Tahiti, le 14 décembre 2020 - Repousser le couvre-feu à 22 heures, autoriser les marchés ambulants et rouvrir les salles de sports : l'association Papeete centre-ville, par la voix de son président, Dany Dana, demande aux autorités de redonner la "liberté d'entreprendre" aux commerçants, en levant certaines mesures qui ne leur permettent plus d'animer la ville.
Les animations de Noël sont plutôt rares cette année, quel est l'impact sur le centre-ville ?
"On avait prévu une nocturne pour le grand marché de Noël prévu initialement le vendredi 11 décembre, on était censé fermer à 23 heures, avec des exposants, des animations, etc. On a dû l'annuler. Ce genre d'animations nous ramenait du monde. Le résultat, aujourd’hui, c'est qu'il y a beaucoup moins de passage en ville, et donc chez les commerçants. On a quand même pu maintenir une nocturne le 18 décembre jusqu'à 20 heures dans le centre-ville, chaque commerçant fera des efforts sur des remises et des offres. On a également lancé une grande campagne de communication avec Papeete centre-ville et la CCISM pour faire prendre conscience à la population qu'il est important pour l'économie locale et nos emplois de consommer local au lieu d'acheter sur internet."
Le e-shopping est en hausse cette année ?
"C'est ce qu'on constate tous les ans, mais cette année, le comportement des consommateurs prend une dimension particulière. L'année 2020 a été très compliquée pour les commerces, il y a eu des licenciements, des plans de départs volontaires, des réductions de temps de travail... Ce qui pèse sur le moral et sur les finances. Pour limiter la casse et essayer de finir l'année sur une touche positive, il faut absolument que les gens prennent conscience qu'il faut acheter local et surtout dans les commerces de proximité. On compte sur la solidarité des gens pour sauver l'économie, parce que l'économie est principalement dans les commerces."
Les animations de Noël sont plutôt rares cette année, quel est l'impact sur le centre-ville ?
"On avait prévu une nocturne pour le grand marché de Noël prévu initialement le vendredi 11 décembre, on était censé fermer à 23 heures, avec des exposants, des animations, etc. On a dû l'annuler. Ce genre d'animations nous ramenait du monde. Le résultat, aujourd’hui, c'est qu'il y a beaucoup moins de passage en ville, et donc chez les commerçants. On a quand même pu maintenir une nocturne le 18 décembre jusqu'à 20 heures dans le centre-ville, chaque commerçant fera des efforts sur des remises et des offres. On a également lancé une grande campagne de communication avec Papeete centre-ville et la CCISM pour faire prendre conscience à la population qu'il est important pour l'économie locale et nos emplois de consommer local au lieu d'acheter sur internet."
Le e-shopping est en hausse cette année ?
"C'est ce qu'on constate tous les ans, mais cette année, le comportement des consommateurs prend une dimension particulière. L'année 2020 a été très compliquée pour les commerces, il y a eu des licenciements, des plans de départs volontaires, des réductions de temps de travail... Ce qui pèse sur le moral et sur les finances. Pour limiter la casse et essayer de finir l'année sur une touche positive, il faut absolument que les gens prennent conscience qu'il faut acheter local et surtout dans les commerces de proximité. On compte sur la solidarité des gens pour sauver l'économie, parce que l'économie est principalement dans les commerces."
"Une quinzaine de commerces ont fermé et d'autres attendent la fin de l'année"
Y a-t-il déjà des commerces en difficulté au point de mettre la clé sous la porte ?
"On sait qu'il y a plus de 15 commerces qui ont fermé, sur un total de 300, tandis que d'autres attendent la fin de l'année pour faire le bilan en perspective d'une fermeture. Le mois de janvier n'est jamais bon, c'est une période creuse pour beaucoup de monde."
Dans ce contexte quel est l'état d'esprit des commerçants ?
