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Les pompiers en ont plein les bottes


Tahiti, le 10 mars 2020 – Les sapeurs-pompiers de Tahiti et de Moorea ont manifesté ce mardi matin rejoignant le parc exposition de Mama'o et l'assemblée de la Polynésie française. Ils souhaitent mettre en place un statut particulier qui leur permettra de participer à l'élaboration des textes qui les concernent directement pour que leur métier soit reconnu et valorisé aux yeux de la jeunesse.

Ce sont exactement 178 sapeurs-pompiers du fenua qui ont manifesté, ce mardi matin dès 10 heures, entre le Parc d'expositions de Mama'o et l'assemblée de la Polynésie française. Les soldats du feu de Tahiti et une équipe de Moorea ont demandé la reconnaissance et la valorisation de leur profession qui peine à attirer la jeunesse. Seuls les pompiers qui étaient en repos ou en congés ont pris part à cette manifestation. Des équipes étaient réquisitionnées en caserne pour assurer la réception des appels.

Les cadres présents pour l'occasion ont expliqué que cette manifestation est partie d'un constat : "Lors des appels à candidature, il y a eu plus de candidatures déposées par des métropolitains que par des locaux, et c'est là qu'on s'est demandé pourquoi notre métier n'attirait plus", selon Richard Haupuni, chef de corps des sapeurs-pompiers de Mahina.

Un statut particulier dans la fonction publique

Richard Haupuni a expliqué que dans l'administration publique, il n'y aurait que quatre spécialités : administrative, technique, publique et civile. "Mais il ne faut pas se mentir, nous fonctionnons en heures de garde et non pas en heures administratives". Il a notamment rappelé que les sapeurs-pompiers travaillaient durant les jours fériés "alors que les autres sont chez eux et ces heures ne sont pas bien prises en compte". Par là, il entend qu'il n'existe pas de récupération pour les heures travaillées. Le statut particulier qu'ils voudraient mettre en place leur permettrait d'extraire leur domaine qui est la sécurité civile des quatre autres spécialités, et donc de travailler sur des textes qui les concernent spécifiquement, sans tenir compte des autres spécialités.

Des conditions de travail "difficiles"

Les pompiers ont aussi dénoncé des conditions de travail difficiles. "Nous avons des gardes de 24 heures et, sur ces 24 heures, seules 16 heures sont payées". Selon les calculs effectués par les soldats du feu, cela représenterait près de trois mois de bénévolat par an.

À cela s'ajoute le manque d'effectif. En effet, les jeunes ne seraient plus attirés par la profession, à tel point que les sapeurs-pompiers en fin de carrière comme Charles Vana'a de Faa'a se disent "profondément inquiets". Ce manque d'effectif cause des problèmes de taille, puisque les pompiers fonctionnent en "prompt secours", avec un personnel opérationnel journalier (POJ) "de quatre, cinq, voire six personnes dans les meilleurs jours". Richard Haupuni a expliqué que d'ordinaire, les POJ devraient regrouper plus de neuf personnes. "Je vous invite à regarder dans les ambulances, d'ailleurs, quand elles vont sur le terrain. Vous pourrez voir que souvent, ils ne sont que deux personnes. On n'a pas l'effectif adéquat pour assurer les demandes de secours, mais on répond quand même présent, mais avec un effectif inférieur à ce qui est légal".

Les pompiers présents à la marche expliquent le manque d'entrain de la jeunesse pour intégrer le corps des sapeurs-pompiers par le fait que le salaire longtemps fixé au Smig. "En tout, il faut près de onze ans pour commencer à être payé correctement", soit plus du Smig.

Les solutions avancées par les pompiers

"La grande majorité des pompiers regroupe des fonctionnaires de catégorie D", selon Richard Haupuni. Un de ses collègues a pointé du doigt le fait que la catégorie D regroupe "des personnes non diplômées" et que, pourtant, tout au long de leur carrière, les sapeurs-pompiers passent "près d'une dizaine de diplômes pour conduire une ambulance ou pour s'adapter aux conditions quand ils exercent dans des lieux spéciaux comme le port de Papeete". "Et pourtant, tout cela n'est pas pris en compte pendant les examens professionnels ou pour l'évolution de carrière". Richard Haupuni a donc expliqué qu'il serait souhaitable de se référer au modèle métropolitain, dans lequel "la catégorie D n'existe tout simplement pas".

En outre, les sapeurs-pompiers ont demandé à "être entendus" par le conseil supérieur, pour que leurs recommandations soient prises en compte quand des textes les concernant devront être votés.

le Mardi 10 Mars 2020 à 17:01 | Lu 2092 fois