PAPEETE, le 23 mai 2016. Tahiti Heritage vous propose cette semaine de (re)découvrir la grande légende polynésienne de la création du monde par le dieu créateur Ta’aroa, dans la version transmise par Paorai en 1822.
Ta’aroa se tint dans sa coquille et dans les ténèbres pendant des millénaires. sa coquille était comme un œuf qui tournait dans l’espace infini, sans ciel, sans terre, sans mer, sans lune, sans soleil, sans étoiles.
Tout était dans les Ténèbres, c’était une obscurité épaisse et permanente. Rumia (Bouleversé) était le nom de cette coquille de Ta’aroa.
Ta’aroa était tout à fait seul dans sa coquille. Il n’avait ni père, ni mère, ni frère aîné, ni sœur. Il n’y avait pas de gens, pas d’animaux, pas d’oiseaux, pas de chiens, mais il y avait Ta’aroa et lui seul.
Il y avait l’espace du ciel. Il y avait l’espace de la terre, il y avait l’espace de l’océan, il y avait l’espace de l’eau douce.
Mais à la fin Ta’aroa donna un coup à sa coquille qui provoqua une fissure semblable à une ouverture pour fourmis. Il en sortit alors et se tint debout sur sa coquille, et il regarda sur sa coquille et constata qu’il était seul. Il n’y avait pas un son, au dehors l’obscurité était totale.
Et il s’écria « Qui est là au-dessus oh ! » Pas de réponse. « Qui est là en dessous oh ! ». Pas de réponse. « Qui est là devant oh ! ». Pas de réponse. « Qui est là derrière oh ! ». Pas de réponse. Il y avait l’écho de sa propre voix et c’était tout.
Et Ta’aroa s’écria « Oh espace pour deux, Oh espace pour foules. Oh espace pour terre s’étendant loin en haut et en bas ». Puis il nagea dans l’espace sans terre. Il nagea loin vers le haut, et loin vers le bas, puis il rentra à Tumu-iti (Petite fondation) à Fa’a-iti (Petite vallée) à l’intérieur de sa coquille et resta là tout à fait confiné et dans l’obscurité épaisse.
A la fin, Ta’aroa se fatigua de cette coquille et se glissant dehors et se tint debout sur la vieille coquille Rumia.
Et il prit sa nouvelle coquille pour la grande fondation du monde, pour la roche stratifiée et pour la terre du monde. Et la coquille, Rumia, qu’il ouvrit la première, devint sa maison, le dôme du ciel des dieux, qui était un ciel confiné enfermant alors le monde en formation.
Alors Ta’aroa demeura dans le ciel confiné dans l’obscurité totale et ignorait la lumière extérieure et ainsi il devint un jeune homme. Mais voici le nom des personnages qui étaient en lui-même mémoire, pensée, regard fixe et observation, ces personnages connaissaient la Terre. Qui donna à ce garçon son nom, Ta’aroa ? Il se nomma lui-même, Ta’aroa.
Il grandit et devint mûr, mais combien grand était Ta’aroa ! Quel genre de dieux étaient tous les autres ? C’étaient seulement des dieux inférieurs et tributaires.
Toutes choses existaient par Ta’aroa. L’orage, la pluie, la mer étaient dans le creux de sa main.
Ta’aroa fit la grande fondation du sol pour qu’il soit le mari et le roc stratifié pour qu’il soit la femme. Haruru-ru-papa (Roc qui résonne) était le nom de cette fondation et il y fit pénétrer son esprit, qui était l’essence de lui-même et l’appela Ta’aroa-nui-Tumu-tahi (Grande fondation unique). Ta’aroa proclama roi Tumu-nui (Grande fondation), mais Tumu-iti le proclama roi sans royaume.
Et Ta’aroa dit « Oh Tumu-nui rampe ici, comme un mari, pour épouser cette femme Papa-raharaha » (Roc stratifié) Tumu-nui répondit d’une voix perceptible « Je ne ramperai pas là, je suis la fondation pour le monde ».