"Ils abordent les fêtes dans une ambiance d'anxiété parce qu'ils ont très peu d'aide, très peu de soutien. Ils sont souvent très seuls et ils n'ont pas l'habitude de demander de l'aide. Le commerçant en général gère son entreprise seul."
N'ont-ils pas accès aux aides du Pays et de l'État ?
"Si, mais pour avoir des aides, il faut avoir subi une perte de chiffre d'affaires d'au moins 50% par rapport à mars 2019. Mais si ton chiffre d'affaires est coupé en deux, c'est que t'es déjà mort, sinon c'est de la survie. Au-delà des aides financières, c'est du soutien moral dont les commerçants ont besoin, parce que c'est déjà un métier dur et fatigant, auquel s'ajoute du stress qui s'installe dans la durée. Il y a un impact psychologique lié à l'incertitude du contexte. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Il y a une perte de confiance dans l'avenir. J'ai une pensée aussi pour les restaurateurs qui ouvrent le soir, mais qui ne travaillent pas comme il faudrait."
"On sait qu'il y a plus de 15 commerces qui ont fermé, sur un total de 300, tandis que d'autres attendent la fin de l'année pour faire le bilan en perspective d'une fermeture. Le mois de janvier n'est jamais bon, c'est une période creuse pour beaucoup de monde."
Dans ce contexte quel est l'état d'esprit des commerçants ?
"Ils abordent les fêtes dans une ambiance d'anxiété parce qu'ils ont très peu d'aide, très peu de soutien. Ils sont souvent très seuls et ils n'ont pas l'habitude de demander de l'aide. Le commerçant en général gère son entreprise seul."
N'ont-ils pas accès aux aides du Pays et de l'État ?
"Si, mais pour avoir des aides, il faut avoir subi une perte de chiffre d'affaires d'au moins 50% par rapport à mars 2019. Mais si ton chiffre d'affaires est coupé en deux, c'est que t'es déjà mort, sinon c'est de la survie. Au-delà des aides financières, c'est du soutien moral dont les commerçants ont besoin, parce que c'est déjà un métier dur et fatigant, auquel s'ajoute du stress qui s'installe dans la durée. Il y a un impact psychologique lié à l'incertitude du contexte. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Il y a une perte de confiance dans l'avenir. J'ai une pensée aussi pour les restaurateurs qui ouvrent le soir, mais qui ne travaillent pas comme il faudrait."
"Les gestes barrières sont devenus une habitude dans les commerces"
Les gestes barrières semblent acquis dans les commerces, est-ce un argument pour rassurer les clients ?
"On l'espère, parce que dans les commerces maintenant, les gestes barrières sont devenus une habitude. Tout le monde respecte le port du masque, il y a une distribution de solutions hydroalcooliques à chaque entrée. On a fait l'expérience avec le Black friday qui a fait venir du monde et remonter un peu le moral des commerçants. C'est la preuve qu'on peut faire confiance à la population et redonner au passage un peu plus de liberté aux commerçants. Aujourd'hui il y a très peu de chance d'attraper le Covid-19 dans les commerces, puisqu'on est maintenant tous habitué aux gestes barrières. À un moment donné, il faudra que les autorités nous donnent un peu plus de liberté d'entreprendre."
À quelles restrictions faites-vous allusion précisément ?
"Repousser le couvre-feu jusqu'à 22 heures au moins serait appréciable. Au moins en ce qui concerne les restaurateurs. Ensuite, j'ai une pensée pour les salles de sport qui ont vraiment trinqué. Il faudrait également débloquer la possibilité de faire des marchés ambulants, des marchés exposants. Le marché nature qui se tient tous les 2e samedi du mois dans la rue piétonne, promenade de Nice. Il faut penser aux exposants qui, eux, sont déjà dans une situation précaire et qui ne peuvent plus du tout travailler, et profiter du centre-ville pour exposer leur produit. Aujourd'hui, on ne peut plus animer la ville de Papeete, on ne peut plus la dynamiser, c'est ça notre problème."
