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Les éclaireurs s’échauffent


Le relais débute jeudi 6 juin à 6h30, à Teahupo'o.  Crédit : Paris 2024/ Ronan Liétar / SIPA PRESS
Le relais débute jeudi 6 juin à 6h30, à Teahupo'o. Crédit : Paris 2024/ Ronan Liétar / SIPA PRESS
Tahiti, le 11 juin 2024 - Le relais de la flamme olympique commencera jeudi. À Tahiti, 124 éclaireurs la porteront jusqu'à l’embrasement du chaudron final à Toata, à 18h30. À J-2, les 24 membres de la fédération tahitienne de surf, premiers porteurs en relais collectif, et la centaine d’éclaireurs individuels ne tiennent plus en place.
 
Être porteur de la flamme est un fait d’armes symbolique. Un acte qui rend fier, en acheminant ce flambeau allumé à Olympie jusqu’à sa destination, et en incarnant toutes les valeurs que prônent les jeux. C’est rentrer dans une grande famille, une famille d’éclaireurs qui trace le chemin de la flamme des cinq anneaux depuis les Jeux de Berlin en 1936, date du premier relais. Car c’est ainsi qu’est née cette tradition, sous l’Allemagne d’Hitler, pour servir les intérêts du troisième Reich exposait le média La Dépêche dans un article qui démêle le vrai du faux. Oui, les origines de ce relais olympique sont fumeuses. Mais la tradition qui en découle l’est beaucoup moins.
 
Aujourd’hui, c’est un titre de prestige, que Michel Platini a reçu en portant cette flamme lors des Jeux d’Albertville en 1992, tout comme Mohamed Ali à Atlanta en 1996 et David Beckham à Londres en 2012. Cette année, pour les JO de Paris 2024, ils sont 11 000 à porter cette flamme, et agrandir cette famille d’éclaireurs qui portent symboliquement les valeurs de l’olympisme, veillant sur cette flammèche chancelante jusqu’à son arrivée au chaudron où elle deviendra un fier brasier. À Tahiti, ils seront 123 à la guider ce jeudi 13 juin. Chaque porteur va profiter de ce rare moment de vie qui n’est pas près de se reproduire. Et pour les 23 de la Fédération Tahitienne de Surf qui inaugureront le relais au PK 0, ainsi que pour une poignée de porteurs au passif olympique, ce relais s’annonce très spécial :
 

Georgy Adams

Crédit : Archive Tahiti Infos
Crédit : Archive Tahiti Infos
Georgy Adams, c’est ce génie du basket reconverti dans l’enseignement de sa passion aux jeunes. Dans sa carrière, il en a mis un paquet des paniers, jusqu’à se rapprocher d’une participation aux Jeux de Barcelone de 1992, auxquels il ne participera finalement pas. L’histoire est cruelle, mais il prend aujourd’hui sa revanche et compte bien profiter de chaque instant aux côtés de cette flamme olympique qu’il portera jusqu’à Papeete, sa ville de naissance.
 
Forcément, il y a beaucoup d’excitation : c’est quand même quelque chose de gratifiant, en tant que natif de Papeete de pouvoir amener la flamme dans la capitale. Un énorme privilège.” Une réconciliation avec les Jeux olympiques pour ce basketteur, qui avait perdu sa qualification pour ceux de Barcelone en 1992 à la dernière minute. “C’est cruel en tant que sportif, mais c’est aussi ça les Jeux. Ce sont des valeurs universelles que tu peux ne trouver que dans le sport, des émotions (bonnes comme mauvaises) et c’est un événement suivi sur les cinq continents, sur toute la planète.” Alors ce relais, il va en savourer chaque pas, confirme le ‘Aito. “Y’a des porteurs qui doivent se demander ‘Comment on doit la porter cette flamme ? Est-ce qu’on doit courir vite ? ’ Moi, je vais prendre le temps de l’apprécier sur les 200 ou 300 mètres de mon parcours, jeudi. Après tout, ça n’arrivera plus dans les 100 prochaines années.”
 
