Timbulsloko, Indonésie | AFP | lundi 23/07/2023 - En Indonésie, des rizières luxuriantes de la région de Timbulsloko ne reste qu'un réseau de promenades en pierre à la surface des eaux qui les ont englouties, illustrant le désastre que le changement climatique pourrait provoquer pour les communautés côtières partout dans le monde.
Plus de 200 personnes vivent encore dans cette région côtière de l'île de Java, même si leur vie a été radicalement bouleversée par la montée du niveau de la mer, l'érosion côtière et l'extraction excessive d'eau souterraine, responsable de l'affaissement de la terre.
L'abattage des mangroves afin de créer des étangs de pêche dans les années 1990 a en outre rendu le littoral extrêmement vulnérable aux inondations.
Sulkan, un enseignant indonésien, contemple ses photos d'une époque révolue. Il se souvient d'une fanfare et d'une ribambelle d'écoliers souriants se tenant sur une route aujourd'hui disparue sous les eaux glauques.
"Ce ne sont plus que des souvenirs", soupire l'homme de 49 ans, qui, comme beaucoup d'Indonésiens, ne porte qu'un seul nom.
Les eaux ont pénétré sur cinq kilomètres l'intérieur des terres autour de Timbulsloko et dans la région environnante de Demak, affirme Denny Nugroho Sugianto, professeur à l'université de Diponegoro.
Selon des études scientifiques, la région autour de Timbulsloko s'enfonce de 20 centimètres par an, dit-il, soit le double du taux enregistré en 2010.
"Il s'agit du taux d'affaissement de terrain le plus important jamais enregistré dans la région", souligne le chercheur, évoquant un "lent désastre".
Les villageois de la côte javanaise sont les premières victimes de l'urgence climatique, selon les chercheurs estimant qu'une grande partie de la mégapole Jakarta risque d'être à son tour submergée d'ici 2050.
"pas d'avenir"
A Timbulsloko, les habitants ont surélevé le plancher en bois de leurs maisons avec de la terre pour se tenir au sec, à mesure que les inondations s'aggravent.
Sulkan a été contraint de transférer son jardin d'enfants sur un terrain plus élevé.
Sularso, 54 ans, raconte avoir rehaussé son plancher trois fois depuis 2018, soit de 1,5 mètre en tout, pour un budget d'environ 22 millions de roupies (1.451 dollars).
La hauteur sous plafond a tellement diminué qu'il faut s'y tenir courbé pour ne pas se cogner la tête.
"Pour moi, il n'y a pas d'avenir", regrette ce pêcheur à l'AFP. "Ce village (...) aura disparu dans moins de cinq ans. Nous ne pouvons pas construire, nous ne pouvons rien faire".
Son plancher est submergé lors des grandes marées. Il dit craindre qu'une vague plus violente que les autres ne finisse par détruire sa maison.
Khoiriyah, 42 ans, femme au foyer, a du mal à faire ses courses ou à emmener ses trois enfants à l'école à cause des routes inondées.
"pouvoir déménager"
"La vie est plus difficile maintenant. Chaque fois que l'eau pénètre dans ma maison, j'aimerais pouvoir déménager", dit-elle.
Le problème est encore appelé à s'aggraver avec le changement climatique.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies estime qu'une augmentation de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle pourrait faire monter le niveau des océans de 43 centimètres d'ici le siècle prochain.
Le cimetière du village a lui aussi été surélevé pour éviter qu'il ne soit englouti. Les villageois ont installé une digue de fortune avec des pneus.
Les habitants ont financé une promenade en pierre pour relier leurs maisons entre elles et leur permettre d'accéder aux tombes de leurs proches.
"La vie ici est monotone. Les jeunes sortent souvent car ils détestent rester dans leur maison", souvent inondée, explique Choirul Tamimi, 24 ans.
Avant l'arrivée des bateaux dans le village, dit-il, il traversait les rues inondées pour se rendre à son travail, avec des vêtements de rechange.
Le professeur Sugianto a fait appel au gouvernement pour que les habitants aient accès à l'eau courante afin de réduire le recours aux eaux souterraines et d'envisager le remblayage du sable pour combler l'érosion.
"Si nous ne restaurons pas le littoral d'origine, nous ne pourrons pas résoudre ce problème de manière durable", dit-il.
A Timbulsoko, Sulkan refuse de capituler face aux éléments. Il assure qu'il restera là, pour instruire une nouvelle génération d'enfants, comme ceux qui se trouvaient autrefois sur la route aujourd'hui engloutie.
