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Le volcan Yasur de Tanna déclenche une alerte 3


Le volcan Yasur de Tanna déclenche une alerte 3
PORT-VILA, vendredi 13 juillet 2012 (Flash d’Océanie) – Le volcan Yasur sur l’île de Tanna a été une nouvelle fois placé en fin de semaine à un niveau d’alerte trois sur une échelle de quatre.
Selon le service des risques naturels de l’archipel, cette situation, sur place, est caractérisée par d’importantes éruptions génératrices de risques dans certaines portions de l’île et en premier lieu les zones les plus proches du cratère, avec projection de scories, de gaz et de bombes.


Certaines de ces bombes atteignent parfois les zones désignées d’observation et de garage des voitures sur lesquelles se rendent quotidiennement les touristes.
Des bombes volcanique de taille importante, véritables amas de lave incandescente d’une masse de plusieurs dizaines de kilogrammes chacune, continuent en effet à être projetées dans l’atmosphère et atterrissent très fréquemment dans la zone où sont d’ordinaire garés les véhicules acheminant les touristes sur ce site.
Lors d’une précédente phase d’intense activité, au milieu des années 1990, une touriste japonaise avait été tuée par l’un de ces projectiles, qu’elle avait reçu sur la tête.

Ce regain d’activité a aussi suscité une mise en garde des populations résidentes, ainsi qu’à l’attention de nombreux touristes visitant ce site, avec une interdiction, à ce niveau 3, de pénétrer dans le périmètre immédiat du cratère de ce volcan réputé pour être le plus accessible au monde.
L’activité du Yasur demeurait sous haute surveillance.
Le Yasur est un cône de 365 m d’altitude et d’environ 1,5 km de diamètre à la base.
En milieu de semaine, alors que le niveau d’alerte n’était encore que de deux sur une échelle de quatre, le services de risques naturels et géologiques s’inquiétait déjà du regain d’activité de ce volcan, où une équipe s’était rendue début juillet 2012 pour évaluer la dangerosité de la situation.

Elle avait alors constaté d’importantes retombées de cendres volcaniques et acides, portées par les alizés, sur la partie Ouest de l’île.
Selon les témoignages recueillis sur place, ce niveau d’activité serait une réalité depuis le début 2012.

Déjà, début juin 2011, les autorités de l’archipel de Vanuatu avaient décidé de maintenir à un niveau trois (sur une échelle de quatre) la gradation d’alerte en vigueur concernant le volcan Yasur .
Il était entré, début mai 2011, dans une nouvelle phase d’activité soutenue.
Ce niveau d’alerte impliquait en particulier l’entrée en vigueur d’une interdiction de visite dans un périmètre de cinq cent mètres autour du cratère.

Depuis début juillet 2011, le niveau d’alerte avait finalement été rétrogradé à un niveau deux.
L’observatoire gouvernemental des risques géophysiques estimait néanmoins, au vu des constatations faites sur le terrain, que le volcan Yasur maintenait une intense activité, caractérisée par de « fortes explosions » et des « émissions de cendres et de bombes volcaniques à partir des trois cratères » que comporte ce volcan.
Courant 2010, une phase d’intense activité du volcan Yasur et ses retombées acides avaient déjà provoqué une situation alimentaire et sanitaire très préoccupante, du fait de la destruction d’une bonne partie des cultures vivrières dans les villages les plus exposés.

Cette situation de disette avait été aggravée début 2011, avec le passage de deux cyclones, Vania et Atu, à quelques jours d’intervalle.
Cette situation avait suscité la mobilisation de plusieurs partenaires de développement de la région, en mode humanitaire, pur livrer sur place des vivres et mettre en place un plan rapide de reconstitution des cultures.
Ces efforts avaient notamment mobilisé la Plateforme d’intervention régionale pour le Pacifique Sud (PIROPS), antenne de la Croix Rouge française basée en Nouvelle-Calédonie et qui affiche une vocation d’intervention régionale.
Vanuatu, situé sur la « ceinture de feu du Pacifique », comporte, outre le volcan de Tanna, d’autres cônes actifs notamment sur les îles d’Ambae, Ambrym et Gaua (groupes de îles Banks/Torrès, extrême Nord).

Depuis le début 2011, plusieurs volcans de l’archipel de Vanuatu connaissent un regain d’activité, suscitant plusieurs mises en garde de la part des autorités locales, notamment concernant les visites touristiques sur ces sites.
En juillet 2011, dans cet archipel considéré comme l’un des plus représentatifs de la « ceinture de feu » du Pacifique, des mises en alerte de niveau un avaient été successivement lancées pour les volcans de Tanna, d’Ambrym et d’Ambae (Mont Manaro).
Fin juin 2011, le Mont Bembow, volcan situé sur l’île d’Ambrym (Nord de l’île principale), a lui aussi suscité l’inquiétude de la part des autorités de cet archipel qui avaient alors émis un bulletin spécial consacré à ce cône en activité quasi-permanente.

