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Les cyberattaques, arme de destruction minime contre le micro-web de la Corée du Nord


Séoul, Corée du Sud | AFP | mercredi 24/12/2014. Une cyber-attaque d'origine inconnue a privé la Corée du Nord d'internet cette semaine mais l'immense majorité des citoyens nord-coréens n'y auront vu goutte, le régime s'employant depuis des décennies à les isoler de toute influence étrangère.

On prête aux Etats-Unis la responsabilité d'une riposte au vaste piratage de Sony Pictures qui avait poussé la société à annuler la sortie en salles de "L'interview qui tue!", un film parodique narrant une tentative d'assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-Un.

Le piratage a été imputé à la Corée du Nord malgré ses dénégations, et la riposte à Washington, qui n'a ni confirmé ni infirmé son implication.

Entre lundi et mercredi, les sites des principaux médias officiels nord-coréens ont été mis hors service des heures durant.

Toutefois ces coupures qui, ailleurs, entraînent un important préjudice pour les entreprises, passent quasiment inaperçues en Corée du Nord où une poignée seulement de personnes sont autorisées à consulter le web.

La Corée du Nord ne possède que quatre réseaux internet,
contre 150.000 aux Etats-Unis. Ces réseaux, opérés par le géant chinois des communications China Unicom, ne reconnaîtraient qu'un millier d'adresses IP contre 112 millions en Corée du Sud.

"La plupart des gens ordinaires en Corée du Nord n'ont pas d'accès à l'internet. Seuls quelques membres de l'élite en bénéficient, et encore au prix de maintes restrictions",
relève Kim Seung-Joo, professeur à la Korea University.

"Comme la Corée du Nord est peu dépendante de l'internet, l'effet potentiel des coupures est limité",
note-t-il.

Pays reclus en proie aux pénuries de toute nature, la Corée du Nord est dirigée depuis la fin des années 1940 par la famille Kim. Jong-Un, troisième du nom, règne depuis la mort de son père Kim Jong-Il en décembre 2011.

La nomenklatura contrôle d'une main de fer les 25 millions d'habitants et tous les médias sont soumis à la censure.


6.000 hackers nord-coréens



Le Nord compte deux millions d'utilisateurs de téléphones mobiles mais les appareils ne sont pas connectés et aucun appel vers l'étranger n'est possible.

Le million d'ordinateurs estimé -- essentiellement dans les établissements scolaires ou les administrations --, est rarement connecté.

Enfin un intranet national ("Kwangmyong") offre un système de courriel, quelques jeux vidéos, un accès aux sites officiels, mais guère davantage.

Le courrier est scrupuleusement lu par la censure.
Une messagerie instantanée ("chat") a été récemment fermée par les autorités qui s'alarmaient de sa popularité, selon Park Kun-Ha, secrétaire général de Solidarité Intellectuels Corée du Nord, une association de réfugiés basée à Séoul.

Il estime le nombre d'utilisateurs de l'intranet à "quelques dizaines de milliers" et insiste sur le fait que "le quotidien des Nord-Coréens ne dépend pas des ordinateurs ni de l'internet comme dans le reste du monde".

Lim Jong-In, un autre cyber-expert sud-coréen, minimise lui aussi les effets du piratage dans un pays où il n'y a "pas grand-chose à attaquer".

La Corée du Nord est en revanche présentée par certains spécialistes comme l'une des cinq nations au monde capables de mener une cyber-guerre, avec une armée de 6.000 "hackers" prêts à frapper à tout moment les ennemis de Pyongyang.

Ils sévissent pour nombre d'entre eux depuis des villes chinoises frontalières, sous la supervision de consultants directement recrutés à Pyongyang.

S'ils "veulent toucher le Nord, les Etats-Unis feraient mieux de neutraliser ces consultants plutôt que de paralyser le réseau insignifiant de la Corée du Nord", estime Lim.

Le président Barack Obama avait assuré dimanche que Washington répliquerait à Pyongyang face au piratage de Sony Pictures mais la cause des coupures de réseau en Corée du Nord n'est pas connue. Selon les experts, elles seraient liées à des attaques informatiques par "déni de service".

Un cadre juridique international sur les cyber-attaques est actuellement négocié sous l'égide des Nations Unies et de son comité chargé du désarmement et des menaces sur la paix.

Sony Pictures a finalement fait volte-face mardi en autorisant aux Etats-Unis une sortie limitée de "L’interview qui tue!".

Rédigé par AFP le Mercredi 24 Décembre 2014 à 06:09 | Lu 313 fois