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Les députés polynésiens occupent le terrain à Paris


Jean-Paul Tuaiva, Edouard Fritch et Jonas Tahuaitu.
Jean-Paul Tuaiva, Edouard Fritch et Jonas Tahuaitu.
Edouard Fritch, Jonas Tahuaitu et Jean-Paul Tuaiva, les trois députés polynésiens du parti Tahoeraa Huiraatira, élus depuis le mois de juin dernier, entendent peser dans les décisions parlementaires qui sont prises à l’Assemblée nationale sur l’ensemble de l’outre-mer, et pas seulement, celles qui s’appliquent de plein droit en Polynésie française ou dans les territoires du Pacifique. «Depuis que nous avons été élus et depuis le renouvellement du gouvernement nous avons été présents à tous les rendez-vous, nous avons participé à toutes les réunions du groupe et les séances. Et je peux vous assurer que notre présence en séance, parfois en pleine nuit, est appréciée».
Edouard Fritch n’avait précédemment connu les bancs de l’Assemblée nationale que brièvement, de 1986 à 1988, mais il a bien compris que les députés ultramarins et particulièrement polynésiens, avaient tout intérêt à faire du lobbying entre les suspensions de séance pour faire avancer leurs dossiers. «C’est parce que nous sommes présents qu’on nous renvoie l’ascenseur» précise-t-il. Il confirme, avec ce rendez-vous fixé pour le vendredi 5 octobre, entre les députés du Pacifique avec le directeur de cabinet du ministre du travail, Michel Sapin. Un rendez-vous pour poursuivre les débats sur les Contrats d’avenir et les mécanismes qu’il sera possible de mettre en œuvre dans les Collectivités d’outremer, par la voie de la contractualisation. Une petite victoire, pour les trois députés polynésiens qui avaient tenu à participer à ce débat à l’Assemblée nationale alors que la loi ne peut pas s’appliquer à la Polynésie française, du fait de son statut.

Sur les bancs de l’Assemblée nationale, les trois députés polynésiens ont rejoint sur le groupe UDI (Union des démocrates et indépendants) créé le 26 juin 2012 et présidé par Jean-Louis Borloo. Leur stratégie est celle de l’occupation du terrain. L’UDI est un groupe de 30 parlementaires auxquels les députés Tahoeraa exposeront bientôt la réalité de la Polynésie : les finances, la situation économique générale, et qu’ils répéteront à la délégation parlementaire de l’outre-mer… «Nous serons présents aux travaux de l’Assemblée nationale dès que les questions aborderont l’outre-mer, pas seulement le Pacifique ou la Polynésie, nous voulons faire de la présence. Il faut faire connaître la Polynésie française : plus on nous verra plus on en parlera» répète encore Edouard Fritch.
Les trois députés du Tahoeraa seront de nouveau à Paris, début novembre, pour le vote du budget 2013 et son volet ultramarin en séance plénière. «Nous sommes arrivés un peu tard. Les discussions budgétaires se jouent en avril et en mai, mais nous n’étions alors pas élus. Les jeux étaient déjà faits à notre arrivée» explique néanmoins Edouard Fritch. Mais ce que retiennent les trois députés de cette rentrée parlementaire c’est que «les relations ont été renouées avec l’Etat et le gouvernement central».

Au sein du groupe UDI à l’Assemblée, détaille encore Edouard Fritch, «il y a une considération accrue pour les députés du Pacifique notamment en ce qui concerne le traité budgétaire européen en cours de débat» qui sera présenté au vote des députés le 9 octobre prochain. Les trois députés polynésiens ont indiqué ignorer dans quel sens le groupe UDI allait voter ce texte mardi prochain à l’Assemblée nationale, «il n’y a pas encore eu de position commune» a déclaré Jean-Paul Tuaiva. Pourtant, le président du groupe UDI Jean-Louis Borloo, a confirmé mardi dernier sur Europe 1 que les députés de son groupe voteront «évidemment le traité budgétaire européen avec enthousiasme». Il aura sans doute oublié d’en informer les députés polynésiens repartis dans leur territoire.

Contrats d’avenir : les députés du Tahoeraa en espèrent un millier

Les députés polynésiens occupent le terrain à Paris
S’ils reconnaissent avoir été un peu malmenés lors des discussions à l’Assemblée nationale sur les contrats d’avenir, les trois députés polynésiens ont néanmoins obtenu des avancées à ce sujet. «Nous avons mis un point d’honneur à participer à ce débat alors que le dispositif des Contrats d’avenir n’était pas applicable en Polynésie pour exposer la situation de notre territoire» explique Edouard Fritch. «La réponse du ministre a été cinglante et claire» poursuit-il «cette loi n’entre pas dans le champ d’application de la Polynésie française, mais il laissait envisager, que par convention, une partie de ces 150 000 emplois pour les jeunes puissent être conservée aux Polynésiens et aux Calédoniens».
Le sujet sera abordé dès vendredi prochain, le 5 octobre. Un rendez-vous a été fixé avec le directeur de cabinet du ministre du travail et ses conseillers, à Paris rue de Grenelle, pour «échanger sur les mécanismes à mettre en œuvre pour que les collectivités de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie puissent bénéficier de ce dispositif des Contrats d’avenir, éventuellement par la voie de la contractualisation». Les députés du Tahoeraa en ont été informés hier et comme ils sont rentrés en Polynésie, ils seront absents de cette première discussion. Ils seront représentés par les députés de Nouvelle Calédonie qui siègent également avec le groupe UDI au Palais Bourbon. Les députés du Tahoeraa ont bien conscience qu’il ne s’agit que d’une étape, mais se prennent déjà à espérer 1 000 à 1 500 de ces Contrats d’avenir aussi bien dans l’enseignement que dans les associations. «C’est aux élus locaux de définir l’application de ce dispositif ici. Ce sont des contrats payés à 75% du Smic par l’Etat, les 25% restants peuvent l’être par le Pays si ce sont des emplois de la fonction publique dans l’éducation par exemple». Mais l’application de ce dispositif et même ses déclinaisons locales ne pourront pas se faire sans une discussion avec le gouvernement polynésien. Les trois députés Tahoeraa ont donc envoyé un courrier au président Oscar Temaru, le lundi 2 octobre à ce sujet. «Nous, les députés avons fait le maximum par rapport à nos responsabilités. Maintenant c’est au Pays d’apporter sa pierre à l’édifice».

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 3 Octobre 2012 à 12:54 | Lu 940 fois