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Législatives: la gauche débarque à l'Assemblée et continue de vouloir gouverner


Bertrand GUAY / AFP
Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | mardi 09/07/2024 - Ragaillardis par leur succès aux législatives, les députés de gauche ont débarqué en force à l'Assemblée nationale mardi, avec l'espoir intact de gouverner seuls malgré leur absence de majorité absolue, une posture dénoncée par le camp présidentiel qui prône le "réalisme" et une coalition plus large.

Les Ecologistes puis les Insoumis sont arrivés par dizaines dans la matinée au Palais Bourbon, requinqués par le score du Nouveau Front populaire, qui comptera plus de 190 sièges dans la future législature. Certains socialistes aussi ont déjà fait leur entrée, avant leur réunion de groupe à 14H30.

Même si elles sont loin de la majorité absolue (289), les composantes de la gauche continuent de plaider pour un gouvernement issu du NFP, promettant de proposer un nom de Premier ministre et une équipe d'ici "la fin de semaine" selon plusieurs dirigeants.

Les conciliabules se multiplient donc et une stratégie semble se dégager dans leurs rangs: un exécutif restreint à la gauche mais "une assise plus large à l'Assemblée", a détaillé l'ex-président des députés socialistes Boris Vallaud sur France Inter.

"Je ne veux pas travailler dans un gouvernement où il y aurait des macronistes", a prolongé l'écologiste Sandrine Rousseau à son arrivée au Palais Bourbon, son collègue sénateur Yannick Jadot assurant lui que "les coalitions vont se construire à l'Assemblée".

- Rapports de force internes -

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a mis la pression sur les autres groupes de l'Assemblée nationale. Ils devront "prendre leurs responsabilités, c'est-à-dire soit voter nos propositions, soit (...) nous renverser", a-t-il lancé sur CNews et Europe 1.

Alors qu'Emmanuel Macron reste en retrait - il a seulement prolongé Gabriel Attal à son poste de Premier ministre "pour le moment" - et se rend mercredi à Washington pour deux jours de sommet de l'Otan, la gauche l'appelle avec insistance à "se plier au choix des urnes" en désignant un Premier ministre du NFP, selon l'ex-présidente des députés insoumis Mathilde Panot.

Mais le camp macroniste rejette cette hypothèse.

"Je ne conteste pas la possibilité pour la gauche républicaine de gouverner ou de participer à un gouvernement. Mais à 100 sièges de la majorité absolue (...) il faut être réaliste", a affirmé le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, dans une tribune au Monde. Le néo-député préfèrerait une "majorité de projets", mais sans LFI ni Jean-Luc Mélenchon.

L'incarnation de la gauche continue d'ailleurs de poser question au sein du NFP, où les Insoumis martèlent que Jean-Luc Mélenchon reste "une option", malgré son effet repoussoir auprès des autres composantes. Le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet a lui plaidé pour Olivier Faure, "le seul profil qui peut rassurer".

Les rapports de force internes seront particulièrement décisifs dans ces négociations, Insoumis comme socialistes tentant âprement de gonfler leurs rangs pour peser dans la désignation du Premier ministre potentiel.

Mardi, Boris Vallaud a évoqué un contingent de 65 à 70 députés socialistes, quand Mathilde Panot a assuré que LFI pourrait avoir un groupe "autour de 80 députés".

Autre dossier en passe de s'ouvrir, celui des postes-clés de l'Assemblée et de la présidence, que Yaël Braun-Pivet espère conserver. Sandrine Rousseau aussi s'est dite intéressée mardi, tout en appelant comme l'ensemble de la gauche à exclure le RN de toutes les fonctions exécutives en établissant un "cordon sanitaire".

- Le RN visé par la justice -

Au sein de la macronie, certains regardent à droite, à l'image du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. D'autres, au MoDem notamment, aimeraient ranimer le coeur social-démocrate qui avait porté Emmanuel Macron vers le pouvoir en 2017. 

De là à imaginer une grande coalition qui exclurait LFI et le Rassemblement national, et qui irait du PS aux LR ?

Cela paraît également compliqué, car une large partie de la droite a déjà exclu cette hypothèse, en défendant une ligne autonome sous un nouveau nom différent de "LR".

En attendant, Gabriel Attal entend se montrer à la manoeuvre. Il a réuni mardi matin les députés Renaissance, et convie à Matignon tous les parlementaires de la majorité en fin d'après-midi.

Une autre prise de parole sera scrutée: l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui nourrit des ambitions pour 2027, s'exprimera sur TF1 à 20H00, et donnera peut-être quelques indications sur la stratégie de son groupe Horizons (autour de 25 élus).

Du côté du Rassemblement national, la déception a laissé place aux premiers règlements de compte. Le directeur général du parti Gilles Pennelle, artisan du fameux "plan Matignon", censé prévoir toute la logistique en cas d'élections législatives anticipées, a démissionné après le revers du parti dimanche.

Le parti est aussi confronté à un nouveau déboire avec l'annonce par le parquet de Paris d'une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022. 

le Mardi 9 Juillet 2024 à 05:10 | Lu 408 fois