"Tant qu'il y aura des habitants, qu'il y aura des maisons, je resterai ici".
Plus de 200 personnes vivent encore dans cette région côtière de l'île de Java, même si leur vie a été radicalement bouleversée par la montée du niveau de la mer, l'érosion côtière et l'extraction excessive d'eau souterraine, responsable de l'affaissement de la terre.
L'abattage des mangroves afin de créer des étangs de pêche dans les années 1990 a en outre rendu le littoral extrêmement vulnérable aux inondations.
Sulkan, un enseignant indonésien, contemple ses photos d'une époque révolue. Il se souvient d'une fanfare et d'une ribambelle d'écoliers souriants se tenant sur une route aujourd'hui disparue sous les eaux glauques.
"Ce ne sont plus que des souvenirs", soupire l'homme de 49 ans, qui, comme beaucoup d'Indonésiens, ne porte qu'un seul nom.
Les eaux ont pénétré sur cinq kilomètres l'intérieur des terres autour de Timbulsloko et dans la région environnante de Demak, affirme Denny Nugroho Sugianto, professeur à l'université de Diponegoro.
Selon des études scientifiques, la région autour de Timbulsloko s'enfonce de 20 centimètres par an, dit-il, soit le double du taux enregistré en 2010.
"Il s'agit du taux d'affaissement de terrain le plus important jamais enregistré dans la région", souligne le chercheur, évoquant un "lent désastre".
Les villageois de la côte javanaise sont les premières victimes de l'urgence climatique, selon les chercheurs estimant qu'une grande partie de la mégapole Jakarta risque d'être à son tour submergée d'ici 2050.
"pas d'avenir"
A Timbulsloko, les habitants ont surélevé le plancher en bois de leurs maisons avec de la terre pour se tenir au sec, à mesure que les inondations s'aggravent.
Sulkan a été contraint de transférer son jardin d'enfants sur un terrain plus élevé.
Sularso, 54 ans, raconte avoir rehaussé son plancher trois fois depuis 2018, soit de 1,5 mètre en tout, pour un budget d'environ 22 millions de roupies (1.451 dollars).
La hauteur sous plafond a tellement diminué qu'il faut s'y tenir courbé pour ne pas se cogner la tête.
"Pour moi, il n'y a pas d'avenir", regrette ce pêcheur à l'AFP. "Ce village (...) aura disparu dans moins de cinq ans. Nous ne pouvons pas construire, nous ne pouvons rien faire".
Son plancher est submergé lors des grandes marées. Il dit craindre qu'une vague plus violente que les autres ne finisse par détruire sa maison.
Khoiriyah, 42 ans, femme au foyer, a du mal à faire ses courses ou à emmener ses trois enfants à l'école à cause des routes inondées.
"pouvoir déménager"
"La vie est plus difficile maintenant. Chaque fois que l'eau pénètre dans ma maison, j'aimerais pouvoir déménager", dit-elle.
Le problème est encore appelé à s'aggraver avec le changement climatique.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) des Nations unies estime qu'une augmentation de 2°C par rapport à l'ère préindustrielle pourrait faire monter le niveau des océans de 43 centimètres d'ici le siècle prochain.
Le cimetière du village a lui aussi été surélevé pour éviter qu'il ne soit englouti. Les villageois ont installé une digue de fortune avec des pneus.
Les habitants ont financé une promenade en pierre pour relier leurs maisons entre elles et leur permettre d'accéder aux tombes de leurs proches.
"La vie ici est monotone. Les jeunes sortent souvent car ils détestent rester dans leur maison", souvent inondée, explique Choirul Tamimi, 24 ans.
Avant l'arrivée des bateaux dans le village, dit-il, il traversait les rues inondées pour se rendre à son travail, avec des vêtements de rechange.
Le professeur Sugianto a fait appel au gouvernement pour que les habitants aient accès à l'eau courante afin de réduire le recours aux eaux souterraines et d'envisager le remblayage du sable pour combler l'érosion.
"Si nous ne restaurons pas le littoral d'origine, nous ne pourrons pas résoudre ce problème de manière durable", dit-il.
A Timbulsoko, Sulkan refuse de capituler face aux éléments. Il assure qu'il restera là, pour instruire une nouvelle génération d'enfants, comme ceux qui se trouvaient autrefois sur la route aujourd'hui engloutie.
"Tant qu'il y aura des habitants, qu'il y aura des maisons, je resterai ici".