New York, Etats-Unis | AFP | mercredi 28/01/2015 - En offrant aux actionnaires le trésor d'Alibaba, la patronne de Yahoo!, Marissa Mayer, obtient un répit. La pression va toutefois remonter si elle reste incapable de relancer le groupe internet.
Yahoo! a annoncé mardi soir son intention de mettre le reste de sa participation dans le géant chinois du commerce en ligne, évaluée à 40 milliards de dollars, dans une société indépendante dont il distribuera gratuitement les actions à ses actionnaires.
Marissa Mayer "a gagné du temps pour redresser l'activité en n'utilisant pas cet argent pour des acquisitions mais en le reversant aux actionnaires. Mais une fois que Yahoo! se sera séparé de cet actif, l'accent va s'intensifier sur le coeur de métier", indique à l'AFP Colin Gillins, analyste chez BGC Partners.
"Quand les gens devront décider s'ils veulent détenir des actions (de Yahoo!) en tant qu'activité indépendante, la pression sur elle va augmenter", prévient-il.
- Lune de miel terminée -
Marissa Mayer est arrivée aux commandes de Yahoo! à l'été 2012 avec pour mission de faire repartir la croissance de l'ex-fleuron d'internet.
Cette nouvelle jeune patronne (elle n'a toujours que 39 ans) apportait une image glamour de passionnée de mode aux cheveux blonds habituée des pages des magazines féminins, mais aussi son expérience de star montante chez Google.
Elle était devenue en 1999 la 20e salariée, et première femme ingénieure, de la petite startup qui détrônerait plus tard Yahoo! comme roi de la recherche en ligne, et a imposé sa marque sur une centaine de ses produits, une créativité dont Yahoo! espérait bien à son tour profiter.
La lune de miel tire toutefois à sa fin.
"Le redressement n'est pas facile, il y a encore beaucoup de travail à faire. Les efforts jusqu'ici n'ont pas débouché sur de meilleurs revenus", souligne Colin Gillis: le chiffre d'affaires a encore baissé de 1% au quatrième trimestre.
"La partie difficile commence", résume dans une note Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group.
La décision sur Alibaba devrait apaiser provisoirement les investisseurs activistes comme le fonds Starboard Capital, qui milite depuis l'an dernier pour que Yahoo! dégage davantage de valeur pour ses actionnaires, "mais le moment viendra bientôt où les résultats opérationnels auront de l'importance", prévient-il.
- Besoin d'idées -
Si Brian Wieser reconnaît que Yahoo! est confronté comme les autres pionniers de la publicité en ligne aux évolutions rapides de ce marché, il voit aussi dans ses difficultés "la conséquence de décisions prises ces dernières années par la direction", jugeant qu'AOL ou MSN (Microsoft) s'adaptent mieux.
Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research, parle carrément à l'AFP d'une gestion "administrative".
"Ils n'ont pas Larry Page, Elon Musk, Mark Zuckerberg (patrons respectifs de Google, Tesla et Facebook, NDLR) qui veulent créer quelque chose et changer les vies des gens en faisant de gros paris", regrette-t-il.
Marissa Mayer l'avoue implicitement elle-même, disant être là "pour faire revenir une entreprise emblématique à la grandeur" tout en affichant la volonté d'être "de bons gestionnaires du capital" en reversant un maximum de liquidités aux actionnaires avec un minimum de conséquences fiscales.
Or des paris audacieux et une transformation radicale, aideraient peut-être Yahoo! à retrouver sa pertinence d'antan, font valoir les analystes.
"Ils ont une marque clairement identifiée et beaucoup d'actifs de valeur. Mais c'est une entreprise avec un modèle d'activité datant d'hier, et il n'y a pas de moyen évident de la transformer en quelque chose qui génère beaucoup de croissance", indique à l'AFP Roger Kay de Endpoint Technologies Associates.
Il juge intéressant les efforts récents sur les contenus (diffusion de concerts en direct, vidéo, développement des informations thématiques...) Mais "Yahoo! a besoin de quelque chose d'exclusif, qui soit important à avoir pour les gens", dit-il.
"Il faut faire quelque chose de totalement différent, et on n'a pas besoin d'argent pour cela, on a besoin d'idées", estime aussi Trip Chowdhry.
