Voici un exemple d’espèce découverte dans les fonds marins de la Polynésie française. Ce crabe a été repéré à Kaukura. Il vit entre 800 et 1000 mètres de profondeur. Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (France) Collection : Crustacés (IU)
PAPEETE, le 6 mai 2019. Les grands fonds de Polynésie française sont riches en métaux mais hébergent aussi une faune originale. Pas moins de 471 espèces ont été recensées dont 169 étaient observées pour la première fois. Les chercheurs mettent en garde contre l’impact que pourraient avoir le changement climatique ou l’exploitation minière.
« Les eaux des grands fonds représentent plus de 90% du volume habitable sur terre et hébergent les habitats les moins connus de la planète », soulignent cinq chercheurs français (1) dans un article de Scientific Reports, revue en ligne publiée ce lundi par Nature Publishing Group.
Après trois campagnes océanographiques dédiées à l’exploration de la faune profonde en Polynésie Françaises et menées par des équipes du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’ Institut de recherche pour le développement (IRD) entre 1998 et 2009, la revue Scientifc Reports publie un état des lieux essentiel sur la biodiversité présente dans ces habitats méconnus.
Les reliefs sous-marins profonds de la région présentent des encroûtements polymétalliques épais et riches en métaux d’intérêt économique. De forts enjeux sont donc liés à cette région.
Ces milieux isolés peuvent ressembler à des déserts océanographiques. Ils sont cependant caractérisés par une biodiversité, discrète et originale, qui ne peut être mise en évidence par les techniques habituelles d’imagerie sous-marine.
Aussi, de nombreux animaux marins ont été récoltés et déposés dans les collections du Muséum avant d’être identifiés par des spécialistes. Cette source unique de données permet d’établir une liste de 471 espèces dont 169 nouvellement décrites. Les organismes récoltés sont généralement en faible abondance et de petites tailles, particulièrement sur les reliefs encroutés. « Les résultats tendent à montrer que les communautés d'eaux profondes de la Polynésie française ont un score particulièrement élevé d'endémisme et de rareté », soulignent les chercheurs.
L’étude souligne que ces reliefs riches en métaux présentent des communautés d'espèces différentes des localités non encroutées. Ces caractéristiques suggèrent que celles-ci sont donc fragiles face aux perturbations anthropiques, telles que l'exploitation minière, mais aussi le changement climatique.
Les chercheurs insistent donc sur la nécessité de préserver ces espèces. « Le rôle des espèces rares dans la structure fonctionnelle des communautés biologiques est encore mal compris, mais des espèces rares peuvent endosser des fonctions originales et sont plus susceptibles de disparaître », indique l’article. « La perte d'espèces rares devrait donc avoir un impact important sur le fonctionnement de l'écosystème… Il est clair que les eaux profondes de la Polynésie française abritent des communautés benthiques uniques, ainsi que des espèces endémiques, et doivent donc être considérées comme des environnements sensibles. »
Cette étude est publiée le jour même où un groupe d'experts de l'ONU lance un cri d'alarme sur l'état catastrophique de la nature. 75% de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" et 66% de l'environnement marin est également touché, selon le texte.
Dans les océans, la pollution aux plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 et les engrais ont causé 400 "zones mortes" (au taux d'oxygène très faible) d'une surface combinée équivalente au Royaume-Uni. La pêche industrielle couvre au moins 55% des mers, tandis qu'un tiers des stocks de poissons sont surexploités et 60% exploités à leur maximum.
(1)
Juliette Delavenne, Louise Keszler, Magalie Castelin, Pierre Lozouet, Philippe Maestrati et Sarah Samadi.
« Les eaux des grands fonds représentent plus de 90% du volume habitable sur terre et hébergent les habitats les moins connus de la planète », soulignent cinq chercheurs français (1) dans un article de Scientific Reports, revue en ligne publiée ce lundi par Nature Publishing Group.
Après trois campagnes océanographiques dédiées à l’exploration de la faune profonde en Polynésie Françaises et menées par des équipes du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’ Institut de recherche pour le développement (IRD) entre 1998 et 2009, la revue Scientifc Reports publie un état des lieux essentiel sur la biodiversité présente dans ces habitats méconnus.
