Tahiti, le 15 novembre 2020 - Alors que le monde entier est suspendu à l’espoir d’un vaccin pour mettre fin à la crise sanitaire, le haut-commissaire et le président du Pays ont confirmé vendredi l’intégration de la Polynésie dans les commandes de l’Etat, si un vaccin devait être homologué. Jacques Raynal, ministre de la Santé rappelle toutefois que même avec un vaccin, la partie est loin d’être gagnée, car de nombreuses questions se posent sur son application.
Le vaccin mis au point par le laboratoire Pfizer est-il une lueur d’espoir pour la Polynésie ?
"Bien-sûr, pas que pour la Polynésie, pour le monde entier qui attend un vaccin. Plusieurs laboratoires travaillent sur des vaccins, aux Etats-Unis mais aussi en Russie. Il y aura un vaccin, puisque qu’il s’agit d’un coronavirus et qu’on ne peut le combattre que par la vaccination. Il n’y a pas de médicament contre les virus, il y a une panoplie médicamenteuse, à stabiliser ses effets comme pour le VIH, mais on n’arrive pas à éradiquer le virus."
Dans combien de temps peut-on espérer bénéficier de ce vaccin ?
"Il va y avoir une grande bataille mondiale pour l’accès au vaccin. Mais c’est le protocole d'évaluation de l'efficacité que le laboratoire a fini, c’est-à-dire la première phase. Reste la deuxième et la troisième phase pour contrôler si ce qu’on vous injecte n’est pas toxique, et s’il n’y a pas d’effet secondaire. Ils vont rentrer dans la deuxième phase qui sera évidemment plus courte que la première, mais dans le courant de l’année 2021, ils ont des chances de pouvoir mettre sur le marché un vaccin. Vous imaginez bien que les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Europe) seront les premiers clients. La Polynésie à côté, aura forcément moins de poids.
Dès qu’un vaccin sera disponible on va demander à en avoir c’est évident, après qui va-t-on vacciner ? Par ailleurs vous savez que dans certains vaccins, il faut faire des rappels. Ça veut dire que le vaccin ne vous donne pas une immunité qui va durer ad vitam aeternam. Donc il faut déjà savoir quelle est la duré de l’immunité.
Même si ce n’est que 3 ou 4 ans, ça suffira à couper court à toute épidémie, le coronavirus ne trouvant pas de nouvel hôte pour se reproduire va finir par s’arrêter. Néanmoins vous avez encore des épidémies qui continuent malgré le fait qu’on vaccine, comme la rougeole par exemple, une maladie qui tue, vous avez dû voir ce qu’il c’est passé au Samoa. Il aura toujours des pays pauvres qui n’auront pas les capacités de se le procurer."
La Polynésie surveille de près l’évolution des recherches ?
"On regarde de près en effet. Nous n’avons pas encore pris de décision mais compte tenu du fait que comment à poindre du nez l’idée du vaccin, il faut qu’on se positionne. C’est évident que nous rentrerons dans le cadre des commandes de l’Etat.
Mais vacciner une population de 180 000 habitants, soit au moins 70% de la population, ça ne se fait pas en quelques minutes, il va falloir plusieurs mois. C’est-à-dire que pendant plusieurs mois, vous aurez toujours le risque de voir réapparaître des cas, dont des cas graves de Covid.
Prenez Fidji qui a fermée ses frontières dès le début de la crise. Le pays aura-t-il les moyens de se payer un vaccin pour toute sa population, soit près de 900 000 habitants ? C’est certainement ce qui permettra d’apaiser la crise, mais pas de la supprimer, dans la mesure où vous aurez toujours des gens qui ne seront pas vaccinés et qui seront potentiellement porteur du virus.
Prenez maintenant la Nouvelle-Calédonie. Tant que le pays n’aura pas vacciné 60 à 70 % de sa population, ils seront quand même obligés d’imposer la quatorzaine. Ils ne pourront pas ouvrir les frontières du jour ou lendemain. Tant que vous avez une fraction importante de la population qui n’a pas de défense, le virus s’introduira et il entraînera quand même des dépenses, puisqu’il faudra bien prendre en charge les malades.
Les deux volets sont intéressants à analyser quand la crise sera passée. Les investissements réalisés au départ auront-ils permis de sauver l’économie du pays ? Ou est-ce que la fermeture complète suivant des processus de surveillance aura permis de passer le cap ?"
La Calédonie est quand même beaucoup moins dépendante du tourisme que nous ?
"Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de crise là-bas. Ils ont les produits du nickel, comme nous avons les retombées du tourisme, sauf que le nickel ne craint pas le Covid. Ils ont cette économie-là qui fait qu’ils ont plus de souplesse c’est vrai, mais je suis persuadé qu’il y aura peut-être une différence sur le plan économique, mais pas forcément sur le plan sanitaire."
Le conseil des ministres a fini par autoriser la prescription de la chloroquine, pourquoi ?
"On autorise, mais c’est classé dans les substances vénéneuses, c’est donc une ordonnance particulière. Il y a des chapelles et puis il y a des savants fous. Il y a eu une effervescence médiatique autour de ce médicament dans laquelle se sont fourvoyés des médecins, qui on perdu le sens de la médecine : Primum non nocere qui signifie « en premier, ne pas nuire ». Il faut que vous soyez suffisamment certain que le rapport entre la maladie du patient et le médicament que vous lui donnez sera bénéfique. S’il n’est pas suffisamment bénéfique, il vaut mieux ne pas le donner. C’est un des principes majeurs de la médecine, malheureusement certains s’en exonèrent."
Le vaccin mis au point par le laboratoire Pfizer est-il une lueur d’espoir pour la Polynésie ?
"Bien-sûr, pas que pour la Polynésie, pour le monde entier qui attend un vaccin. Plusieurs laboratoires travaillent sur des vaccins, aux Etats-Unis mais aussi en Russie. Il y aura un vaccin, puisque qu’il s’agit d’un coronavirus et qu’on ne peut le combattre que par la vaccination. Il n’y a pas de médicament contre les virus, il y a une panoplie médicamenteuse, à stabiliser ses effets comme pour le VIH, mais on n’arrive pas à éradiquer le virus."
Dans combien de temps peut-on espérer bénéficier de ce vaccin ?
"Il va y avoir une grande bataille mondiale pour l’accès au vaccin. Mais c’est le protocole d'évaluation de l'efficacité que le laboratoire a fini, c’est-à-dire la première phase. Reste la deuxième et la troisième phase pour contrôler si ce qu’on vous injecte n’est pas toxique, et s’il n’y a pas d’effet secondaire. Ils vont rentrer dans la deuxième phase qui sera évidemment plus courte que la première, mais dans le courant de l’année 2021, ils ont des chances de pouvoir mettre sur le marché un vaccin. Vous imaginez bien que les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Europe) seront les premiers clients. La Polynésie à côté, aura forcément moins de poids.
Dès qu’un vaccin sera disponible on va demander à en avoir c’est évident, après qui va-t-on vacciner ? Par ailleurs vous savez que dans certains vaccins, il faut faire des rappels. Ça veut dire que le vaccin ne vous donne pas une immunité qui va durer ad vitam aeternam. Donc il faut déjà savoir quelle est la duré de l’immunité.
Même si ce n’est que 3 ou 4 ans, ça suffira à couper court à toute épidémie, le coronavirus ne trouvant pas de nouvel hôte pour se reproduire va finir par s’arrêter. Néanmoins vous avez encore des épidémies qui continuent malgré le fait qu’on vaccine, comme la rougeole par exemple, une maladie qui tue, vous avez dû voir ce qu’il c’est passé au Samoa. Il aura toujours des pays pauvres qui n’auront pas les capacités de se le procurer."
La Polynésie surveille de près l’évolution des recherches ?
"On regarde de près en effet. Nous n’avons pas encore pris de décision mais compte tenu du fait que comment à poindre du nez l’idée du vaccin, il faut qu’on se positionne. C’est évident que nous rentrerons dans le cadre des commandes de l’Etat.
Mais vacciner une population de 180 000 habitants, soit au moins 70% de la population, ça ne se fait pas en quelques minutes, il va falloir plusieurs mois. C’est-à-dire que pendant plusieurs mois, vous aurez toujours le risque de voir réapparaître des cas, dont des cas graves de Covid.
Prenez Fidji qui a fermée ses frontières dès le début de la crise. Le pays aura-t-il les moyens de se payer un vaccin pour toute sa population, soit près de 900 000 habitants ? C’est certainement ce qui permettra d’apaiser la crise, mais pas de la supprimer, dans la mesure où vous aurez toujours des gens qui ne seront pas vaccinés et qui seront potentiellement porteur du virus.
Prenez maintenant la Nouvelle-Calédonie. Tant que le pays n’aura pas vacciné 60 à 70 % de sa population, ils seront quand même obligés d’imposer la quatorzaine. Ils ne pourront pas ouvrir les frontières du jour ou lendemain. Tant que vous avez une fraction importante de la population qui n’a pas de défense, le virus s’introduira et il entraînera quand même des dépenses, puisqu’il faudra bien prendre en charge les malades.
