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Les prestataires d'aéroport inquiets


Tahiti le 01 février 2023 – Alors que dans leurs revendications, les pompiers de l’aviation civile situés dans les îles éloignées demandent à travailler à temps plein, quitte à faire du jardinage, les prestataires eux s’inquiètent pour leur avenir. 

Depuis le début des négociations entre le Pays et les pompiers d’aérodrome, la Fédération de Rassemblement des Agents des Administrations de Polynésie (FRAAP) demande à ce que le temps de travail des pompiers des îles éloignées, notamment aux Tuamotu, où il n’y a qu’un ou deux avions par semaine voire par mois, soit revu à la hausse et passe de 50% à 100%, quitte à faire du jardinage. Sauf que dans ces îles, ce sont des prestataires qui s’occupent des espaces verts des aérodromes. Cette revendication les inquiète car elle met en danger leur avenir professionnel.

Ils sont près d’une vingtaine de prestataires, tous natifs des Tuamotu, à avoir répondu à un appel à candidature lancé par la Direction de l’aviation civile (DAC) en 2019 et qui devrait être relancé cette année. La majorité d’entre eux effectuent cette prestation depuis près de quinze ans, après avoir répondu aux appels d’offre lancés à cette époque par l’Équipement. Ils ont la charge des espaces verts et de nettoyer la piste, notamment lorsque les grosses houles y déposent des morceaux de coraux ou du sable. Un travail qui leur prend entre 70 et 90% de leur temps, pour une rémunération mensuelle entre 80 et 100 000 Fcfp. “C’est un petit bout de pain qu’on veut nous retirer de la bouche”, disent-ils, en envisageant que ce protocole soit validé.   

Ils sont tous inquiets. Si le nouvel appel à candidature n’était pas lancé cette année suite à la revendication des pompiers, les prestataires n’auraient plus de travail. “Cela va être encore plus difficiles pour nous, les mois prochains, on risque tous de perdre notre travail. On va se retrouver avec rien car ces marchés vont être donnés aux pompiers qui vont être à temps plein au lieu de mi-temps. Déjà qu’on n’a pas grand-chose pour vivre, là on va être dans la merde. En plus on a fait des prêts pour pouvoir lancer ces marchés”, dit un de ces prestataires désespéré.

Ces “jardiniers”, qui suivent de très près les négociations depuis leur motu, craignent que le Pays ne lâche “vu la pression que les pompiers mettent avec surtout le blocage possible de toute la Polynésie”.
Ils font également état du fait qu’eux ne peuvent évoluer dans leur carrière contrairement aux hommes du feu, qui de plus peuvent suivre des formations.

Bouissou et Barff d’accord sur ce point

Interrogés à ce sujet, le vice-président Jean-Christophe Bouissou et le syndicaliste Gérard Barff sont au moins d’accord sur un point : ne pas vouloir enlever leur travail à ces prestataires pa’umotu. Mais ils ne sont pas d’accord sur la méthode.

Le vice-président, concernant les pompiers, explique : “On va leur donner du boulot supplémentaire (…) on va leur octroyer ce travail de débroussaillage sur les aéroports pour qu’ils fassent au moins 100%. On ne va pas payer des gens pour la moitié du temps en les payant 100%”. Pour les prestataires, il affirme que la DAC va laisser couler les prestations jusqu’à la fin du contrat et qu’un courrier va être envoyé à tous les pompiers concernés pour savoir s’ils sont intéressés ou pas. “Entre une position d’un syndicat et les faits sur le terrain il y a une grande différence donc nous sommes en train de regarder cela de près.” Il précise néanmoins : “Notre souhait ce n’est pas d’enlever le pain de la bouche de certaines entreprises, bien au contraire”.

De son côté le syndicaliste Gérard Barff admet lui aussi que “on n’est pas là pour enlever le pain de la bouche des prestataires, il faut trouver une solution, on n’est pas là pour foutre les gens dehors”. Pour lui, c’est au Pays à “trouver une solution pour eux et pour nous aussi. Il n’a qu’à nous mettre à 100%, laisser les prestations et trouver autre chose. Il y a plein de choses à faire dans nos îles”.  
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 1 Février 2023 à 21:31 | Lu 1772 fois