nos gouvernants locaux continuent à mettre des obstacles supplémentaires au développement du tourisme. Ces mesures vont alourdir plus encore la note des vacanciers en Polynésie, 70 % des produits alcoolisés vendus par les hôtels sont consommés par les touristes! Les tour opérators vont certainement réagir vivement !"

"Les établissements hôteliers et restaurants verront leur chiffre d’affaire se réduire considérablement et cela aura un impact direct sur l’emploi.
Or notre secteur a enregistré une perte conséquente d’emploi depuis 2008 suite à la crise économique mondiale, nous risquons une perte supplémentaire de1000 postes conséquence directe des nouvelles lois édictées par le Gouvernement en place.

Le gouvernement ne cesse de répéter que le tourisme est un secteur prioritaire à développer
D’un côté, des dispositifs d’aide à l’emploi sont maintenus dans notre secteur sinistré, de l’autre côté, le gouvernement impose une loi de Pays qui aura comme conséquence directe d’importantes pertes l’emploi…Où est la logique ?
"




Des mesures qui pourraient provoquer l'effet inverse de celui escompté, selon la courbe de Laffer

La courbe de Laffer
La courbe de Laffer
"iLa courbe de Laffer est une modélisation économique développée par des économistes de l'offre, en particulier Arthur Laffer, basée sur l'idée que la relation positive entre croissance du taux d'imposition et croissance des recettes de l'État (l’État étant défini au sens large, c’est-à-dire que le terme représente ici toutes les administrations publiques) s'inverse lorsque le taux d'imposition devient trop élevé.
Lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de l’impôt conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents économiques sur-taxés seraient incités à moins travailler (cela ne vaut plus la peine de travailler si les revenus issus du travail sont trop faibles).]i"
Wikipedia

"En effet en taxant plus, on fait diminuer le pouvoir d'achat donc moins de consommation, moins d'importations, moins de recettes fiscales pour le pays!" CQFD

Interview du président de la CGPME

Les professionnels de l'hôtellerie , de la restauration et de la distribution "bloquent" sur les nouvelles lois fiscales.
Questions d'actualité posées à Monsieur Christophe PLEE président de la CGPME

C.D Bonjour M. PLEE et merci de nous accueillir pour cette interview. Je vous propose de commencer cette entrevue sur le fait que la Polynésie française compte actuellement deux budgets, sans réellement en avoir un et que le gouvernement censé le défendre ne compte plus que quelques ministres, quel est le regard de la CGPME ?

C.P : le regard de la CGPME, c'est le regard des petits chefs d'entreprise qui ne comprennent plus aujourd'hui la situation dans laquelle se trouve la Polynésie française, dans cet imbroglio politico- juridique avec deux budgets dont on ne sait lequel est valide avec pour conséquence une paralysie des investissements s'y rattachant.
Aujourd'hui il faut bien reconnaître que les chefs d'entreprise sont fatalistes, car ils ne voient pas le bout du tunnel et je pense que l'important aujourd'hui serait de revenir aux fondamentaux de la démocratie, car la preuve nous est donnée tous les jours que l'on ne peut gouverner sans majorité et que sans majorité on ne peut faire avancer un pays.

C.D : depuis quelques mois, les chefs d'entreprise ont été lourdement sollicités sur un plan financier au travers de taxes qui viennent s'ajouter à une longue liste de prélèvements déjà existants, quel est votre sentiment ?

C.P : après avoir participé à maintes réunions pour sauver la protection sociale généralisée et aussi les retraites, les employeurs ont accepté de participer de façon conséquente au travers de leurs cotisations patronales, au soutien financier pour le sauvetage de la caisse pour l’année 2011.
Ce qui est aberrant c'est que, après avoir demandé aux chefs d’entreprises de combler ces déficits, le gouvernement préparait en catimini, de nouvelles mesures fiscales sans en informer les chefs d’entreprise et nous annonçait les mesures alors même que le budget était déjà en cours de transmission à l’assemblée. Pour la CGPME, ces méthodes sont inacceptables.


C.D quand vous parlez de mesures fiscales, vous parlez des dernières mesures qui ont été proposées au travers du budget du gouvernement ?

C.P la CGPME s'est déjà exprimé sur le sujet, mais c'est vrai que la création d'une CST spécialement réservée aux dirigeants d'entreprise alors que ces derniers la payent déjà, est totalement intolérable. C'est pourquoi nous sommes aujourd'hui dans l'expectative et nous attendons comme tout le monde de savoir quel est le budget qui sera mis en place pour pouvoir entamer des recours juridiques au cas où ceux-ci s'avéreraient nécessaires à la défense des petits chefs d'entreprise qui ont déjà mis la main à la poche. Le problème c'est que les entreprises sont comme une réserve naturelle dans laquelle le gouvernement pourrait venir puiser à sa guise dès qu’il a besoin de financement.

C.D pour les employeurs, y a-t-il une différence importante entre le budget du président et le budget de l'assemblée ?

