PAPEETE, le 7 juin 2019 - « Islands Voices » (les voix des îles) est un groupe de personnalités de la société civile de plusieurs pays du Pacifique, unis pour renforcer la collaboration internationale pour la protection des océans. Ce groupe se réunit cette semaine en Polynésie française, à l’initiative de la fédération environnementale Te Ora Naho, de l’ONG Pew et de la fondation Bertarelli. À peine arrivée des Palaos, nous rencontrons Jennifer Koskelin. Avec son équipe, elle est à l’origine de la mise en place d’un Sanctuaire Marin National qui couvre plus de 80% du territoire maritime de son pays. Elle a également créé le Serment des Palaos, une référence mondiale en matière de tourisme durable.
La République des Palaos, pays indépendant de Micronésie, est située dans l’hémisphère Nord de l’Océan Pacifique, tout près de l’Indonésie. Environ 500 îles dont six peuplées, et tout juste 20 000 personnes, habitent ce territoire qui s’étend sur une surface maritime aussi grande que la France. Aux Palaos, les traditions micronésiennes sont très fortes, avec un système clanique respecté qui rythme le quotidien des habitants.
Ce sont ces mêmes traditions qui ont permis le succès du Sanctuaire Marin National des Palaos, une aire marine protégée de 500.000 km carrés établie en 2015 qui couvre plus de 80% de la zone économique exclusive du pays. Pratique très respectée par les paluans, le bul, équivalent de notre rāhui polynésien, s’est imposé comme une évidence. “Nous n’avons pas les moyens financiers ou techniques pour surveiller notre immense territoire maritime et ne pouvions donc pas nous permettre de faire le choix d’une aire marine gérée, complexe à surveiller mais aussi à comprendre pour notre population. Avec cette zone de protection stricte, héritée de la tradition du bul, la population s’est tout de suite sentie concernée et investie dans la protection de son océan”, explique Jennifer.
Cette décision ambitieuse est venue en réponse au pillage des ressources halieutiques, opéré par les pêcheries japonaises depuis plus de 30 ans. “La Micronésie est le territoire privilégié des navires de pêches asiatiques. Aux Palaos, ce qui est pêché est directement congelé puis exporté à l’international. Nous en étions arrivé au stade où nous n’avions même plus de poisson à servir à nos touristes!”, s’exclame Jennifer. Aujourd’hui, 20% du territoire maritime des Palaos est réservé aux pêcheurs locaux, et les ressources pêchées ne peuvent sortir du pays.
Pour le gouvernement paluan, le choix n’a pas été très difficile: l’industrie du tourisme, qui dépend entièrement de l’environnement naturel des Palaos, correspond à environ 50% des ressources économiques du pays. La pêche, quant à elle, profite aux pays étrangers mais correspond à seulement 1% des ressources économiques locales.
C’est d’ailleurs dans cette logique de développement touristique que le projet de sanctuaire marin s’est concrétisé aux Palaos. Il y a quelques années, le pays acceptait tous types de touristes, sans être vigilants aux conséquences sur son environnement ou sa culture. Le Sanctuaire Marin National des Palaos leur permet aujourd’hui de cibler une catégorie de visiteurs qui partage leurs valeurs. “Nous avons mené une étude de marché très poussée où nous cherchions à connaître les retombées économiques de cette aire marine protégée. Les résultats étaient très prometteurs: pour un pays comme les Palaos, qui axe son tourisme sur ses richesses naturelles, établir une grande zone de protection marine stricte est l’un des meilleurs arguments commerciaux qu’un pays peut proposer”.
Pour accompagner l’aire marine protégée, Jennifer et son équipe ont créé un outil innovant, considéré comme une référence mondiale en matière de tourisme durable: le Serment des Palaos (ou Palau Pledge en anglais). Le concept? Une déclaration de quelques lignes tamponnée dans le passeport de chaque touriste entrant dans le pays, qui l’engage, signature à l’appui, à respecter l’environnement et la culture locale. De plus, une vidéo de sensibilisation est diffusée dans chaque avion atterrissant aux Palaos et une taxe de séjour est affectée au fonctionnement du sanctuaire marin.
