Paris, France | AFP | mercredi 23/03/2016 - Eternuements, démangeaisons, mais aussi états de choc pouvant entraîner la mort : les allergies s'aggravent et touchent de plus en plus de monde. Pourtant, l'allergologie n'est toujours pas reconnue comme une spécialité médicale, s'alarment des médecins inquiets pour l'avenir.
A 30 ans, Agnès a déjà failli mourir deux fois. Elle en avait 18 quand sa mère l'a retrouvée "en train de convulser dans (sa) chambre", sans savoir ce qui lui arrivait. "Elle a cru que j'avais pris de la drogue", raconte-t-elle en riant.
Baisse de tension, détresse respiratoire... le médecin dépêché par les secours a vite compris qu'Agnès faisait un choc anaphylactique, une réaction allergique violente, qui nécessite une injection d'adrénaline.
En cause, probablement "un plot de chantier dérobé pour un projet d'art plastique", pense la jeune femme, qui se savait "sensible au latex", mais pas dans de telles proportions.
Puis "la vie a continué", jusqu'à ce qu'un nouveau choc survienne deux ans plus tard, cette fois après un repas dans un restaurant thaïlandais... "Ma langue était tellement gonflée qu'elle sortait de ma bouche".
Ce n'est qu'en consultant un allergologue à Paris que la jeune femme est diagnostiquée pour de bon : victime d'"allergie croisée", Agnès doit éviter tout contact avec le latex... mais aussi ne plus manger de "crevettes, de saumon, de châtaigne, d'avocat ou encore de sarrasin".
Comme elle, près de 30% des Français (18 millions) sont allergiques, contre 2 à 3% en 1970, selon les chiffres de l'association Asthme et Allergies. D'après l'Organisation mondiale de la santé, d'ici à 2050, la moitié de la population occidentale sera touchée, en raison de la mondialisation, d'un environnement qui évolue, du réchauffement climatique ou de la pollution.
Dans le même temps, "la sévérité des allergies progresse" ainsi que "les allergies alimentaires", assure le professeur Jocelyne Just, chef du service allergologie pédiatrique de l'Hôpital Trousseau à Paris.
- 'Problème d'image' -
Mais à ce rythme, les allergologues ne seront peut-être plus assez nombreux pour prendre en charge l'ensemble des patients, s'alarme le syndicat français des allergologues (Syfal).
De fait, la France ne compte que quelque 1.200 allergologues, des médecins généralistes, pneumologues ou encore dermatologues qui ont suivi une formation complémentaire de deux ans pour se "sur-spécialiser".
Sur ce total, seuls 480 pratiquent exclusivement l'allergologie et sont "les mieux à même de prendre en charge les pathologies sévères, évolutives, dans leur globalité" et de traiter le patient qui cumule "eczéma, asthme et rhinite", assure Isabelle Bossé, la présidente du Syfal.
Pire, avec une moyenne d'âge de 57 ans et "même pas 5%" d'allergologues de moins de 40 ans, la pratique est menacée de disparition "d'ici à 15 ans", estime le syndicat.
Dans ce contexte, reconnaître l'allergologie comme spécialité médicale à part entière, comme c'est le cas dans "15 pays européens et aux Etats-Unis", permettrait de renforcer sa visibilité et son attractivité auprès des étudiants, "de développer la recherche et les centres dédiés", estime Isabelle Bossé.
Son syndicat plaide ainsi pour la création d'un DES (diplôme d'étude spécialisée), comme il en existe, de trois à cinq ans, pour la médecine générale ou la dermatologie.
Une proposition portée lors des concertations sur la réforme des études de médecine sur laquelle planchent les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, pour le moment en vain.
"Les gériatres, les urgentistes vont obtenir leur spécialité, mais pas nous", en raison de "contraintes budgétaires" et de querelles "corporatistes", déplore la présidente du Syfal, selon qui seule "l'option d'une formation transversale d'un ou deux ans", comparable à "ce qui existe déjà", sera retenue.