C’est aussi un moment de calme et de festivités, “qui arrive au bon moment”, s’exclame Georgy Adams. “C’est une belle opportunité, surtout en ce moment. L’Ukraine, la Nouvelle-Calédonie… On a besoin de ce moment de festivité, même si on est loin à Tahiti.

 

Lewis Laughlin

Crédit : Te Va'a
Crédit : Te Va'a
Un monstre du va’a tahitien, devenu une référence de la course Te ‘Aito qu’il a de nombreuses fois remportée, Lewis Laughlin portera ce jeudi la flamme olympique à Pirae.
 
Il n’a pas vraiment l’air stressé, à deux jours de son relais enflammé sur le tronçon de Pirae, mais il en est fier, c’est certain. Il en rêvait plus jeune, de participer aux Jeux olympiques en kayak. “Mais c’était déjà trop tard à l’époque, j’avais 25 ans.” Ça ne l’a pas empêché de performer à l’international, même si les JO restent pour lui l’ultime compétition. “Les Jeux olympiques, c’est la consécration. Il y a les championnats nationaux, les mondiaux puis les JO.” Une compétition à l’aura bien particulière, même chez les pros : “C’est l’aboutissement du sportif, de son rêve, ses efforts et ses souffrances. C’est un grand business, il ne faut pas le nier, mais c’est surtout un rêve de gamin. C’est le Graal, tu ne peux pas espérer mieux, même un titre mondial.” Des années plus tard, le rameur portera cette flamme aux cinq anneaux.

 

Gordon Barff

Crédit : Archive Tahiti Infos
Crédit : Archive Tahiti Infos
Shooté au sport depuis tout jeune et véritable génie de l’athlétisme, Gordon a fait son bout de chemin dans les lancers de poids et de disque. Il a fini champion de France en nationale 2 en 1991 et classé troisième performance française en 1992. Mais alors qu’il vise les Jeux olympiques d’Albertville, en 1992, il se blesse et doit renoncer. Ce jeudi, il tiendra cette flamme comme sa revanche.

Jeudi matin, on est convoqués à 10h30 pour effectuer les derniers réglages, récupérer la tenue, avant notre passage à 13h30. J’espère qu’elle ne sera pas trop petite”, sourit Gordon, qui portera la flamme sur le tronçon de Punaauia. Pour lui aussi, porter la flamme est une revanche. Une revanche olympique. Mais pour cet ancien athlète devenu enseignant, c’est aussi un moyen de véhiculer des valeurs, donner l’exemple : “C’est très important, le sport transmet des valeurs d’instruction. Il permet aux jeunes de s’exprimer.
 

La FTS au relais collectif :

Ils marqueront le début de ce relais, à Teahupo’o, vague qui accueillera l’épreuve de surf. Ils sont 24 de la fédération tahitienne, athlètes et encadrants, jeunes et moins jeunes… Tous trépignent d’impatience, à l’idée de propulser cette flamme vers son chaudron qui marquera le début officiel des Jeux.
 
Ce sont sans doute ceux qui l’attendent le plus, cette sacrée flamme olympique. Et ils seront ceux qui démarreront le convoi jeudi à 6h30, au PK 0. “Vahine et Kauli arriveront en pirogue à la pointe Fare Mahora avec la flamme, puis Hira va la récupérer et nous la passer à tour de rôle”, jubile Michel Demont, champion de France 2019 de longboard aux Sables d’Olonne. “Ça marquera la véritable arrivée des jeux, on va commencer à sentir la pression et l’excitation monter.”
 
Il y a beaucoup d’excitation dans l’air. D’ailleurs Teahupo’o a l’air d’accord vu les conditions. D’abord les trials, la Shiseido Pro et de magnifiques vagues pour que les athlètes s’entraînent, la vague aussi a l’air impatiente”, raconte Ingrid Leboucher, vice-présidente de la fédération tahitienne de surf. Elle aussi, jubile à l’idée de l’avoir entre les mains cette flamme. “On est vraiment contents que ça arrive enfin, ça sera un moment magnifique. On va ouvrir le relais avec Hira Teriinatoofa et il se terminera avec Michel Bourez, nos deux légendes.

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 11 Juin 2024 à 19:07 | Lu 2978 fois