Bal dans les années 60 au Col Bleu
PAPEETE, le 4 juin 2014 – Dans le cadre de l’organisation du bal du 14 juillet (qui aura lieu en fait le samedi 12 juillet), dans les jardins de la mairie de Pape’ete, un petit retour dans le passé pour retrouver les origines de ces fêtes du Tiurai qui en sera à sa 133ème édition.
C’est en 1881 que les fêtes du Tiurai ont été célébrées pour la première fois. Plus de six mois après que la France ait ratifié l’annexion, l'administration coloniale avait alors organisé des manifestations simultanées à Papeete, à Taravao, à Moorea dans le district de Papetoai ainsi qu’à Taiohae aux Îles Marquises. Loin de représenter une nouveauté, la fête du 14 juillet est la suite d’une série de fêtes organisées par la reine Pomare. Mais pour la forme, ce fut la Reine Pomare IV, elle-même qui l'avait annoncée à la population de Raiatea, alors qu’elle y avait effectué un séjour : "Nous irons ensemble à Tahiti fêter le 14 juillet en l'honneur de la République. Nous y présenterons des spectacles, chanterons nos chants traditionnels à la gloire de l'île, des danses rythmées et d'autres divertissements encore".(Bengt Danielsson : "Mémorial polynésien", tome 3).
Des danses à l’origine du Tiurai
Le nom Tiurai signifie « Juillet » en tahitien. Il vient du mot anglais july et comprend la période de fêtes folkloriques et sportives dérivées des manifestations commémoratives du fameux 14 juillet et les prolongeant de la fin juin jusqu'au début du mois d'août. Le ‘ori Tahiti qui avait été interdit par les missionnaires mais aussi par le code Pomare de 1820, revint finalement en 1881, lors de la célébration du 14 juillet.
On regroupe alors les activités indigènes (chants puis danses de guerre « ote'a », courses de pirogues) mais aussi des évènements qualifiés autrefois de « popaa » tels que des défilés militaires, courses de chevaux et…les bals.
Depuis que l'annexion a réuni les deux populations sous la même autorité (le gouverneur), les groupes de danses du Tiurai représentaient chaque district et étaient composés d'hommes avant de devenir mixtes. Les alignements, certains gestes et instruments de musique (Tari parau : tambour à deux peaux) sont inspirés des défilés militaires. Les groupes étaient composés de danseurs issus des catégories « populaires » tandis que dans les grandes familles, la danse se pratiquait « en privé ».
Pour la petite histoire, il est à rappeler que le bal polynésien ou « à la polynésienne » existait déjà bien avant, durant la période de règne de la reine Pomare IV, comme le confirme ce témoignage d’un européen ayant connu le Papeete d’antan : « J’y ai fait mon devoir consciencieusement et je m’en ressens. En France, on ne danse pas tous les jours avec des reines. Pomaré IV était au bal avec sa fille, la reine de Bora Bora, et la reine de Raiatea... Elles dansent parfaitement. Elles sont un peu lourdes. Il ne faut pas s’en étonner, une d’elles pèse autant que deux hommes européens. Mais aussi, on a l’avantage de pirouetter avec un élan irrésistible. Le tout est de les mettre en mouvement... Le confortable ne laissait rien à désirer. Près du salon se trouvait servie une table couverte de gâteaux, de rafraîchissements. On y conduisait les dames après chaque danse, on les servait et après on retournait soigner la bête » (Ch. Antoine, BSEO, t. 7, p. 481-82.)
Evolution dans le temps
Au fur et à mesure que le temps a passé, les festivités du Tiurai, dont le bal, ont repris peu à peu leur place. Si autrefois, il fut imposé de ne plus danser ou chanter pour cause d’indécence et de débauches, les mœurs avaient changé, une évolution due à l’action des religions. Mais la fête était toujours présente dans les cœurs, comme dans tous les esprits. Une description des festivités de 1937 nous est faite dans le livre «Tahiti et ses îles, études d’une société coloniale aux antipodes de sa métropole - 1919-1945» par Francis Chung, écrivain chinois qui nous raconte ses souvenirs de cette époque. Il nous apprend par exemple que du 13 au 25 juillet, le bal public avait lieu le vendredi soir jusqu’à minuit seulement, sauf la dernière soirée où les réjouissances continuaient jusqu’au lendemain.
Plus tard, dans les années 60 à 70, le regard se porta soudainement vers les manifestations se déroulant dans les archipels. Jusque-là, l’attention se fixait exclusivement sur la capitale, Papeete. Une internaute se souvient, par exemple que « j'adorais les fêtes de Tiurai à Raiatea dans les années 1970, 71 ; quand ceux de Tahaa venaient pour les concours de danse, de chants...... ! Je dansais à cette époque là dans le groupe de HIPU (petit district de l’île de Tahaa, ndlr) et Nous avons gagné le 1er Prix de Otéa j'étais pupahu!!!! » expliquait-elle sur Facebook. L’intégration des miss et täne Tiurai ont relevé également le niveau et surtout le prestige de cette fête populaire.
L’événement a connu un essor considérable lors de l’installation du CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique). A chaque fête, les bals connaissaient un succès incontestable. L’arrivée massive de la manne du nucléaire, à une époque insouciante et où le mot crise semblait inexistant, a propulsé le bal populaire du Tiurai à un niveau international. A tel point que des grands noms de l’époque se devaient de connaitre cet évènement.
Seulement, cette belle fête a connu une période d’interruption, et cette année, les sociétés In phase et Tahiti transcom consulting ont décidé de la remettre à l’honneur. 250 tables de 8 personnes seront ouvertes aux réservations, dès demain, pour ceux qui souhaiteront participer à cet événement le 12 juillet prochain. Comme toujours, l’animation se déroulera dans les jardins de la mairie de Pape’ete.