Pour le professeur Just, la discipline souffre surtout d'un "problème d'image", y compris chez les "universitaires", qui apparentent encore les allergies à "des piqûres, des petits boutons, le nez qui coule, alors que le visage de la maladie a changé".
A 30 ans, Agnès a déjà failli mourir deux fois. Elle en avait 18 quand sa mère l'a retrouvée "en train de convulser dans (sa) chambre", sans savoir ce qui lui arrivait. "Elle a cru que j'avais pris de la drogue", raconte-t-elle en riant.
Baisse de tension, détresse respiratoire... le médecin dépêché par les secours a vite compris qu'Agnès faisait un choc anaphylactique, une réaction allergique violente, qui nécessite une injection d'adrénaline.
En cause, probablement "un plot de chantier dérobé pour un projet d'art plastique", pense la jeune femme, qui se savait "sensible au latex", mais pas dans de telles proportions.
Puis "la vie a continué", jusqu'à ce qu'un nouveau choc survienne deux ans plus tard, cette fois après un repas dans un restaurant thaïlandais... "Ma langue était tellement gonflée qu'elle sortait de ma bouche".
Ce n'est qu'en consultant un allergologue à Paris que la jeune femme est diagnostiquée pour de bon : victime d'"allergie croisée", Agnès doit éviter tout contact avec le latex... mais aussi ne plus manger de "crevettes, de saumon, de châtaigne, d'avocat ou encore de sarrasin".
Comme elle, près de 30% des Français (18 millions) sont allergiques, contre 2 à 3% en 1970, selon les chiffres de l'association Asthme et Allergies. D'après l'Organisation mondiale de la santé, d'ici à 2050, la moitié de la population occidentale sera touchée, en raison de la mondialisation, d'un environnement qui évolue, du réchauffement climatique ou de la pollution.
Dans le même temps, "la sévérité des allergies progresse" ainsi que "les allergies alimentaires", assure le professeur Jocelyne Just, chef du service allergologie pédiatrique de l'Hôpital Trousseau à Paris.
- 'Problème d'image' -
Mais à ce rythme, les allergologues ne seront peut-être plus assez nombreux pour prendre en charge l'ensemble des patients, s'alarme le syndicat français des allergologues (Syfal).
De fait, la France ne compte que quelque 1.200 allergologues, des médecins généralistes, pneumologues ou encore dermatologues qui ont suivi une formation complémentaire de deux ans pour se "sur-spécialiser".
Sur ce total, seuls 480 pratiquent exclusivement l'allergologie et sont "les mieux à même de prendre en charge les pathologies sévères, évolutives, dans leur globalité" et de traiter le patient qui cumule "eczéma, asthme et rhinite", assure Isabelle Bossé, la présidente du Syfal.
Pire, avec une moyenne d'âge de 57 ans et "même pas 5%" d'allergologues de moins de 40 ans, la pratique est menacée de disparition "d'ici à 15 ans", estime le syndicat.
Dans ce contexte, reconnaître l'allergologie comme spécialité médicale à part entière, comme c'est le cas dans "15 pays européens et aux Etats-Unis", permettrait de renforcer sa visibilité et son attractivité auprès des étudiants, "de développer la recherche et les centres dédiés", estime Isabelle Bossé.
Son syndicat plaide ainsi pour la création d'un DES (diplôme d'étude spécialisée), comme il en existe, de trois à cinq ans, pour la médecine générale ou la dermatologie.
Une proposition portée lors des concertations sur la réforme des études de médecine sur laquelle planchent les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, pour le moment en vain.
"Les gériatres, les urgentistes vont obtenir leur spécialité, mais pas nous", en raison de "contraintes budgétaires" et de querelles "corporatistes", déplore la présidente du Syfal, selon qui seule "l'option d'une formation transversale d'un ou deux ans", comparable à "ce qui existe déjà", sera retenue.
Pour le professeur Just, la discipline souffre surtout d'un "problème d'image", y compris chez les "universitaires", qui apparentent encore les allergies à "des piqûres, des petits boutons, le nez qui coule, alors que le visage de la maladie a changé".