Les reliefs sous-marins profonds de la région présentent des encroûtements polymétalliques épais et riches en métaux d’intérêt économique. De forts enjeux sont donc liés à cette région.
Ces milieux isolés peuvent ressembler à des déserts océanographiques. Ils sont cependant caractérisés par une biodiversité, discrète et originale, qui ne peut être mise en évidence par les techniques habituelles d’imagerie sous-marine.
Aussi, de nombreux animaux marins ont été récoltés et déposés dans les collections du Muséum avant d’être identifiés par des spécialistes. Cette source unique de données permet d’établir une liste de 471 espèces dont 169 nouvellement décrites. Les organismes récoltés sont généralement en faible abondance et de petites tailles, particulièrement sur les reliefs encroutés. « Les résultats tendent à montrer que les communautés d'eaux profondes de la Polynésie française ont un score particulièrement élevé d'endémisme et de rareté », soulignent les chercheurs.
L’étude souligne que ces reliefs riches en métaux présentent des communautés d'espèces différentes des localités non encroutées. Ces caractéristiques suggèrent que celles-ci sont donc fragiles face aux perturbations anthropiques, telles que l'exploitation minière, mais aussi le changement climatique.
Les chercheurs insistent donc sur la nécessité de préserver ces espèces. « Le rôle des espèces rares dans la structure fonctionnelle des communautés biologiques est encore mal compris, mais des espèces rares peuvent endosser des fonctions originales et sont plus susceptibles de disparaître », indique l’article. « La perte d'espèces rares devrait donc avoir un impact important sur le fonctionnement de l'écosystème… Il est clair que les eaux profondes de la Polynésie française abritent des communautés benthiques uniques, ainsi que des espèces endémiques, et doivent donc être considérées comme des environnements sensibles. »
Cette étude est publiée le jour même où un groupe d'experts de l'ONU lance un cri d'alarme sur l'état catastrophique de la nature. 75% de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" et 66% de l'environnement marin est également touché, selon le texte.
Dans les océans, la pollution aux plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 et les engrais ont causé 400 "zones mortes" (au taux d'oxygène très faible) d'une surface combinée équivalente au Royaume-Uni. La pêche industrielle couvre au moins 55% des mers, tandis qu'un tiers des stocks de poissons sont surexploités et 60% exploités à leur maximum.
(1)
Juliette Delavenne, Louise Keszler, Magalie Castelin, Pierre Lozouet, Philippe Maestrati et Sarah Samadi.
Pas assez de terres rares, mais beaucoup de cobalt
Les terres rares ne sont pas "en quantité suffisante pour présenter un intérêt économique", indiquait en 2016 une étude de l'Institut de recherche pour le développement. En revanche, nos fonds-marins abriteraient beaucoup de cobalt, utilisé pour la fabrication de batterie.
Avec l'utilisation croissante des smartphones, tablettes, liseuses et autres portables, la demande pour les batteries rechargeable est en augmentation fulgurante. Qu'elles fonctionnent avec du nickel-cadmium ou du lithium-ion, toutes ces piles ont besoin de cobalt. L'augmentation de ce besoin est appelée à se poursuivre au vu des projets de vélos et de voitures électriques de plus en plus nombreux. Le cobalt est aussi utilisé pour la constitution d'alliage et de superalliage extrêmement résistants à la chaleur, utilisé dans les réacteurs d'avion par exemple.
Mais les connaissances sont « encore insuffisantes », soulignaient les experts qui recommandaient de lancer des campagnes d'exploration scientifique d'ampleur.
Avec l'utilisation croissante des smartphones, tablettes, liseuses et autres portables, la demande pour les batteries rechargeable est en augmentation fulgurante. Qu'elles fonctionnent avec du nickel-cadmium ou du lithium-ion, toutes ces piles ont besoin de cobalt. L'augmentation de ce besoin est appelée à se poursuivre au vu des projets de vélos et de voitures électriques de plus en plus nombreux. Le cobalt est aussi utilisé pour la constitution d'alliage et de superalliage extrêmement résistants à la chaleur, utilisé dans les réacteurs d'avion par exemple.
Mais les connaissances sont « encore insuffisantes », soulignaient les experts qui recommandaient de lancer des campagnes d'exploration scientifique d'ampleur.