C’est en 1881 que les fêtes du Tiurai ont été célébrées pour la première fois. Plus de six mois après que la France ait ratifié l’annexion, l'administration coloniale avait alors organisé des manifestations simultanées à Papeete, à Taravao, à Moorea dans le district de Papetoai ainsi qu’à Taiohae aux Îles Marquises. Loin de représenter une nouveauté, la fête du 14 juillet est la suite d’une série de fêtes organisées par la reine Pomare. Mais pour la forme, ce fut la Reine Pomare IV, elle-même qui l'avait annoncée à la population de Raiatea, alors qu’elle y avait effectué un séjour : "Nous irons ensemble à Tahiti fêter le 14 juillet en l'honneur de la République. Nous y présenterons des spectacles, chanterons nos chants traditionnels à la gloire de l'île, des danses rythmées et d'autres divertissements encore".(Bengt Danielsson : "Mémorial polynésien", tome 3).
Des danses à l’origine du Tiurai
Le nom Tiurai signifie « Juillet » en tahitien. Il vient du mot anglais july et comprend la période de fêtes folkloriques et sportives dérivées des manifestations commémoratives du fameux 14 juillet et les prolongeant de la fin juin jusqu'au début du mois d'août. Le ‘ori Tahiti qui avait été interdit par les missionnaires mais aussi par le code Pomare de 1820, revint finalement en 1881, lors de la célébration du 14 juillet.
On regroupe alors les activités indigènes (chants puis danses de guerre « ote'a », courses de pirogues) mais aussi des évènements qualifiés autrefois de « popaa » tels que des défilés militaires, courses de chevaux et…les bals.
Depuis que l'annexion a réuni les deux populations sous la même autorité (le gouverneur), les groupes de danses du Tiurai représentaient chaque district et étaient composés d'hommes avant de devenir mixtes. Les alignements, certains gestes et instruments de musique (Tari parau : tambour à deux peaux) sont inspirés des défilés militaires. Les groupes étaient composés de danseurs issus des catégories « populaires » tandis que dans les grandes familles, la danse se pratiquait « en privé ».
Pour la petite histoire, il est à rappeler que le bal polynésien ou « à la polynésienne » existait déjà bien avant, durant la période de règne de la reine Pomare IV, comme le confirme ce témoignage d’un européen ayant connu le Papeete d’antan : « J’y ai fait mon devoir consciencieusement et je m’en ressens. En France, on ne danse pas tous les jours avec des reines. Pomaré IV était au bal avec sa fille, la reine de Bora Bora, et la reine de Raiatea... Elles dansent parfaitement. Elles sont un peu lourdes. Il ne faut pas s’en étonner, une d’elles pèse autant que deux hommes européens. Mais aussi, on a l’avantage de pirouetter avec un élan irrésistible. Le tout est de les mettre en mouvement... Le confortable ne laissait rien à désirer. Près du salon se trouvait servie une table couverte de gâteaux, de rafraîchissements. On y conduisait les dames après chaque danse, on les servait et après on retournait soigner la bête » (Ch. Antoine, BSEO, t. 7, p. 481-82.)
Evolution dans le temps
Au fur et à mesure que le temps a passé, les festivités du Tiurai, dont le bal, ont repris peu à peu leur place. Si autrefois, il fut imposé de ne plus danser ou chanter pour cause d’indécence et de débauches, les mœurs avaient changé, une évolution due à l’action des religions. Mais la fête était toujours présente dans les cœurs, comme dans tous les esprits. Une description des festivités de 1937 nous est faite dans le livre «Tahiti et ses îles, études d’une société coloniale aux antipodes de sa métropole - 1919-1945» par Francis Chung, écrivain chinois qui nous raconte ses souvenirs de cette époque. Il nous apprend par exemple que du 13 au 25 juillet, le bal public avait lieu le vendredi soir jusqu’à minuit seulement, sauf la dernière soirée où les réjouissances continuaient jusqu’au lendemain.
Plus tard, dans les années 60 à 70, le regard se porta soudainement vers les manifestations se déroulant dans les archipels. Jusque-là, l’attention se fixait exclusivement sur la capitale, Papeete. Une internaute se souvient, par exemple que « j'adorais les fêtes de Tiurai à Raiatea dans les années 1970, 71 ; quand ceux de Tahaa venaient pour les concours de danse, de chants...... ! Je dansais à cette époque là dans le groupe de HIPU (petit district de l’île de Tahaa, ndlr) et Nous avons gagné le 1er Prix de Otéa j'étais pupahu!!!! » expliquait-elle sur Facebook. L’intégration des miss et täne Tiurai ont relevé également le niveau et surtout le prestige de cette fête populaire.
L’événement a connu un essor considérable lors de l’installation du CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique). A chaque fête, les bals connaissaient un succès incontestable. L’arrivée massive de la manne du nucléaire, à une époque insouciante et où le mot crise semblait inexistant, a propulsé le bal populaire du Tiurai à un niveau international. A tel point que des grands noms de l’époque se devaient de connaitre cet évènement.
Seulement, cette belle fête a connu une période d’interruption, et cette année, les sociétés In phase et Tahiti transcom consulting ont décidé de la remettre à l’honneur. 250 tables de 8 personnes seront ouvertes aux réservations, dès demain, pour ceux qui souhaiteront participer à cet événement le 12 juillet prochain. Comme toujours, l’animation se déroulera dans les jardins de la mairie de Pape’ete.
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