VIENNE, 3 mai 2011 (AFP) - S'ils observent avec intérêt le pari tenté par le quotidien américain New York Times, les journaux européens s'interrogent encore sur le modèle économique adéquat pour générer plus de recettes en rendant payants leurs contenus numériques sans perdre leurs lecteurs.
Imiter le New York Times, qui fait payer depuis début mars au-delà du 20e article consulté? Proposer tous les contenus, ou seulement certains, contre rémunération? Faire payer selon le support de lecture? Les journaux n'ont pas de position arrêtée.
Seule certitude, les responsable éditoriaux vont devoir être créatifs afin de faire avaler la pilule à des internautes habitués depuis 15 ans à la culture du tout-gratuit.
"Nous devons faire des essais, quitte à nous tromper. Mais, avec des nouveaux produits, car on ne va pas vendre ce qui était auparavant gratuit", estime Peter Hogenkamp, responsable du secteur numérique au quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung (NZZ), à l'occasion d'un congrès de journaux européens à Vienne.
Face à l'érosion des recettes de la presse papier (vente et publicité), l'évolution vers le payant sur l'internet est, selon lui, incontournable: "Si l'activité migre de plus en plus vers l'internet, il faut remettre en cause la séparation entre édition papier payante et contenus en ligne gratuits".
Pour les éditeurs, le développement de l'infrastructure nécessaire est primordiale: "Il faut développer un système de paiement aisé d'utilisation", plaide, sans vouloir donner son nom, un responsable du groupe allemand Springer, qui publie notamment les quotidiens Bild, plus gros tirage outre-Rhin, et Die Welt.
"Il faut savoir aussi combien les gens sont prêts à débourser", complète Peter Hogenkamp, qui veut cependant garder une partie du site du NZZ en accès libre.
La perspective de nouvelles recettes est cependant assombrie par la peur de voir fuir les internautes. C'est pourquoi des titres aux reins moins solides abordent prudemment cette évolution stratégique.
"On peut facilement perdre du terrain, il faut que l'offre soit vraiment bonne", souligne Joachim Türk, du quotidien régional allemand Rhein-Zeitung. Son titre, qui renforce sa couverture de l'actualité locale sur l'internet, a retenu la solution du New York Times, mais juge encore prématuré de la mettre en oeuvre. Même son de cloche en Norvège pour Steiro Gard, rédacteur en chef du quotidien Bergen Tildende: "Nous ne voulons pas perdre nos lecteurs en introduisant les premiers un service payant".
A Madère (Portugal), le Diario de Noticias a franchi le pas pour compenser la baisse des revenus publicitaires: depuis le 1er février, l'édition papier du quotidien n'est consultable en ligne qu'avec un abonnement et la fréquentation du site n'a pas baissé, selon son directeur, Ricardo Miguel Oliveira, qui vise des lecteurs ne résidant pas sur l'île. "Les abonnements en ligne représentent désormais 10% des abonnements papier", se félicite-t-il.
Avec leurs applications payantes, l'essor des tablettes offre un autre terrain d'expérimentation. La question a été largement abordée lors du congrès à Vienne. Mais pas pour tous, regrette Joachim Türk: "Il n'y a pas encore assez de tablettes en circulation".
Le groupe Springer veut utiliser le canal des applications pour tablettes et téléphones portables pour pourfendre la culture de la gratuité: "Les gens sont habitués à payer pour des services mobiles. Nous devons voir dans quelle mesure les services payants peuvent être étendus à la consultation depuis un ordinateur fixe ou portable", confie un responsable du groupe.
lad/pfe/jh
Imiter le New York Times, qui fait payer depuis début mars au-delà du 20e article consulté? Proposer tous les contenus, ou seulement certains, contre rémunération? Faire payer selon le support de lecture? Les journaux n'ont pas de position arrêtée.
Seule certitude, les responsable éditoriaux vont devoir être créatifs afin de faire avaler la pilule à des internautes habitués depuis 15 ans à la culture du tout-gratuit.
"Nous devons faire des essais, quitte à nous tromper. Mais, avec des nouveaux produits, car on ne va pas vendre ce qui était auparavant gratuit", estime Peter Hogenkamp, responsable du secteur numérique au quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung (NZZ), à l'occasion d'un congrès de journaux européens à Vienne.
Face à l'érosion des recettes de la presse papier (vente et publicité), l'évolution vers le payant sur l'internet est, selon lui, incontournable: "Si l'activité migre de plus en plus vers l'internet, il faut remettre en cause la séparation entre édition papier payante et contenus en ligne gratuits".
Pour les éditeurs, le développement de l'infrastructure nécessaire est primordiale: "Il faut développer un système de paiement aisé d'utilisation", plaide, sans vouloir donner son nom, un responsable du groupe allemand Springer, qui publie notamment les quotidiens Bild, plus gros tirage outre-Rhin, et Die Welt.
"Il faut savoir aussi combien les gens sont prêts à débourser", complète Peter Hogenkamp, qui veut cependant garder une partie du site du NZZ en accès libre.
La perspective de nouvelles recettes est cependant assombrie par la peur de voir fuir les internautes. C'est pourquoi des titres aux reins moins solides abordent prudemment cette évolution stratégique.
"On peut facilement perdre du terrain, il faut que l'offre soit vraiment bonne", souligne Joachim Türk, du quotidien régional allemand Rhein-Zeitung. Son titre, qui renforce sa couverture de l'actualité locale sur l'internet, a retenu la solution du New York Times, mais juge encore prématuré de la mettre en oeuvre. Même son de cloche en Norvège pour Steiro Gard, rédacteur en chef du quotidien Bergen Tildende: "Nous ne voulons pas perdre nos lecteurs en introduisant les premiers un service payant".
A Madère (Portugal), le Diario de Noticias a franchi le pas pour compenser la baisse des revenus publicitaires: depuis le 1er février, l'édition papier du quotidien n'est consultable en ligne qu'avec un abonnement et la fréquentation du site n'a pas baissé, selon son directeur, Ricardo Miguel Oliveira, qui vise des lecteurs ne résidant pas sur l'île. "Les abonnements en ligne représentent désormais 10% des abonnements papier", se félicite-t-il.
Avec leurs applications payantes, l'essor des tablettes offre un autre terrain d'expérimentation. La question a été largement abordée lors du congrès à Vienne. Mais pas pour tous, regrette Joachim Türk: "Il n'y a pas encore assez de tablettes en circulation".
Le groupe Springer veut utiliser le canal des applications pour tablettes et téléphones portables pour pourfendre la culture de la gratuité: "Les gens sont habitués à payer pour des services mobiles. Nous devons voir dans quelle mesure les services payants peuvent être étendus à la consultation depuis un ordinateur fixe ou portable", confie un responsable du groupe.
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