"On l'espère, parce que dans les commerces maintenant, les gestes barrières sont devenus une habitude. Tout le monde respecte le port du masque, il y a une distribution de solutions hydroalcooliques à chaque entrée. On a fait l'expérience avec le Black friday qui a fait venir du monde et remonter un peu le moral des commerçants. C'est la preuve qu'on peut faire confiance à la population et redonner au passage un peu plus de liberté aux commerçants. Aujourd'hui il y a très peu de chance d'attraper le Covid-19 dans les commerces, puisqu'on est maintenant tous habitué aux gestes barrières. À un moment donné, il faudra que les autorités nous donnent un peu plus de liberté d'entreprendre."
À quelles restrictions faites-vous allusion précisément ?
"Repousser le couvre-feu jusqu'à 22 heures au moins serait appréciable. Au moins en ce qui concerne les restaurateurs. Ensuite, j'ai une pensée pour les salles de sport qui ont vraiment trinqué. Il faudrait également débloquer la possibilité de faire des marchés ambulants, des marchés exposants. Le marché nature qui se tient tous les 2e samedi du mois dans la rue piétonne, promenade de Nice. Il faut penser aux exposants qui, eux, sont déjà dans une situation précaire et qui ne peuvent plus du tout travailler, et profiter du centre-ville pour exposer leur produit. Aujourd'hui, on ne peut plus animer la ville de Papeete, on ne peut plus la dynamiser, c'est ça notre problème."
Pas (encore) de vague de dépôts de bilan
"Les chiffres ne frémissent pas", résume Christophe Tissot, président du tribunal mixte de commerce (TMC) de Papeete, qui enregistre "heureusement, très très peu de redressements et quelques liquidations". Pas plus de déclarations de cessation de paiement que d'ordinaire non plus.
Un chiffre "habituel" lié à des dossiers anciens, juge le président du tribunal. "Je pense aussi que les mécanismes de soutien jouent à fond, parce qu'on se doute bien qu'il n'y a plus de clients pour une bonne partie des commerçants." Il est donc trop tôt pour voir arriver la vague redoutée. Christophe Tissot table, lui, sur le deuxième semestre 2021, lorsqu'il faudra commencer à rembourser les prêts, ou lorsque les moratoires seront levés.
Notons également que la juridiction n'est pas forcément saisie de toutes les procédures. "Les gens peuvent fermer sans passer par le tribunal, précise le président du tribunal. Ils peuvent régler leur dette et faire le ménage eux-mêmes." Mais l'intérêt de passer par le tribunal, c'est sans aucun doute la fiabilité de la procédure judiciaire par laquelle les créanciers sont tenus par des délais rappelle le magistrat. Car c'est le tribunal qui prend la responsabilité d'indemniser les créanciers (impôts, CPS, etc.).
Un chiffre "habituel" lié à des dossiers anciens, juge le président du tribunal. "Je pense aussi que les mécanismes de soutien jouent à fond, parce qu'on se doute bien qu'il n'y a plus de clients pour une bonne partie des commerçants." Il est donc trop tôt pour voir arriver la vague redoutée. Christophe Tissot table, lui, sur le deuxième semestre 2021, lorsqu'il faudra commencer à rembourser les prêts, ou lorsque les moratoires seront levés.
Notons également que la juridiction n'est pas forcément saisie de toutes les procédures. "Les gens peuvent fermer sans passer par le tribunal, précise le président du tribunal. Ils peuvent régler leur dette et faire le ménage eux-mêmes." Mais l'intérêt de passer par le tribunal, c'est sans aucun doute la fiabilité de la procédure judiciaire par laquelle les créanciers sont tenus par des délais rappelle le magistrat. Car c'est le tribunal qui prend la responsabilité d'indemniser les créanciers (impôts, CPS, etc.).