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Les électeurs ni-Vanuatu ont voté


un bureau de vote à Port-Vila
un bureau de vote à Port-Vila
PORT-VILA, mercredi 31 octobre 2012 (Flash d’Océanie) – Les électeurs de l’archipel de Vanuatu se sont rendus aux urnes mardi 30 octobre 2012 pour élire les prochains occupants des 52 sièges du Parlement.
Selon les premiers comptes-rendus sur place, aucun incident significatif n’a été signalé tout au long de cette journée de scrutin.
Tout comme pour les précédents scrutins, de longues files d’attente se sont formés mardi, bien avant l’ouverture des bureaux de vote (344 à travers l’archipel).
Certains électeurs, une nouvelle fois, ont eu la désagréable surprise de constater que bien qu’étant en possession d’une carte d’électeur en bonne et due forme, leurs noms ne figuraient pas sur les listes du bureau auquel ils s’étaient présentés.
Depuis mardi soir (heure locale, GMT+11), les opérations de dépouillement ont débuté, surtout dans la capitale Port-Vila (35.000 électeurs pour une douzaine de bureaux de vote), le reste de l’île principale de Vaté, ainsi que les plus grandes îles de l’archipel (Espiritu Santo, Mallicolo, Tanna).
Pour le reste des îles de l’archipel, plus isolées, les résultats devraient encore prendre plusieurs jours, compte tenu des délais requis pour rapatrier les urnes.
Lionel Kalwat, directeur des élections, a estimé que les premières tendance, puis des résultats officiels, sont envisageable au cours de la seconde semaine de novembre.
Pour ces législatives, près de 350 candidats se présentaient pour briguer l’un des 52 sièges de l’Assemblée.
Les grands partis des années 1980 et 1990, notamment le Vanuaaku Pati et l’Union des Partis Modérés, se sont depuis scindés en de multiples factions, qui ont-elles-mêmes formé de nouveaux partis.

Pour ces élections 2012, ce syndrome d’atomisation du paysage politique s’est encore accentué, le Vanuaaku Pati étant en pleine phase de scission entre mouvances rivales.
Cette formation historique avait même dû reporter la tenue de son congrès à après les élections.
Au total, pas moins de 32 partis étaient en lice.
Par ailleurs, ce scrutin a vu un nombre record de candidats sans étiquette, qui pourraient, tout comme lors des précédentes élections, être fortement courtisés et sollicités par les partis, en mode post-législatives, pour apporter leur soutien à un camp ou à un autre, en vue de former une majorité gouvernementale, même relative.
Une fois les résultats proclamés, le Parlement devra tenir sa session inaugurale de sa mandature de quatre ans avec comme points à l’ordre du jour l’élection d’un Président de l’Assemblée, mais aussi d’un Premier ministre, qui devra ensuite former un gouvernement.
Depuis une bonne vingtaine d’année, après les dix première années postindépendance (1980) marquée par la suprématie du Vanuaaku Pati, sous la houlette du pasteur anglican Walter Lini, tous les gouvernements de Vanuatu ont été le fruit d’alliances entre partis, avec des revirements multiples au cours de la même législature et autant de motions de censure.


Vente de « cartes d’identité pour non-citoyen de Vanuatu »

Cette année, pour ce scrutin, plusieurs dossiers de sont invités au cours de la campagne : le dossier foncier et plusieurs opérations de transferts de baux et de vente à pris anormalement bas à des membres du gouvernement sortant, le fonctionnement de la Caisse Nationale de Prévoyance, qui gère les contributions obligatoires, salariales et patronales, de l’archipel, la trouble affaire de l’arraisonnement du yacht de luxe Phocéa, mi-juillet 2012 et qui se trouve toujours, depuis, dans la baie de Port-Vila (avec la comparution de plusieurs ministres du gouvernement sortant devant la justice pour abordage de ce luxueux voilier, avant que les formalités d’usage aient été remplies), des affaires d’octroi de la citoyenneté (la nationalité vanuatane, aux termes de la Constitution, ne peut s’obtenir qu’après dix années de résidence ininterrompue) et de vente de passeports à des ressortissants asiatique.
Le gouvernement, pour sa part, préfère parler de « programme de résidence permanente ».
Ce programme, dont le point focal est la mission vanuatuane à Hong Kong, aurait ainsi rapporté quelque vingt millions de vatu (près de deux millions d’euros) sous forme de droits payés par « 683 individus » titulaire de « cartes d’identité pour non-citoyen de Vanuatu » tarifées trois cent mille vatu (près de trois mille euros) pièce, selon le ministère de l’intérieur.

Plusieurs campagnes de sensibilisation de l’opinion publique, menées ces derniers mois par des organisations non gouvernementales comme Transparency International, avaient exhorté les quelque 190.000 électeurs inscrits (sur une population d’environ 245.000 habitants) à faire entendre leur voix pour mettre fin à la carrière d’une classe politique jugée largement corrompue.

Certains candidats à la députation ont aussi clairement axé leur campagne sur la lutte contre la corruption, comme le député Ralph Regenvanu, qui, depuis sa démission du gouvernement sortant, a fondé son parti Graon mo Jastis (Terre et Justice).

Par ailleurs, une récente crise ouverte au sein de la police nationale, qui avait débouché sur un affrontement entre deux officiers supérieurs (le chef de la police, mis à pied et dont le contrat prenait fon le 30 septembre 2012, Peter Bong, et Arthur Caulton, qui assurait son intérim avec le soutien du gouvernement, chacun à la tête d’une faction) a semé le trouble et inquiété quant au maintien de l’ordre public.
Le Président de la République, Iolu Abbil, avait dû intervenir personnellement pour mettre fin à cette confrontation potentiellement dangereuse.

Ces élections se sont déroulées sous les yeux d’observateurs approuvés en dernière minute par les autorités et qui sont principalement diplomates en poste dans la capitale, issus des missions australienne, néo-zélandaise, européenne, américaine et chinoise.
Au cours des quinze dernières années, dans la plupart des pays de la région, les élections législatives ont fait l’objet de missions internationales mises en place par des organisations telles que l’Union Européenne, le Commonwealth, ou encore le Forum des Îles du Pacifique.
Juste avant le lancement de la campagne, début octobre, le gouvernement a nommé un nouveau directeur des élections, Lionel Kalwat, ancien directeur des services de l’inspection du travail, après que son prédécesseur ait publié des listes de candidas sur lesquelles ne figuraient pas les noms de plusieurs personnalités prééminentes, comme le Premier ministre sortant Sato Kilman.
Motif avancé par le précédent directeur-commissaire, depuis limogé : ces candidats devaient encore d’importantes sommes d’argent « empruntées » à l’État.

Changer de système ?

Ces derniers mois, le Président Iolu Abbil a relancé la polémique concernant le système de gouvernement de Vanuatu, en remettant une nouvelle fois en cause du système parlementaire dit de « Westminster » hérité de la composante britannique (l’autre étant la France) de l’ancien condominium des Nouvelles-Hébrides et qui donne la part belle (comme dans beaucoup d’États insulaires du Pacifique) au Premier ministre et non pas au Président (dont le rôle est largement symbolique).
Début octobre 2012, à l’occasion de la journée nationale de la Constitution, le chef de l’État a indiqué son intention de toiletter cette Constitution pour diriger l’archipel vers des changements concernant le mode d’élection et les pouvoirs du Président et du chef de l’exécutif.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 31 Octobre 2012 à 05:38 | Lu 621 fois