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Les Tuha'a Pae brillent sur la scène de Tubuai


Rurutu est arrivée sur scène à la lueur des flambeaux comme le veut la tradition à l'ouverture du Heiva.
Rurutu est arrivée sur scène à la lueur des flambeaux comme le veut la tradition à l'ouverture du Heiva.
Tubuai, le 8 novembre 2022 - À peine démarré, le festival des Australes bat son plein à Tubuai. Lundi soir, la journée s’est achevée par un spectacle de chants et de danse interprétés respectivement par Rimatara et Rurutu. Mardi, pour le deuxième jour la délégation de Raivavae a présenté ses démonstrations alors que Rapa et Rimatara étaient, elles, chargées du ahimā’a. L’après-midi a été occupée par une course aux échasses et une cérémonie sur le marae Taputapuātea.

Lundi, pour clôturer la première journée du festival des Australes qui se déroule en ce moment à Tubuai, un spectacle de chants de Rimatara (tārava Rimatara et rū’au pe’epe’e) et de danse de Rurutu a été offert au public. Rurutu, comme elle a l’habitude de le faire pour lancer les festivités du Heiva en juillet, a tenu à défiler aux flambeaux à la nuit tombée avant de monter sur scène. La troupe a marché sur 200 mètres, puis elle a rejoint le chapiteau de la mairie plongé dans le noir. Elle a été acclamée par le public à son arrivée.

Raivavae en scène

La scène a été investie mardi matin par la délégation de Raivavae. Sur différentes tables dressées, l’île a présenté son artisanat, son art culinaire mais aussi ses rā’au. Le public, installé sur les gradins, a été invité en fin de présentation à descendre sur la scène pour déguster des crêpes bananes ou encore suivre les étapes de la réalisation d’un collier à base de pūpū, de petits coquillages variés. Debout au-dessus d’un amas d’amidon, trois membres de la délégation ont décrit la préparation de la précieuse poudre blanche. L’amidon nous sert en cuisine pour fabriquer le po’e, le rēti’a, les crêpes… On l’utilise au quotidien, c’est pourquoi on a voulu présenter sa fabrication.” Pour obtenir de l’amidon, il faut râper la racine du manioc blanc, le iohi, puis ajouter un peu d’eau. Le jus de la racine se dépose au fond du 'ūmete. “On récupère la pâte et on la met à sécher. Ou plutôt on la récupérait et on la mettait à sécher au soleil”, avouent les membres de la délégation. “Aujourd’hui, malheureusement, on va plus facilement au magasin.”

Sur une table voisine, côté artisanat, des sculpteurs ont montré toute leur dextérité, des paniers ont été tressés. Plus loin, des amas de minuscules pūpū ramassés sur un motu de Raivavae sont étalés sur trois tables. Germaine détaille les étapes les étapes de la préparation de cette matière première. “Les coquillages sont gris et mélangés à diverses particules, un premier tri permet de sélectionner les pūpū intacts.” Ils sont passés à l’eau de javel, pour leur donner une couleur jaune oranger. “On effectue ensuite un second tri pour les classer par teintes.” Enfin, vient l’étape de l’assemblage. Les colliers, à Raivavae, sont ensuite vendus ou offerts aux amis et à la famille, lorsqu’ils quittent l’île.

Teihotu Ariihaurai, 21 ans, s’occupe quant à lui de la fabrication des rā’au. “On apprend auprès de nos metua”, raconte-t-il. Il a fabriqué sur scène un jus préconisé en cas de mal de tête ou gastro-entérite par exemple. “Les recettes sont transmises de générations en générations au sein des familles.” Teihotu Ariihaurai a repris sa démonstration :  “On a d’abord nettoyé un morceau d’écorce de miro [Bois de rose : NDLR].” Laquelle est passée du marron au blanc. “Ensuite, on a écrasé cette écorce dans un 'ūmete avec un penu”. Réduit en poudre et devenue blanche, l’écorce a ensuite été mise à infuser dans un galon d’eau mélangée à du citron et du sucre roux.

