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Leptospirose, la vigilance est de mise


Tahiti, le 2 janvier 2024 - Cinq cas de leptospirose ont été enregistrés en Polynésie durant la seule semaine du 18 au 24 décembre. En pleine saison des pluies, la population locale est invitée à redoubler de vigilance face à cette maladie infectieuse pouvant entraîner de graves complications.
 
Souvent oubliée, ou peu considérée dans les représentations collectives, la leptospirose représente pourtant une infection pouvant avoir de lourdes conséquences sur les reins, ou encore le cœur, dans les cas les plus graves. Maladie bactérienne, elle se transmet par contact avec l'eau, la terre ou les aliments contaminés par de l'urine d'animaux infectés par la leptospira. Si de nombreux animaux sauvages et domestiques peuvent être porteurs de la leptospirose, les rongeurs, et en particulier les rats, constituent les principaux porteurs de la bactérie. Concrètement, cette dernière pénètre dans l'organisme par la peau, en général à travers une égratignure ou une coupure, ou tout simplement par le nez, la bouche ou les yeux. Les symptômes les plus récurrents sont la fièvre, les maux de tête, les frissons, les vomissements, la diarrhée, les douleurs musculaires, une éruption cutanée ou une infection oculaire. Des symptômes qui, d'ailleurs, peuvent apparaître jusqu'à trois semaines après l'infection.
 
Cinq cas en une semaine
 
Actuellement en pleine saison des pluies, la Polynésie n'a pas échappé à la maladie puisque durant la seule semaine du 18 au 24 décembre, l'Agence de régulation de l'action sanitaire et sociale (Arass) a enregistré cinq cas de leptospirose. Et au cours de l'année 2023, un total de 113 cas a été déclaré, la majorité étant constituée d'hommes actifs âgés de 15 à 65 ans. Tahiti concentrant 60% des cas, contre 22% à Raiatea et 6% à Huahine.
 
L'Arass invite la population locale à pratiquer les gestes de prévention contre la maladie, en portant des gants et des chaussures fermées lors des activités à risque telles que le jardinage, l'agriculture ou la pêche en eau douce ; en évitant de se baigner en eau douce lorsque l'on est porteur de plaies et limiter les contacts des muqueuses avec l'eau ; en désinfectant des plaies après une exposition à risque ; et surtout en luttant contre la prolifération des rongeurs par la gestion des déchets. Des mesures à renforcer à l'issue des périodes de fortes pluies.
 
Un diagnostic difficile
 
Et la maladie n'est pas à prendre à la légère. Ses symptômes, souvent identiques à ceux de la dengue, peuvent entraîner des erreurs ou des retards de diagnostic. En 2013, consulté pour une forte fièvre et des courbatures, un médecin de permanence de l’hôpital de Moorea avait renvoyé un malade sexagénaire à son domicile avec pour seul traitement du paracétamol, en attendant le résultat d'examens biologiques permettant d’identifier les marqueurs d’une dengue ou de la leptospirose. La leptospirose diagnostiquée une semaine plus tard par les laboratoires, l'état de santé du malade avait déjà empiré, entraînant de graves complications cardiaques, rénales et pulmonaires. Évacué en urgence à l'hôpital de Taaone, le sexagénaire avait dû être placé en coma artificiel. En juin 2017, la Polynésie française a été condamnée par le tribunal administratif, en sa qualité de gestionnaire de l'hôpital de Moorea, à verser une indemnité de 2,45 millions de francs à la victime.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 2 Janvier 2024 à 18:40 | Lu 2764 fois