Paris, France | AFP | vendredi 23/02/2024 - La 49e cérémonie des César a accordé vendredi une place inédite aux victimes de violences sexuelles, l'actrice Judith Godrèche rêvant d'une "révolution" en pleine vague de libération de la parole dans le cinéma français.
Autre symbole, les César ont décerné pour la deuxième fois de leur histoire le trophée de la meilleure réalisation à une cinéaste, Justine Triet, pour "Anatomie d'une chute". Le long-métrage domine la soirée avec six trophées, dont le meilleur film, et prend un nouvel élan avant les Oscars (le 10 mars à Los Angeles), pour lesquels il a cinq nominations.
"Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes (...) à celles qui réussissent et celles qui ratent, celles qu'on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n'y arrivent pas", a déclaré la réalisatrice de 45 ans, devenue également en mai la troisième cinéaste de l'histoire à remporter la Palme d'or.
Mais, pour une fois, l'essentiel n'était pas le palmarès ou les hommages, éclipsés par le discours de Judith Godrèche, devenue figure de proue du #MeToo français.
C'est ovationnée debout par les représentants d'un 7e art accusé d'avoir pendant des années couvert les violences que l'actrice a fait son entrée sur la scène de l'Olympia, à Paris, pour dénoncer le "niveau d'impunité, de déni et de privilège" du milieu.
"Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles?", a-t-elle lancé.
"Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent", a poursuivi l'actrice, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.
"Des punks"
"Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisées en hamsters (un clin d'œil à sa série "Icon of French Cinema" sur Arte, NLDR) et pour rêver à une possible révolution", a-t-elle ajouté. Applaudissements nourris à nouveau.
Le contraste est saisissant avec la cataclysmique édition 2020 des César. Roman Polanski, accusé de viol, y recevait le prix du meilleur réalisateur pour "J'accuse", provoquant le départ de l'actrice Adèle Haenel.
Cette dernière, qui a depuis quitté le cinéma, a reposté, sans commentaire, une photo de cette soirée sur ses réseaux sociaux vendredi.
La question des violences sexuelles a surgi dès les propos liminaires de la présidente de la cérémonie, Valérie Lemercier: "Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d'un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres".
Tout aussi symbolique, l'Académie a remis son tout premier prix, le César de la meilleure actrice dans un second rôle, à Adèle Exarchopoulos, pour "Je verrai toujours vos visages", où elle interprète une victime d'inceste.
Avant la cérémonie, une centaine de personnes avaient manifesté devant l'Olympia, à l'appel de la CGT, pour soutenir la parole des victimes.
"Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s'ouvrir", avait alors dit l'actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l'avoir agressée sexuellement.
"Aveuglement collectif"
Egalement avant l'ouverture des festivités, la ministre de la Culture Rachida Dati a elle aussi déploré un "aveuglement collectif" qui "a duré des années" dans le milieu, dans un entretien à la revue Le Film français.
"La liberté de création est totale mais ici on ne parle pas d'art, on parle de pédocriminalité" concernant Judith Godrèche, a-t-elle poursuivi.
Au-delà de ces discours, le sujet n'a pas fini de hanter le cinéma français, dont plusieurs représentants sont visés par des procédures judiciaires, comme Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles et dont le Président Emmanuel Macron disait fin 2023 qu'il rendait "fière la France".
Le président du Centre national de la cinématographie (CNC), Dominique Boutonnat, est aussi mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans.
De nouveaux appels à dénoncer des violences ont été lancés, notamment par l'acteur Aurélien Wiik pour libérer la parole des garçons qui auraient été victimes, et au-delà du cinéma, Judith Godrèche a dit avoir reçu plus de 2.000 témoignages en quatre jours sur l'adresse mail qu'elle a ouvert à cette fin.
Autre symbole, les César ont décerné pour la deuxième fois de leur histoire le trophée de la meilleure réalisation à une cinéaste, Justine Triet, pour "Anatomie d'une chute". Le long-métrage domine la soirée avec six trophées, dont le meilleur film, et prend un nouvel élan avant les Oscars (le 10 mars à Los Angeles), pour lesquels il a cinq nominations.
"Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes (...) à celles qui réussissent et celles qui ratent, celles qu'on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n'y arrivent pas", a déclaré la réalisatrice de 45 ans, devenue également en mai la troisième cinéaste de l'histoire à remporter la Palme d'or.
Mais, pour une fois, l'essentiel n'était pas le palmarès ou les hommages, éclipsés par le discours de Judith Godrèche, devenue figure de proue du #MeToo français.
C'est ovationnée debout par les représentants d'un 7e art accusé d'avoir pendant des années couvert les violences que l'actrice a fait son entrée sur la scène de l'Olympia, à Paris, pour dénoncer le "niveau d'impunité, de déni et de privilège" du milieu.
"Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles?", a-t-elle lancé.
"Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent", a poursuivi l'actrice, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.
"Des punks"
"Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisées en hamsters (un clin d'œil à sa série "Icon of French Cinema" sur Arte, NLDR) et pour rêver à une possible révolution", a-t-elle ajouté. Applaudissements nourris à nouveau.
Le contraste est saisissant avec la cataclysmique édition 2020 des César. Roman Polanski, accusé de viol, y recevait le prix du meilleur réalisateur pour "J'accuse", provoquant le départ de l'actrice Adèle Haenel.
Cette dernière, qui a depuis quitté le cinéma, a reposté, sans commentaire, une photo de cette soirée sur ses réseaux sociaux vendredi.
La question des violences sexuelles a surgi dès les propos liminaires de la présidente de la cérémonie, Valérie Lemercier: "Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d'un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres".
Tout aussi symbolique, l'Académie a remis son tout premier prix, le César de la meilleure actrice dans un second rôle, à Adèle Exarchopoulos, pour "Je verrai toujours vos visages", où elle interprète une victime d'inceste.
Avant la cérémonie, une centaine de personnes avaient manifesté devant l'Olympia, à l'appel de la CGT, pour soutenir la parole des victimes.
"Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s'ouvrir", avait alors dit l'actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l'avoir agressée sexuellement.
"Aveuglement collectif"
Egalement avant l'ouverture des festivités, la ministre de la Culture Rachida Dati a elle aussi déploré un "aveuglement collectif" qui "a duré des années" dans le milieu, dans un entretien à la revue Le Film français.
"La liberté de création est totale mais ici on ne parle pas d'art, on parle de pédocriminalité" concernant Judith Godrèche, a-t-elle poursuivi.
Au-delà de ces discours, le sujet n'a pas fini de hanter le cinéma français, dont plusieurs représentants sont visés par des procédures judiciaires, comme Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles et dont le Président Emmanuel Macron disait fin 2023 qu'il rendait "fière la France".
Le président du Centre national de la cinématographie (CNC), Dominique Boutonnat, est aussi mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans.
De nouveaux appels à dénoncer des violences ont été lancés, notamment par l'acteur Aurélien Wiik pour libérer la parole des garçons qui auraient été victimes, et au-delà du cinéma, Judith Godrèche a dit avoir reçu plus de 2.000 témoignages en quatre jours sur l'adresse mail qu'elle a ouvert à cette fin.