L'écrivain Ernesto Pinto-Bazurco Rittler avec son livre "Isabel de los Mares, primera embajadora de América" dont il parlera lors d'une conférence sur la croisère de l'Aranui vers les Marquises.
PAPEETE, le 3 décembre 2018 - Un roman historique écrit en espagnol par Ernesto Pinto-Bazurco Rittler utilise des documents péruviens du XVIème siècle pour raconter le voyage de l'aventurière Isabel de los Mares aux Marquises en 1492… Trois ans avant leur découverte par un navigateur espagnol. Il participe actuellement à la croisière Aranui en tant que conférencier, mais également pour préparer son prochain roman.
Les livres d'histoires nous apprennent que le premier découvreur non-polynésien des îles Marquises était l'Espagnol Álvaro de Mendaña qui les approcha en 1595. Il les appela "las islas Marquesas" en l'honneur du vice-roi du Pérou García Hurtado de Mendoza, son protecteur, marquis de Cañete… Ou peut-être en l'honneur de la femme de son protecteur, la marquise de Cañete.
Mais il aurait en fait été battu de quelques années par une autre femme, Isabel Barreto, selon l'ancien ambassadeur du Pérou à la retraite, Ernesto Pinto-Bazurco Rittler, devenu écrivain historique. Une femme qui est d'ailleurs l'héroïne de son roman : "Isabel de los Mares, primera embajadora de América". Ce livre raconte l'histoire d'une aristocrate péruvienne, Isabel Barreto, une jeune femme issue d'une puissante famille coloniale qui épousa à 22 ans le riche Alvarro de Mendaña, un homme âgé de 50 ans.
Dans le roman, la jeune Isabel convainc son mari de la laisser financer un voyage d'exploration à travers le Pacifique pour établir une route commerciale entre le Pérou et la Chine, un itinéraire qui passe logiquement par… Les îles Marquises. Elle réussit à s'embarquer à bord (très inhabituel pour l'époque, une femme à bord portant malheur, mais c'est elle qui finance toute l'expédition...), et arrive même aux Marquises en 1592 où elle passe une dizaine de jours, avant de reprendre la mer vers l'Ouest. Elle va ensuite aux îles Salomon, puis à Luçon aux Philippine. Son vieux mari ayant péri pendant le voyage, elle s'en trouve un nouveau à son escale, un Espagnol, et retourne avec lui vers le continent américain, au Mexique puis de retour au Pérou.
Dans le roman, le récit de ses aventures fait sensation dans la société péruvienne au point d'alerter l'église, qui détruit son journal de voyage et la fait enfermer dans un couvent… Dont elle s'échappera héroïquement, bien entendu.
Controverse historique mais vraie littérature
Si l'auteur, un péruvien-allemand, ancien ambassadeur du Pérou et grand voyageur, assure avoir utilisé de nombreux documents historiques "trouvés en Espagne mais aussi au Pérou, ce qui explique que les faits que je décris n'apparaissent pas dans les livres d'histoire qui se basent sur les archives européennes", le voyage de la belle Isabel Barreto vers les Marquises, qu'il assure être authentique, a lieu trois ans avant la découverte officielle de l'archipel par des explorateurs européens. Malgré les certitudes d'Ernesto Pinto-Bazurco Rittler sur le voyage d'Isabel en 1592, les historiens restent donc dubitatifs sur sa versions de l'histoire.
Pour l'auteur, il s'agit avant tout de préjugés pro-européens et anti-féminins, puisqu'il existerait des documents au Pérou racontant ce voyage, en particulier le journal du capitaine du bateau, le capitaine Quiros. "Isabel expliquait que les habitants des Marquises étaient très proches, physiquement et culturellement, des Incas. Et à son retour elle a parlé à beaucoup de gens au Pérou de ces îles et de leur importance. Mais on sous-estime beaucoup aujourd'hui les relations maritimes qui existaient entre les îles du Pacifique et le continent sud-américain, bien avant l'arrivée des européens".