Nord Vanuatu : Le volcan de Gaua classé en « activité permanente »

Début décembre 2011, le volcan l’île de Gaua (extrême Nord de l’archipel, dans le groupe des îles Banks/Torrès, à la limite des îles Salomon), coiffé par le Mont Garet, redevenait une source majeure de préoccupation et de vigilance de la part des autorités nationales, dont le département des risques géodésiques avait décidé de le faire passer d’une catégorie « dormant » à celle « volcan en activité permanente ».
Le bureau des risques géodésiques du gouvernement de Vanuatu estimait alors qu’en vertu de cette nouvelle classification, l’activité de ce volcan « peut changer sans ou avec peu de préavis ».
Entre 2009 et mi-2010, déjà, le Mont Garet avait suscité de vives inquiétudes à la suite d’une précédente phase d’activité soutenue, qui faisait redouter une éventuelle éruption destructrice et la nécessité d’une évacuation partielle ou totale des populations les plus directement exposées.
Selon ce scénario, une première phase de déplacement des populations de l’Est de l’île avait effectivement eu lieu fin 2009, en raison de l’émission de fumées et scories acides dommageables à la fois à la santé des villageois vivant sous le vent et des cultures, détruites par le dépôt ces matières.
Ce regain d’activité du Mont Garet (dont le cratère constitue aussi le lite d’un lac, sur l’île de Gaua), depuis septembre 2009, se caractérisait aussi par une forte augmentation du volume de cendres acides et avait forcé les autorités à organiser le déplacement d’une partie de la population (la plus proche du phénomène) de l’autre côté de l’île.
À Gaua, selon les volcanologues qui observent toujours de près l’activité de ce volcan, la plus grande crainte réside toujours dans une possible déstabilisation de la structure même du volcan (notamment en raison de l’importante activité sismique dans la proche région) et une éventuelle entrée en contact, potentiellement très explosive, de l’eau du lac (qui constitue, de fait, le chapeau du cratère et qui contient des millions de mètres cube d’eau) et la chambre magmatique située juste en-dessous.
Lors de la précédente phase active, les observations faisaient état d’un rythme de deux explosions quotidiennes, avec émissions de gaz sulfureux.
À l’époque, en mars 2010, l’état d’alerte avait même dû être rehaussé à un niveau deux, pour les volcans du Mont Garet ainsi que celui de Tanna (Sud de l’archipel), le Yasur.
Le volcan du Mont Garet, d’une hauteur de plus de neuf cent mètres, est en fait la partie émergée de l’île elle-même et se matérialise par un lac (baptisé Létas), qui submerge une ancienne caldeira.
En incluant sa partie immergée, le Mont Garet représente une hauteur dépassant les deux mille mètre (dont huit cent à l’air), estiment les scientifiques.
Il est entré dans une phase à moyen terme d’activité au début des années 1960.
En 1973, une évacuation s’était révélée nécessaire.

Le Mont Manaro (Nord-est de l’archipel) était déjà classé début 2010 dans la catégorie « très haut niveau d’activité », tout comme le Mont Bembow, volcan situé sur l’île d’Ambrym (Nord de l’île principale).
En 2010, ces alertes concernaient aussi le volcan Yasur (Tanna) et le Mont Garet (groupe des îles Banks, extrême Nord de l’archipel).
En raison de la même configuration, le même scénario inquiète concernant le volcan situé sur l’île d’Ambae (altitude environ 1.500 mètres), qui connaît aussi un fort regain d’activité.
Lors de la précédente séquence intense, l’activité du Mont Manaro s’était caractérisée par des émanations « inhabituelles » observées mi-mai 2010.
Principaux symptômes alors rapportés par les observateurs : d’importantes émissions de fumée, des émanations nauséabondes et caractéristique de l’émission de soufre (volume estimé de ces émissions : trois mille tonnes de gaz sulfurique par jour), une forte décoloration des eaux du lac (marron et parfois bleu pâle) indiquant l’incorporation de dioxyde de soufre, ainsi qu’un panache quasi-permanent au-dessus de l’île.
Ce volcan, le Manaro, est coiffé d’un lac, le Vui.

Le précédent d’Ambae

Le Manaro avait donné des signes similaires il y a une dizaine d’années, faisant craindre là aussi une entrée en contact du magma de la chambre et de l’eau du lac.
Un plan d’évacuation avait été alors sérieusement envisagé pour toute la partie Nord de cette île du Nord-est de Vanuatu.
La dernière éruption significative du volcan Manaro, en novembre 2005, avait provoqué l’évacuation partielle de plusieurs milliers de personnes, mais aussi donné naissance à une nouvelle île, au milieu du lac Vui, qui surplombe le cratère.
Les scientifiques et volcanologues vanuatuans (service gouvernement de la géologie et des mines), français (de l’Institut français de Recherche pour le Développement, IRD) et néo-zélandais estimaient alors que cette nouvelle île, née de l’éruption en milieu aquatique, mesurait quelque 525 mètres de diamètre et culmine à une cinquantaine de mètres au milieu de ce lac acide.
Par ailleurs, l’évaporation provoquée par la chaleur et l’éruption, à l’intérieur du cratère en-dessous du lac, avait entraîné une baisse de niveau des eaux de l’ordre de « deux à trois mètres » par rapport aux mesures pré-éruption, selon les constatations des scientifiques, soit environ un tiers des quelque quarante cinq millions de mètres cubes contenus auparavant.

Rédigé par PAD le Vendredi 13 Juillet 2012 à 06:11 | Lu 1375 fois