Puis Ta’aroa dit « Eh Papa-raharaha rampe ici pour épouser ce mari Tumu-nui ». Ce roc avait une vraie voix lorsqu’il répondit « Je ne ramperai pas là. Je suis le roc stratifié pour la terre ». Ni l’un ni l’autre ne bougèrent.
Ta’aroa demeura pendant des siècles à l’intérieur du ciel confiné Rumia, il créa les dieux, et les dieux lui naquirent dans l’obscurité. Pour cette raison le ciel était appelé le ciel des dieux.
Quand Ta’aroa se tint à l’intérieur et tourna son visage pour appeler les Ténèbres c’était pour créer les dieux.
Ce fut beaucoup plus tard que l’homme fut créé. Tu était avec Ta’aroa quand celui-ci créa l’homme.
Lorsque Ta’aroa secoua ses plumes elles devinrent des arbres, des bouquets de bananiers et de la verdure sur la terre.
Lorsque la terre devint la terre et qu’elle devint ferme, la grande pieuvre, Tumu-ra’i-fenua (Fondation du ciel terrestre) y était accrochée ; un tentacule était au Nord, un autre au Sud, un autre à l’Est, un autre à l’Ouest. Ils maintenaient le ciel contre la terre.
Tout appartenait à Ta’aroa.
Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens. Légende dictée en 1822 par Paora’i, conseiller de Porapora et récitée un peu plus tard de façon à peu près identique par Vai’ai grand prêtre de Porapora et encore plus tard par Pati’i, grand prêtre de Mo’orea.
Ta’aroa se tint dans sa coquille et dans les ténèbres pendant des millénaires. sa coquille était comme un œuf qui tournait dans l’espace infini, sans ciel, sans terre, sans mer, sans lune, sans soleil, sans étoiles.
Tout était dans les Ténèbres, c’était une obscurité épaisse et permanente. Rumia (Bouleversé) était le nom de cette coquille de Ta’aroa.
Ta’aroa était tout à fait seul dans sa coquille. Il n’avait ni père, ni mère, ni frère aîné, ni sœur. Il n’y avait pas de gens, pas d’animaux, pas d’oiseaux, pas de chiens, mais il y avait Ta’aroa et lui seul.
Il y avait l’espace du ciel. Il y avait l’espace de la terre, il y avait l’espace de l’océan, il y avait l’espace de l’eau douce.
Mais à la fin Ta’aroa donna un coup à sa coquille qui provoqua une fissure semblable à une ouverture pour fourmis. Il en sortit alors et se tint debout sur sa coquille, et il regarda sur sa coquille et constata qu’il était seul. Il n’y avait pas un son, au dehors l’obscurité était totale.
Et il s’écria « Qui est là au-dessus oh ! » Pas de réponse. « Qui est là en dessous oh ! ». Pas de réponse. « Qui est là devant oh ! ». Pas de réponse. « Qui est là derrière oh ! ». Pas de réponse. Il y avait l’écho de sa propre voix et c’était tout.
Et Ta’aroa s’écria « Oh espace pour deux, Oh espace pour foules. Oh espace pour terre s’étendant loin en haut et en bas ». Puis il nagea dans l’espace sans terre. Il nagea loin vers le haut, et loin vers le bas, puis il rentra à Tumu-iti (Petite fondation) à Fa’a-iti (Petite vallée) à l’intérieur de sa coquille et resta là tout à fait confiné et dans l’obscurité épaisse.
A la fin, Ta’aroa se fatigua de cette coquille et se glissant dehors et se tint debout sur la vieille coquille Rumia.
Et il prit sa nouvelle coquille pour la grande fondation du monde, pour la roche stratifiée et pour la terre du monde. Et la coquille, Rumia, qu’il ouvrit la première, devint sa maison, le dôme du ciel des dieux, qui était un ciel confiné enfermant alors le monde en formation.
Alors Ta’aroa demeura dans le ciel confiné dans l’obscurité totale et ignorait la lumière extérieure et ainsi il devint un jeune homme. Mais voici le nom des personnages qui étaient en lui-même mémoire, pensée, regard fixe et observation, ces personnages connaissaient la Terre. Qui donna à ce garçon son nom, Ta’aroa ? Il se nomma lui-même, Ta’aroa.