L'auteur admet bien entendu que les "motivations" de ses personnages sont imaginés par ses soins, et également que certaines erreurs historiques se sont glissées dans son roman, mais maintient la vérité historique du voyage. Les erreurs qui restent seront d'ailleurs corrigées l'année prochaine dans la deuxième édition de son roman, qui sera cette fois publié par une maison d'édition internationale et bénéficiera de plusieurs traductions, peut-être même en français…
En attendant, Ernesto Pinto-Bazurco Rittler va profiter de la croisière Aranui, qui est partie la semaine dernière vers les Marquises pour aller faire des recherches sur place, mais aussi pour déposer une plaque à Tahuata en l'honneur d'Isabel Barreto, cette exploratrice trop longtemps oubliée. Il prépare également un nouveau roman, cette fois sur le "trésor" que l'équipage d'Isabel de los Mares a peut-être laissé aux Marquises, une cassette de pièces d'or cachées là en prévision de leur retour qui n'eut jamais lieu… Une belle histoire, avec peu d'éléments historiques cette fois, "mais certainement très bonne pour le tourisme" glisse malicieusement l'écrivain.
Les livres d'histoires nous apprennent que le premier découvreur non-polynésien des îles Marquises était l'Espagnol Álvaro de Mendaña qui les approcha en 1595. Il les appela "las islas Marquesas" en l'honneur du vice-roi du Pérou García Hurtado de Mendoza, son protecteur, marquis de Cañete… Ou peut-être en l'honneur de la femme de son protecteur, la marquise de Cañete.
Mais il aurait en fait été battu de quelques années par une autre femme, Isabel Barreto, selon l'ancien ambassadeur du Pérou à la retraite, Ernesto Pinto-Bazurco Rittler, devenu écrivain historique. Une femme qui est d'ailleurs l'héroïne de son roman : "Isabel de los Mares, primera embajadora de América". Ce livre raconte l'histoire d'une aristocrate péruvienne, Isabel Barreto, une jeune femme issue d'une puissante famille coloniale qui épousa à 22 ans le riche Alvarro de Mendaña, un homme âgé de 50 ans.
Dans le roman, la jeune Isabel convainc son mari de la laisser financer un voyage d'exploration à travers le Pacifique pour établir une route commerciale entre le Pérou et la Chine, un itinéraire qui passe logiquement par… Les îles Marquises. Elle réussit à s'embarquer à bord (très inhabituel pour l'époque, une femme à bord portant malheur, mais c'est elle qui finance toute l'expédition...), et arrive même aux Marquises en 1592 où elle passe une dizaine de jours, avant de reprendre la mer vers l'Ouest. Elle va ensuite aux îles Salomon, puis à Luçon aux Philippine. Son vieux mari ayant péri pendant le voyage, elle s'en trouve un nouveau à son escale, un Espagnol, et retourne avec lui vers le continent américain, au Mexique puis de retour au Pérou.
Dans le roman, le récit de ses aventures fait sensation dans la société péruvienne au point d'alerter l'église, qui détruit son journal de voyage et la fait enfermer dans un couvent… Dont elle s'échappera héroïquement, bien entendu.
Controverse historique mais vraie littérature
Si l'auteur, un péruvien-allemand, ancien ambassadeur du Pérou et grand voyageur, assure avoir utilisé de nombreux documents historiques "trouvés en Espagne mais aussi au Pérou, ce qui explique que les faits que je décris n'apparaissent pas dans les livres d'histoire qui se basent sur les archives européennes", le voyage de la belle Isabel Barreto vers les Marquises, qu'il assure être authentique, a lieu trois ans avant la découverte officielle de l'archipel par des explorateurs européens. Malgré les certitudes d'Ernesto Pinto-Bazurco Rittler sur le voyage d'Isabel en 1592, les historiens restent donc dubitatifs sur sa versions de l'histoire.
Pour l'auteur, il s'agit avant tout de préjugés pro-européens et anti-féminins, puisqu'il existerait des documents au Pérou racontant ce voyage, en particulier le journal du capitaine du bateau, le capitaine Quiros. "Isabel expliquait que les habitants des Marquises étaient très proches, physiquement et culturellement, des Incas. Et à son retour elle a parlé à beaucoup de gens au Pérou de ces îles et de leur importance. Mais on sous-estime beaucoup aujourd'hui les relations maritimes qui existaient entre les îles du Pacifique et le continent sud-américain, bien avant l'arrivée des européens".
