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Les Etats-Unis et le Royaume-Uni bombardent les Houthis au Yémen dans un regain de tension régionale


Crédit Elexia Morelos / US Department of Defense / AFP
Crédit Elexia Morelos / US Department of Defense / AFP
Sanaa, Yémen | AFP | vendredi 12/01/2024 - Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé tôt vendredi les Houthis au Yémen, après les attaques commises depuis des semaines par ces rebelles, soutenus par l'Iran, contre le trafic maritime en mer Rouge en signe de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

L'opération a relancé les craintes d'une propagation du conflit entre Israël et le Hamas, qui fait rage à Gaza, de nombreux pays de la zone appelant à la retenue. 

Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l'Australie, le Canada et Bahreïn ont souligné que leur objectif était la "désescalade" en mer Rouge. 

Les frappes, "73 raids", ont visé des sites militaires dans la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada, a indiqué le porte-parole militaire des Houthis, un mouvement membre de "l'axe de la résistance" établi par l'Iran, qui rassemble des groupes hostiles à Israël, notamment le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

"Cette agression (...) ne restera pas sans réponse", a-t-il averti, indiquant que cinq personnes avaient été tuées et six blessées parmi les rebelles.

L'opération a été menée "avec succès" en réponse "directe aux attaques sans précédent des Houthis de navires internationaux en mer Rouge", a affirmé le président américain, Joe Biden, évoquant une action "défensive" pour protéger notamment le commerce international.

Dans le camp occidental, l'Otan a appelé les Houthis à cesser leurs attaques après ces frappes "défensives". La France a aussi "exigé" la fin des attaques. 

Le Kremlin a lui condamné des frappes "illégitimes du point de vue du droit international".

La Chine a quant à elle exhorté les parties prenantes "à faire preuve de retenue, afin d'éviter une expansion du conflit".

Un appel au calme également lancé par l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition internationale anti-Houthis. Le sultanat d'Oman, médiateur entre Houthis et forces loyalistes yéménites, a condamné le "recours de la part de pays amis à l'action militaire".  

"Message clair" 

Déclenchées par la guerre entre Israël et le Hamas, après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, les tirs Houthis de missiles et drones ont poussé de nombreux armateurs à délaisser le couloir de la mer Rouge entre Europe et Asie, au prix d'une hausse des coûts et temps de transport. 

Les Etats-Unis avaient déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone par où transite 12% du commerce mondial.

Les Houthis n'ont pas désarmé, lançant mardi 18 drones et trois missiles qui ont été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower. 

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient, leur avait alors lancé un avertissement, le Conseil de sécurité de l'ONU exigeant lui l'arrêt "immédiat" de leurs attaques.

La riposte américano-britannique est venue après le tir Houthi jeudi d'un nouveau missile antinavire. 

"Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les Etats-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation", a mis en garde le président américain. 

Les Houthis, qui contrôlent environ un tiers du Yémen, ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques près du détroit de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l'Afrique, selon l'armée américaine.

Ils disent cibler les navires marchands liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. 

Leur reprochant d'avoir ignoré "les avertissements répétés de la communauté internationale", le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a qualifié les frappes de "mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense".

"Réponse disproportionnée" 

Des avions de combat et missiles Tomahawk ont été utilisés pour l'opération, ont indiqué plusieurs médias américains, Washington disant avoir bénéficié du soutien de l'Australie, du Canada, des Pays-Bas et de Bahreïn. Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper les sites de lancement de drones de Bani et Abbs. 

"Les Etats-Unis et le Royaume-Uni doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression", a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement.

L'Iran a de son côté condamné une "action arbitraire" et une "violation flagrante de la souveraineté" du Yémen. Des centaines de manifestants se sont rassemblés après la prière de vendredi à Téhéran en soutien au Yémen et aux Palestiniens de Gaza, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé une réponse "disproportionnée". "L'Amérique et Israël utilisent cette même force disproportionnée contre les Palestiniens et les Britanniques marchent dans les pas des Etats-Unis", a-t-il fustigé.

L'opération aura "des répercussions sur la sécurité régionale", a réagi pour sa part le Hamas. 

A Gaza, la guerre entrée vendredi dans son 98e jour a été déclenchée par l'attaque inédite du Hamas sur le sol israélien, qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

En représailles, Israël a juré "d'anéantir" le mouvement islamiste qu'il classe comme terroriste, comme les Etats-Unis et l'Union européenne. Ses opérations ont fait 23.708 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, selon le dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

La guerre à Gaza alimente aussi les violences à la frontière israélo-libanaise, en Cisjordanie occupée et en Syrie et Irak, où les attaques contre les bases américaines se sont multipliées. 

le Vendredi 12 Janvier 2024 à 06:03 | Lu 525 fois