C.P oui effectivement les deux budgets sont différents puisqu'il y a un budget sur les deux qui comportent nettement moins de taxes sur les entreprises et la population. Aujourd'hui la politique du « toujours plus de taxes » n'est sûrement pas la solution si l'on veut parler de relance économique. On a parlé pendant deux ans de relance économique et aujourd'hui la seule chose que l'on est capable de faire, c'est d'aller chercher sur l'entreprise de quoi combler les trous du déficit de l'action publique alors que l'entreprise n'arrive déjà plus à créer d'emplois. Alors si c'est ça le plan de relance, on n'y comprend plus rien !

C.D dernièrement, la décision a été prise de retirer le conventionnement aux bars-restaurants et hôtels concernant la vente de boissons. Avez-vous mesuré l'impact de cette décision ?

C.P la CGPME avait accepté à travers les négociations de la PSG, une taxe sur les boissons sucrées et alcoolisées. Ça, c’était entériné et fait en toute transparence avec le gouvernement et puis par la suite, on vient nous parler des déconventionnements pour nos hôtels, nous restaurants, nos snacks, tout ce qui touche au tourisme. Encore une fois, nous ne comprenons plus la démarche entreprise par le gouvernement ! Si on doit s'inscrire dans une relance économique, est-ce que l'on souhaite faire payer les touristes et rendre notre destination encore plus chère ? La CGPME ne peut cautionner de tels choix. On ne peut pas demander aux entreprises de mettre la main à la poche en taxant l'activité pour qu'au final, il n'y ait aucune relance et que le pays continue sa descente aux enfers.


C.D nous avons vu récemment que les services fiscaux du pays ont décidé de redresser les établissements détenteurs des distributeurs de boissons automatisées en les assimilant à des producteurs. Quel regard porte la CGPME sur cette décision ?

CP La CGPME s'est emparée du dossier en compagnie de tous les interlocuteurs concernés. Ce qui est incroyable, c'est l'acharnement des services fiscaux à exhumer un ancien texte et à en sortir une interprétation de ce que peut être un producteur, qui va à l'inverse de ce que l'on peut trouver dans tout autre pays. Aujourd'hui on considère qu'un producteur de boissons sucrées, c'est quelqu'un qui détient un appareil qui lui a été fourni par un autre producteur de boissons… !
Tout cela n'est pas très sérieux, on a besoin d'argent, on fait donc de la fiscalité opportuniste parce que les caisses sont vides. La CGPME suivra de très près la suite des événements et engagera les recours nécessaires avec l'ensemble de ses adhérents, contre ces mesures. On peut néanmoins s'étonner de la définition qui nous est donnée de producteurs de boissons puisque si les établissements qui utilisent ces machines, sont considérés comme des producteurs, il serait donc intéressant de revoir la définition du producteur local pour redéfinir les TDL en vigueur pour l'ensemble des producteurs de la Polynésie!!!
En effet C'est donc un débat qui est ouvert par le service des contributions concernant la taxe de développement local suite à la nouvelle définition donnée de ce qu’est un producteur local en Polynésie. La CGPME ne manquera pas de prendre bonne note de cette définition.

C.D concernant l'avenir, quel est votre regard ou quelles sont vos attentes ?

C.P dans l’imbroglio politico-juridique dans lequel on vit aujourd'hui, on voit bien que l'on ne pourra pas tenir jusqu'à 2013 avec le système actuel. Ce n'est plus possible, il faut que les gens prennent leur responsabilité. Il est temps que les Polynésiens puissent se retrouver au travers de ses leaders politiques en se rassemblant autour d'un gouvernement d'union qui pourrait nous emmener jusqu'à 2013 avec un cahier des charges ou une feuille de route qui soit précise et claire et qui aurait l'assentiment de tous. Ou alors il faut que l'on retourne aux urnes afin de définir une majorité claire et nette.

C.D faites-vous parti de ceux qui demandent un grand changement ?

C.P Il n'y aura pas de grands changements avant les élections. Le grand changement c'est les élections, c'est les gens qui donnent mandat à une équipe gouvernementale pour réaliser un programme sur cinq ans. Aujourd'hui les politiques que nous avons et ceux qui viendront avant 2013 ne peuvent pas avoir de projet car ils n'ont pas de budget et pas de programme réel. Aujourd'hui on ne parle plus de grand projets, les gens se succèdent dans les ministères sans avoir aucune vision pour la Polynésie. Les vrais projets réapparaîtront qu’avec des élections.


C.D est-ce que les résultats des élections de Mahina sont un signal fort pour nos politiques ?

C.P oui effectivement, ce qui est arrivé à Mahina est symptomatique, c'est la société civile qui a pris la main bénéficiant du rejet des politiques par la population. C'est un signal fort qui a perturbé l'échiquier politique.

C.D alors justement, ce sera ma dernière question, Christophe PLEE en politique, c'est possible ?

C.P Non pour le moment ce n'est pas possible, car je ne suis pas de ceux qui mélangent les genres, je suis de ceux qui mènent des missions pour l'intérêt public, actuellement la mienne est de mener la CGPME et j'entends la mener du mieux possible.

Interview réalisé par le service de communication de la CGPME

Rédigé par Na M le Mercredi 9 Mars 2011 à 11:49 | Lu 2863 fois