Rédigé par Pauline Sillinger, consultante en développement durable pour Pew Bertarelli à Tahiti
La République des Palaos, pays indépendant de Micronésie, est située dans l’hémisphère Nord de l’Océan Pacifique, tout près de l’Indonésie. Environ 500 îles dont six peuplées, et tout juste 20 000 personnes, habitent ce territoire qui s’étend sur une surface maritime aussi grande que la France. Aux Palaos, les traditions micronésiennes sont très fortes, avec un système clanique respecté qui rythme le quotidien des habitants.
Ce sont ces mêmes traditions qui ont permis le succès du Sanctuaire Marin National des Palaos, une aire marine protégée de 500.000 km carrés établie en 2015 qui couvre plus de 80% de la zone économique exclusive du pays. Pratique très respectée par les paluans, le bul, équivalent de notre rāhui polynésien, s’est imposé comme une évidence. “Nous n’avons pas les moyens financiers ou techniques pour surveiller notre immense territoire maritime et ne pouvions donc pas nous permettre de faire le choix d’une aire marine gérée, complexe à surveiller mais aussi à comprendre pour notre population. Avec cette zone de protection stricte, héritée de la tradition du bul, la population s’est tout de suite sentie concernée et investie dans la protection de son océan”, explique Jennifer.
Cette décision ambitieuse est venue en réponse au pillage des ressources halieutiques, opéré par les pêcheries japonaises depuis plus de 30 ans. “La Micronésie est le territoire privilégié des navires de pêches asiatiques. Aux Palaos, ce qui est pêché est directement congelé puis exporté à l’international. Nous en étions arrivé au stade où nous n’avions même plus de poisson à servir à nos touristes!”, s’exclame Jennifer. Aujourd’hui, 20% du territoire maritime des Palaos est réservé aux pêcheurs locaux, et les ressources pêchées ne peuvent sortir du pays.
Pour le gouvernement paluan, le choix n’a pas été très difficile: l’industrie du tourisme, qui dépend entièrement de l’environnement naturel des Palaos, correspond à environ 50% des ressources économiques du pays. La pêche, quant à elle, profite aux pays étrangers mais correspond à seulement 1% des ressources économiques locales.
C’est d’ailleurs dans cette logique de développement touristique que le projet de sanctuaire marin s’est concrétisé aux Palaos. Il y a quelques années, le pays acceptait tous types de touristes, sans être vigilants aux conséquences sur son environnement ou sa culture. Le Sanctuaire Marin National des Palaos leur permet aujourd’hui de cibler une catégorie de visiteurs qui partage leurs valeurs. “Nous avons mené une étude de marché très poussée où nous cherchions à connaître les retombées économiques de cette aire marine protégée. Les résultats étaient très prometteurs: pour un pays comme les Palaos, qui axe son tourisme sur ses richesses naturelles, établir une grande zone de protection marine stricte est l’un des meilleurs arguments commerciaux qu’un pays peut proposer”.
Pour accompagner l’aire marine protégée, Jennifer et son équipe ont créé un outil innovant, considéré comme une référence mondiale en matière de tourisme durable: le Serment des Palaos (ou Palau Pledge en anglais). Le concept? Une déclaration de quelques lignes tamponnée dans le passeport de chaque touriste entrant dans le pays, qui l’engage, signature à l’appui, à respecter l’environnement et la culture locale. De plus, une vidéo de sensibilisation est diffusée dans chaque avion atterrissant aux Palaos et une taxe de séjour est affectée au fonctionnement du sanctuaire marin.
Rédigé par Pauline Sillinger, consultante en développement durable pour Pew Bertarelli à Tahiti