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Les concombres de mer salvateurs... pour les coraux


Des chercheurs américains ont révélé dans une étude réalisée en partie à Moorea que la présence de concombres de mer dans les récifs coralliens avait un impact sur la santé des coraux et réduisait considérablement leur mortalité. Crédit photo : AFP.
Des chercheurs américains ont révélé dans une étude réalisée en partie à Moorea que la présence de concombres de mer dans les récifs coralliens avait un impact sur la santé des coraux et réduisait considérablement leur mortalité. Crédit photo : AFP.
Tahiti, le 13 mars 2024 - Des chercheurs et scientifiques américains ont démontré avec une étude, réalisée en partie à Moorea, l'importance vitale des concombres de mer sur les récifs coralliens. Leur présence réduirait de plus de 370% la mortalité des coraux “acroporidés” et de 1 500% celle des colonies.
 
Les coraux aussi tombent malades, avant de mourir. Et ces maladies sont l'une des raisons de la dégradation des récifs coralliens partout dans le monde, outre bien sûr l'impact des activités humaines et le réchauffement climatique, qui restent les principales causes de la dégradation des récifs. Ce constat est particulièrement vrai pour les coraux “acroporidés”, qui représentent 25% de toutes les espèces coralliennes du Pacifique et qui génèrent une grande partie de la topographie sous-marine. Ces maladies sont souvent associées aux sédiments marins et à la baisse du nombre de concombres de mer, ces détritivores qui nettoient les récifs de leurs sédiments, supprimant ainsi les agents pathogènes microbiens, pour se nourrir.
 
En effet, si les holothuries ont été largement exploitées et pêchées depuis deux siècles, leur récolte a explosé depuis une vingtaine d'années, pour atteindre des proportions telles que leur présence a été presque éradiquée de certaines parties du monde. Mais étant donné que les holothuries nettoient les sédiments des coraux, leur élimination pourrait être la cause d'épidémies d'agents pathogènes microbiens dans des écosystèmes menacés comme les récifs coralliens. C'est cette hypothèse que des chercheurs de l'Institut technologique d'Atlanta et du département de microbiologie de l'université du Montane, aux États-Unis, ont tenté de prouver. Pour cela, ils ont étudié les récifs de Moorea et de l'atoll de Palmyre (île inhabitée appartenant aux États-Unis), où les concombres de mer sont encore présents en grande densité.
 
Mortalité en baisse
 
Les manipulations et expériences des scientifiques ont donc démontré leur hypothèse de départ. En effet, en supprimant la présence d'holothuries dans certains récifs étudiés pendant 45 jours, ils ont constaté que la mortalité des “acroporidés” avait augmenté de 370%. La mortalité des colonies de coraux, elle, a augmenté de 1 500%. Des chiffres colossaux, qui témoignent de l'importance capitale des concombres de mer pour les récifs coralliens. De plus, leur présence attire les poissons fermiers, qui ont également un impact sur les sédiments marins et donc sur la santé globale des coraux. À noter que les chercheurs ont expliqué dans leur étude que la topographie des îles n'était pas impactante sur la santé des coraux et que les mêmes effets ont été documentés à Moorea, une île haute, et à l'atoll de Palmyre, une île basse.
 
Les résultats de cette étude, qui a mis en lumière que la surexploitation des concombres de mer avait des effets sur la résilience des coraux, pourraient, à l'avenir, être d'une importance capitale quant à la préservation des récifs coralliens. Réintroduire des holothuries dans certaines zones sous-marines pourrait donc être un bon moyen pour la Polynésie de réduire la dégradation des fonds marins.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 13 Mars 2024 à 15:09 | Lu 2739 fois