Il grandit et devint mûr, mais combien grand était Ta’aroa ! Quel genre de dieux étaient tous les autres ? C’étaient seulement des dieux inférieurs et tributaires.
Toutes choses existaient par Ta’aroa. L’orage, la pluie, la mer étaient dans le creux de sa main.
Ta’aroa fit la grande fondation du sol pour qu’il soit le mari et le roc stratifié pour qu’il soit la femme. Haruru-ru-papa (Roc qui résonne) était le nom de cette fondation et il y fit pénétrer son esprit, qui était l’essence de lui-même et l’appela Ta’aroa-nui-Tumu-tahi (Grande fondation unique). Ta’aroa proclama roi Tumu-nui (Grande fondation), mais Tumu-iti le proclama roi sans royaume.
Et Ta’aroa dit « Oh Tumu-nui rampe ici, comme un mari, pour épouser cette femme Papa-raharaha » (Roc stratifié) Tumu-nui répondit d’une voix perceptible « Je ne ramperai pas là, je suis la fondation pour le monde ».
Puis Ta’aroa dit « Eh Papa-raharaha rampe ici pour épouser ce mari Tumu-nui ». Ce roc avait une vraie voix lorsqu’il répondit « Je ne ramperai pas là. Je suis le roc stratifié pour la terre ». Ni l’un ni l’autre ne bougèrent.
Ta’aroa demeura pendant des siècles à l’intérieur du ciel confiné Rumia, il créa les dieux, et les dieux lui naquirent dans l’obscurité. Pour cette raison le ciel était appelé le ciel des dieux.
Quand Ta’aroa se tint à l’intérieur et tourna son visage pour appeler les Ténèbres c’était pour créer les dieux.
Ce fut beaucoup plus tard que l’homme fut créé. Tu était avec Ta’aroa quand celui-ci créa l’homme.
Lorsque Ta’aroa secoua ses plumes elles devinrent des arbres, des bouquets de bananiers et de la verdure sur la terre.
Lorsque la terre devint la terre et qu’elle devint ferme, la grande pieuvre, Tumu-ra’i-fenua (Fondation du ciel terrestre) y était accrochée ; un tentacule était au Nord, un autre au Sud, un autre à l’Est, un autre à l’Ouest. Ils maintenaient le ciel contre la terre.
Tout appartenait à Ta’aroa.
Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens. Légende dictée en 1822 par Paora’i, conseiller de Porapora et récitée un peu plus tard de façon à peu près identique par Vai’ai grand prêtre de Porapora et encore plus tard par Pati’i, grand prêtre de Mo’orea.
Ta’aora par Bobby
Comme de nombreuses œuvres de Bobby Holcomb, « Ta’aroa » illustre une légende polynésienne : celle de la création du monde. Son approche picturale est didactique, on déchiffre la composition comme on lirait une histoire. La lune, le soleil, l’arc-en-ciel, les animaux, la flore, etc… tous les éléments fondateurs sont là, visibles et cohérents. Traditionnellement, les légendes polynésiennes se transmettaient oralement : Bobby souhaitait apporter sa contribution à cette coutume menacée de disparition ; il pensait que l’art pictural était un vecteur de connaissance durable et efficace.
Fonds d’œuvre de la Maison de la Culture de Tahiti
Comme de nombreuses œuvres de Bobby Holcomb, « Ta’aroa » illustre une légende polynésienne : celle de la création du monde. Son approche picturale est didactique, on déchiffre la composition comme on lirait une histoire. La lune, le soleil, l’arc-en-ciel, les animaux, la flore, etc… tous les éléments fondateurs sont là, visibles et cohérents. Traditionnellement, les légendes polynésiennes se transmettaient oralement : Bobby souhaitait apporter sa contribution à cette coutume menacée de disparition ; il pensait que l’art pictural était un vecteur de connaissance durable et efficace.
Fonds d’œuvre de la Maison de la Culture de Tahiti