Deux ahimā’a ont été préparés dès lundi matin par les délégations de Rapa et Rimatara pour le déjeuner de mardi. Au menu : du rori, du pu'a fafa, du veau, du fāfaru, du poe manioc.
Deux ahimā’a ont été préparés dès lundi matin par les délégations de Rapa et Rimatara pour le déjeuner de mardi. Au menu : du rori, du pu'a fafa, du veau, du fāfaru, du poe manioc.
Pendant ce temps-là, en bord de mer à l’extérieur du chapiteau les équipes “art culinaire” de Rimatara et Rapa préparaient le repas. Le ahimā’a a été lancé depuis lundi en matinée, les spécialités ont cuit dans le four pendant plus de 24 heures. Le fond du trou, creusé à environ 50 centimètres de profondeur, a été tapissé de feuilles de cocotier. Sur ces feuilles des morceaux de pūrau et des pierres ont été déposées. “On a ensuite placé nos marmites et pō'ini, c’est-à-dire nos paquets de nourritures enveloppées de feuilles”, explique Gabi, le responsable des arts culinaires de Rimatara. Une couche de feuilles de bananier, puis de sacs de coprah en toile de jute, le tout recouvert d’une bâche puis de sable ont maintenu une température constante au sein du four. L’ouverture s’est faite mardi en fin de matinée. Les convives ont pu déguster de la chèvre, du veau, une tête d’espadon, du fāfaru, du poisson cru, du rori ou bien encore du pua'a fāfā.

Tū’aro mā’ohi, l’épreuve des rore

Rimatara a remporté la course en échasses chez les hommes et les femmes.
Rimatara a remporté la course en échasses chez les hommes et les femmes.
Le départ de la course aux échasses (rore) a été donné dès 13 heures. Aux Australes, les échasses sont toujours pratiquées pendant les festivités du heiva.  “Ce n’est pas toujours évident. Iil faut trouver l’équilibre puis jouer avec la force des bras pour réussir à se déplacer.” Les délégations se sont affrontées sur des courses en relais de 4 x 200 mètres. Rimatara est sortie victorieuse chez les hommes comme chez les femmes. Les concurrents ont été vivement encouragés par une joyeuse foule postée de part et d’autre de la route tout au long du parcours.

La cérémonie sur le marae Taputapuatea, initialement prévue dimanche après-midi, a finalement eu lieu mardi. Le temps étant plus clément. Elle a consisté en une cérémonie d’accueil et de remerciements.
La cérémonie sur le marae Taputapuatea, initialement prévue dimanche après-midi, a finalement eu lieu mardi. Le temps étant plus clément. Elle a consisté en une cérémonie d’accueil et de remerciements.
Un peu plus tard dans l’après-midi s’est tenue la cérémonie d’accueil sur le marae Taputapuātea. Cette cérémonie de remerciements était prévue initialement dimanche après-midi mais elle a été reportée en raison du mauvais temps. Les délégations s’y sont toutes retrouvées, accueillies par le président de l’association organisatrice du festival, Daniel Tere. Le marae Taputapuātea a toujours joué un rôle important sur l’île. Tihita Temarohirani de l’organisation a précisé qu’aux temps anciens, les visiteurs arrivant à Tubuai étaient d’abord reçus sur le rivage au marae Pōtu’itu’i où ils découvraient les conditions d’accueil. “Puis ils passaient par la rivière pour se purifier avant de se rendre au marae Taputapuātea pour promettre de respecter les règles de vie de l’île.” Il était d’usage de déposer un présent sur le marae. Mardi la cérémonie s’est déroulée au son des pū et des pahu, des chants et des prières. Elle a respecté les usages établis.


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 8 Novembre 2022 à 18:17 | Lu 1988 fois