Il défend l'idée d'un Yahoo! "incubateur d'idées", qui dans la veine de la stratégie suivie pour Alibaba investirait dans des startups innovantes pour en retirer les bénéfices quelques années plus tard. Un peu ce qu
Yahoo! a annoncé mardi soir son intention de mettre le reste de sa participation dans le géant chinois du commerce en ligne, évaluée à 40 milliards de dollars, dans une société indépendante dont il distribuera gratuitement les actions à ses actionnaires.
Marissa Mayer "a gagné du temps pour redresser l'activité en n'utilisant pas cet argent pour des acquisitions mais en le reversant aux actionnaires. Mais une fois que Yahoo! se sera séparé de cet actif, l'accent va s'intensifier sur le coeur de métier", indique à l'AFP Colin Gillins, analyste chez BGC Partners.
"Quand les gens devront décider s'ils veulent détenir des actions (de Yahoo!) en tant qu'activité indépendante, la pression sur elle va augmenter", prévient-il.
- Lune de miel terminée -
Marissa Mayer est arrivée aux commandes de Yahoo! à l'été 2012 avec pour mission de faire repartir la croissance de l'ex-fleuron d'internet.
Cette nouvelle jeune patronne (elle n'a toujours que 39 ans) apportait une image glamour de passionnée de mode aux cheveux blonds habituée des pages des magazines féminins, mais aussi son expérience de star montante chez Google.
Elle était devenue en 1999 la 20e salariée, et première femme ingénieure, de la petite startup qui détrônerait plus tard Yahoo! comme roi de la recherche en ligne, et a imposé sa marque sur une centaine de ses produits, une créativité dont Yahoo! espérait bien à son tour profiter.
La lune de miel tire toutefois à sa fin.
"Le redressement n'est pas facile, il y a encore beaucoup de travail à faire. Les efforts jusqu'ici n'ont pas débouché sur de meilleurs revenus", souligne Colin Gillis: le chiffre d'affaires a encore baissé de 1% au quatrième trimestre.
"La partie difficile commence", résume dans une note Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group.
La décision sur Alibaba devrait apaiser provisoirement les investisseurs activistes comme le fonds Starboard Capital, qui milite depuis l'an dernier pour que Yahoo! dégage davantage de valeur pour ses actionnaires, "mais le moment viendra bientôt où les résultats opérationnels auront de l'importance", prévient-il.
- Besoin d'idées -
Si Brian Wieser reconnaît que Yahoo! est confronté comme les autres pionniers de la publicité en ligne aux évolutions rapides de ce marché, il voit aussi dans ses difficultés "la conséquence de décisions prises ces dernières années par la direction", jugeant qu'AOL ou MSN (Microsoft) s'adaptent mieux.
Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research, parle carrément à l'AFP d'une gestion "administrative".
"Ils n'ont pas Larry Page, Elon Musk, Mark Zuckerberg (patrons respectifs de Google, Tesla et Facebook, NDLR) qui veulent créer quelque chose et changer les vies des gens en faisant de gros paris", regrette-t-il.
Marissa Mayer l'avoue implicitement elle-même, disant être là "pour faire revenir une entreprise emblématique à la grandeur" tout en affichant la volonté d'être "de bons gestionnaires du capital" en reversant un maximum de liquidités aux actionnaires avec un minimum de conséquences fiscales.
Or des paris audacieux et une transformation radicale, aideraient peut-être Yahoo! à retrouver sa pertinence d'antan, font valoir les analystes.
"Ils ont une marque clairement identifiée et beaucoup d'actifs de valeur. Mais c'est une entreprise avec un modèle d'activité datant d'hier, et il n'y a pas de moyen évident de la transformer en quelque chose qui génère beaucoup de croissance", indique à l'AFP Roger Kay de Endpoint Technologies Associates.
Il juge intéressant les efforts récents sur les contenus (diffusion de concerts en direct, vidéo, développement des informations thématiques...) Mais "Yahoo! a besoin de quelque chose d'exclusif, qui soit important à avoir pour les gens", dit-il.
"Il faut faire quelque chose de totalement différent, et on n'a pas besoin d'argent pour cela, on a besoin d'idées", estime aussi Trip Chowdhry.
Il défend l'idée d'un Yahoo! "incubateur d'idées", qui dans la veine de la stratégie suivie pour Alibaba investirait dans des startups innovantes pour en retirer les bénéfices quelques années plus tard. Un peu ce qu