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Les communes pourraient investir bien plus


Les communes ont dépensé  en moyenne 116 912 Fcfp en moyenne par habitant en 2016.
Les communes ont dépensé en moyenne 116 912 Fcfp en moyenne par habitant en 2016.
PAPEETE, le 13 mars 2018. L'Agence française de développement rappelle que les communes pourraient investir bien plus qu'elles font. Elle leur recommande notamment de mettre en place des plans pluriannuels d'investissement.

Après avoir épluché les budgets 2016 des communes du fenua, l'Agence française de développement (AFD) a publié la cinquième édition de l'observatoire des communes de Polynésie française. L'AFD indique que les communes ont dégagé un "montant d'épargne brute inégalé depuis de nombreuses années qui a participé à la relance de leur investissement très attendue" depuis la nouvelle mandature. Malgré tout "le volume d'investissement pris sur les trois premières années de la mandature reste plus faible que celui du début de la précédente", souligne l'agence française de développement. "Les communes pourraient investir un milliard de plus par an en mobilisant leur épargne nette et en faisant davantage appel à l'emprunt", souligne Thierry Paulais, directeur de l'agence de Papeete.

"Pour une plus grande autonomie et l'accomplissement de programmes d'investissements plus ambitieux, les communes peuvent aujourd'hui s'appuyer sur leur solvabilité et des outils de pilotage encore sous-exploités (plan pluriannuel d'investissement, analyse financière, prospective…)", précise l'AFD. Les communes doivent aussi continuer à travailler sur la tarification, le recouvrement des redevances mais aussi l'intercommunalité et l'évolution de la fiscalité communale.

Oser emprunter
Selon l'Agence française de développement, l'emprunt est une "variable d'ajustement sous-exploitée". "En 2016, en raison d'une amélioration de l'épargne nette et de subventions plus importantes, le recours au financement bancaire a diminué de 24 % par rapport à 2015 avec près de 600 millions de crédits nouveaux, le niveau le plus bas sur la période 2013-2016", décrit l'AFD. "Finançant 7 % des dépenses d'investissement de l'année 2016 (10 % sur la période 2013-2016), le recours à l'emprunt demeure une variable d'ajustement marginale dans le financement des opérations des communes. Cette ressource, qui pourrait davantage compléter le schéma de financement et lisser la charge des investissements dans le temps, est sous-exploitée, malgré des capacités d'emprunt conséquentes. A titre de comparaison, les communes calédoniennes ont financé près de 19 % de leurs dépenses d'équipement grâce à l'emprunt sur la période 2013-2016 tout en conservant une situation financière globalement saine."

Télécharger la publication de l'Observatoire des communes



Des charges de personnel mieux maîtrisées

"Entre 2015 et 2016, pour la première fois depuis 2012, les charges totales de personnel (permanent et temporaire) progressent de moins de 1%, confirmant ainsi la capacité des communes à maîtriser ce type de dépense", a constaté l'Agence française de développement. Ces résultats s'expliquent en partie par la mise en place de la fonction publique communale mais "confrontées à des difficultés financières entre 2011 et 2014 liées au retard du versement par le pays de sa part au Fonds Intercommunal de Péréquation". "Les communes polynésiennes avaient ajusté à la baisse leurs charges de personne;" met en avant l'AFD.

Les communes peu endettées

Habituées à un subventionnement conséquent de leurs investissements, les communes polynésiennes n'ont pas accumulé un stock de dette important. L'endettement, qui ne peut financer la section de fonctionnement, demeure ainsi à un niveau structurellement bas. Le taux d'endettement, qui rapporte l'encours de dette aux recettes de fonctionnement, a baissé en raison de l'augmentation des recettes communales ; il s'établit en 2016 à 13,2 % contre 13,4 % en 2015 (par rapport à un seuil d'alerte communément admis de 100 %). A titre de comparaison, le taux d'endettement des communes de Nouvelle-Calédonie, qui ont davantage intégré l'emprunt dans le mode de financement de leurs investissements, s'élève à 53 %. La dette par habitant est ainsi près de six fois supérieure en Nouvelle-Calédonie

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 13 Mars 2018 à 13:21 | Lu 1502 fois