L'auteur admet bien entendu que les "motivations" de ses personnages sont imaginés par ses soins, et également que certaines erreurs historiques se sont glissées dans son roman, mais maintient la vérité historique du voyage. Les erreurs qui restent seront d'ailleurs corrigées l'année prochaine dans la deuxième édition de son roman, qui sera cette fois publié par une maison d'édition internationale et bénéficiera de plusieurs traductions, peut-être même en français…
En attendant, Ernesto Pinto-Bazurco Rittler va profiter de la croisière Aranui, qui est partie la semaine dernière vers les Marquises pour aller faire des recherches sur place, mais aussi pour déposer une plaque à Tahuata en l'honneur d'Isabel Barreto, cette exploratrice trop longtemps oubliée. Il prépare également un nouveau roman, cette fois sur le "trésor" que l'équipage d'Isabel de los Mares a peut-être laissé aux Marquises, une cassette de pièces d'or cachées là en prévision de leur retour qui n'eut jamais lieu… Une belle histoire, avec peu d'éléments historiques cette fois, "mais certainement très bonne pour le tourisme" glisse malicieusement l'écrivain.
Ernesto Pinto-Bazurco Rittler, écrivain
"Je participe à cette croisière de l'Aranui car je suis en train d'écrire un deuxième livre, pour lequel je mène l'enquête sur l'histoire d'Isabel Barreto. Isabel Barreto était une femme péruvienne qui, il y a 400 ans, était venue aux îles Marquises à bord d'une expédition. Je ne crois pas que les Péruviens aient découvert les îles Marquises, pas plus que les Espagnols. Je crois plutôt que les Polynésiens ont visité le Pérou bien avant que les Européens n’arrivent sur le continent sud américain. L'histoire du Pérou nous indique qu'avant que les Européens n'arrivent, les Incas ont été visités par les Polynésiens, en particulier de l'île de Pâques. Et nous croyons également que les Péruviens ont visité (NDLR : et non pas découvert, donc) les îles Marquises avant que les Espagnols ne viennent avec Álvaro de Mendaña, contrairement à ce que dit l'histoire officielle.
Mais mon histoire, mon livre, est en partie une fiction. Je suis romancier. Il raconte l'histoire d'une vraie figure historique, une femme, qui a épousé un homme, Marques Alvarro de Mendaña. Elle a organisé ce voyage pour chercher une nouvelle route commerciale vers la Chine. Ils ne cherchaient pas des conquêtes, mais du business. A mon avis, c'était une femme très moderne, et une histoire très intéressante. Elle est rentrée au Pérou après son voyage, et la famille Barreto, ses frères, ont effectivement commencé à faire du business avec la Chine à travers le Pacifique peu de temps après.
C'est aussi l'histoire d'une identité très proche entre les gens des îles Marquises et ceux de l'Amérique du Sud, en particulier les habitants des régions costales et amazoniennes. Isabel a expliqué à l'époque que les liens entre les deux cultures sont évidents. La façon de cuisiner, l'attitude, la ressemblance physique..."
Mais mon histoire, mon livre, est en partie une fiction. Je suis romancier. Il raconte l'histoire d'une vraie figure historique, une femme, qui a épousé un homme, Marques Alvarro de Mendaña. Elle a organisé ce voyage pour chercher une nouvelle route commerciale vers la Chine. Ils ne cherchaient pas des conquêtes, mais du business. A mon avis, c'était une femme très moderne, et une histoire très intéressante. Elle est rentrée au Pérou après son voyage, et la famille Barreto, ses frères, ont effectivement commencé à faire du business avec la Chine à travers le Pacifique peu de temps après.
C'est aussi l'histoire d'une identité très proche entre les gens des îles Marquises et ceux de l'Amérique du Sud, en particulier les habitants des régions costales et amazoniennes. Isabel a expliqué à l'époque que les liens entre les deux cultures sont évidents. La façon de cuisiner, l'attitude, la ressemblance physique..."