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« Les congés rayons des radiologues sont l’équivalent de la prime charbon à la SNCF »


Image d'illustration
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Celui qui parle ainsi est chargé du suivi du dossier des personnels de radiologie à la direction de la santé. Arguments scientifiques à l’appui, le docteur Cojan, qui conseille le ministre de la Santé Charles Tetaria depuis le début de la grève des radiologues et manipulateurs du CHPF, explique à Tahiti Infos pourquoi les « congés rayons » sont non seulement inutiles pour la santé des travailleurs en radiologie, mais même qu’ils doivent être interdits.

Toujours selon le docteur Cojan, voici ce que dit l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) dont le rôle est d'assurer un usage sûr et pacifique des technologies et des sciences liées au nucléaire : « les employeurs, les personnes inscrites et titulaires de licence ne doivent pas offrir des avantages comme des substituts aux mesures de protection et de sécurité. (…) Des arrangements de compensation, ou une considération préférentielle à l’égard de salaires, la couverture d’assurance spéciale, les heures de travail, la durée de congé annuelle, les congés supplémentaires, ou des prestations de retraite, ne doivent être ni délivrés, ni être utilisés comme substituts des mesures de protection et de sécurité en conformité avec les exigences des ces normes. »

Pour le docteur Cojan, tout est dit dans cette note. « Ces travailleurs sont suivis par des dosimètres qui enregistrent la dose de rayons qu’ils reçoivent. Le suivi de ces dosimètres est assuré par la PCR (personne compétente en radioprotection). Donc quand les personnels disent qu’ils ne bénéficient pas des mêmes mesures de protection qu’en métropole, c’est un mensonge » affirme-t-il en outre.

En métropole, le seuil maximal d’exposition aux rayons a été fixé à 20 millisieverts (mSv)par an. Il est de 50 en Polynésie française, qui a tardé à « toiletter » sa législation, selon les termes de ce médecin de la direction de la santé. « Toutefois dans les faits, le seuil toléré par la médecine du travail en Polynésie française est de 20 mSv par an», affirme le docteur Cojan. En outre, explique-t-il, « la surveillance effectuée par la PCR du CHPF n’a montré aucun dépassement de limites d’exposition des personnels exposés depuis novembre 2010, date de l’entrée dans le nouvel hôpital et de l’abrogation des congés rayons. »

« Ces travailleurs défendent des congés qui ne reposent sur aucun argument scientifique, et qui en plus, sont interdits par les instances internationales » conclut le docteur Cojan.


Le droit de réponse du personnel de radiologie du CHPF

"L'ensemble du personnel du service de Radiologie du CHPF tient à apporter un droit de réponse aux propos tenus par Mr COJAN, médecin inspecteur à la Santé Publique et responsable de la mise en place de la loi de pays sur la radioprotection, paru dans la presse et expliquer son mouvement de grève à la population.

La radiologie est une profession à risque car exposée aux rayonnements ionisants avec des effets délétères pour la santé. Cette profession est encadrée de façon stricte depuis 2004 en métropole par une réglementation encore non appliquée sur le Territoire.

Des doses de rayonnements pour ce personnel exposé pouvant atteindre jusqu'à 20 fois la dose admise pour la population générale (1msv/an) sont tolérées avec des mesures drastiques de surveillance (visite médicale, prise de sang annuelle) et des contraintes de travail lourdes (tablier, cache-thyroïde, lunettes plombés, dosimètres). Par ailleurs cette réglementation met en place une liste de maladies professionnelles reconnues pour ce personnel exposé, dont le délai de reconnaissance peut aller jusqu'à 50 ans après la fin de l’activité.

L'activité en radiologie est en forte augmentation en Polynésie car l'imagerie médicale est devenue incontournable en médecine, à la fois pour le diagnostic et également en thérapeutique avec la radiologie interventionnelle.

La radiologie diagnostique comporte certaines spécificités locales qui imposent souvent aux manipulateurs de rester proches de la source de rayonnements pour un résultat diagnostic exploitable : la forte proportion d'enfants, les patients alcoolisés, les accidentés de la voie publique. De plus, le gabarit des patients, souvent supérieur à celui de Métropole, impose l'utilisation de dose de rayons plus importante pour le patient et par voie de conséquence pour le personnel présent.

La radiologie interventionnelle, en augmentation constante, comprend un certain nombre de gestes qui sont parfois le seul moyen d'obtenir un diagnostic. Elles permettent aussi de réaliser des gestes thérapeutiques évitant une opération chirurgicale avec des économies en terme de durée d'hospitalisation. Ces procédures souvent longues impliquent une irradiation non-négligeable pour le personnel.

A la lumière de tous ces éléments, prétendre que « les grévistes n’apportent pas de justificatifs techniques quand aux rayons auxquels ils prétendent être soumis » nous conforte dans l’idée que Mr le ministre de la Santé ne bénéficie pas de conseils avisés.

La réduction du temps d’exposition aux rayonnements ionisants est à l’heure actuelle le plus grand principe admis et reconnu pour diminuer ce risque. Or le temps d’exposition du personnel de radiologie de Polynésie (39 heures) n’est pas comparable au personnel des services de Radiologie de Métropole et de Nouvelle Calédonie (35 heures). Avec ce différentiel de 200 heures annuelles, nous ne tenons pas à être le personnel le plus exposé de la République Française.

Si l’électricité à remplacé le charbon dans les trains, L’imagerie, utilise toujours les rayons X. En remettre en cause la dangerosité relève de la mauvaise foi la plus totale".


Le personnel de Radiologie du CHPF

le Mardi 3 Janvier 2012 à 16:14 | Lu 3864 fois