Les deux volets sont intéressants à analyser quand la crise sera passée. Les investissements réalisés au départ auront-ils permis de sauver l’économie du pays ? Ou est-ce que la fermeture complète suivant des processus de surveillance aura permis de passer le cap ?"
La Calédonie est quand même beaucoup moins dépendante du tourisme que nous ?
"Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de crise là-bas. Ils ont les produits du nickel, comme nous avons les retombées du tourisme, sauf que le nickel ne craint pas le Covid. Ils ont cette économie-là qui fait qu’ils ont plus de souplesse c’est vrai, mais je suis persuadé qu’il y aura peut-être une différence sur le plan économique, mais pas forcément sur le plan sanitaire."
Le conseil des ministres a fini par autoriser la prescription de la chloroquine, pourquoi ?
"On autorise, mais c’est classé dans les substances vénéneuses, c’est donc une ordonnance particulière. Il y a des chapelles et puis il y a des savants fous. Il y a eu une effervescence médiatique autour de ce médicament dans laquelle se sont fourvoyés des médecins, qui on perdu le sens de la médecine : Primum non nocere qui signifie « en premier, ne pas nuire ». Il faut que vous soyez suffisamment certain que le rapport entre la maladie du patient et le médicament que vous lui donnez sera bénéfique. S’il n’est pas suffisamment bénéfique, il vaut mieux ne pas le donner. C’est un des principes majeurs de la médecine, malheureusement certains s’en exonèrent."
La mise en garde du laboratoire Sanofi
Devant les nombreuses questions et controverses soulevées par l'utilisation de l'hydroxychloroquine, le laboratoire Sanofi rappelle que son médicament ne bénéficie d’aucune autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la prise en charge du Covid. Sur son site internet, le laboratoire met l’accent sur « la sécurité des patients » : une « priorité ».
« À ce jour, les preuves cliniques ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur l'efficacité clinique ou la sécurité d’emploi de l'hydroxychloroquine dans la prise en charge de l’infection Covid-19, et ce, malgré les nombreux essais cliniques mis en place au cours du premier semestre 2020 » introduit Sanofi, seul laboratoire à avoir une AMM de cette molécule, connue sous le nom de Plaquenil.
Face aux sollicitations récurrentes de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et notamment du docteur Raoult, le directeur du laboratoire avait lui-même rappelé dans un courrier adressé à Olivier Veran, ministre de la santé, que le traitement « ne bénéficie à ce jour d’aucune autorisation de mise sur le marché en France ou ailleurs dans le monde, pour une indication relative au traitement de la COVID-19. »
Sanofi rappelle également qu’il « doit s’assurer, dans le cadre de ses obligations, que les médicaments qu’il met sur le marché sont utilisés conformément à leurs AMM ». A savoir : « la polyarthrite rhumatoïde », les « lupus érythémateux » et « systématiques », ainsi que dans « la prévention des lucites. »
Enfin, le laboratoire précise qu’un « nombre important de cas graves, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, d'allongement de l'intervalle QT, de torsade de pointes, de syncope, d'arrêt cardiaque et de mort subite ont été signalés à la Pharmacovigilance de Sanofi depuis ces dernières semaines dans le cadre de la prise en charge de l’infection Covid-19. » Il ajoute également que « dans la plupart de ces cas, l'hydroxychloroquine a été co-administrée avec un médicament connu pour induire un allongement de l'intervalle QT (par exemple l'azithromycine). Une évolution favorable a été rapportée pour la majorité des patients après l'arrêt de l'hydroxychloroquine. »
C’est sur la base de ces mises en garde que le conseil des ministres de Polynésie a pris un arrêté précisant que « l’utilisation hors AMM de l’hydroxychloroquine ou association lopinavir/ritonavir ne sera plus encadrée juridiquement et sera alors sous la responsabilité pleine et entière du médecin, au vu des données acquises de la science, qui ne semblent pas avérées aujourd’hui. »
https://www.sanofi.fr/fr/Actualites/actualites-produits/point-de-situation-plaquenil
https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/11/Courrier-SAF-%EF%BF%BD-Minist%C3%A8re-de-la-Sant%C3%A9-2020-10-30-Plaquenil_.pdf
« À ce jour, les preuves cliniques ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur l'efficacité clinique ou la sécurité d’emploi de l'hydroxychloroquine dans la prise en charge de l’infection Covid-19, et ce, malgré les nombreux essais cliniques mis en place au cours du premier semestre 2020 » introduit Sanofi, seul laboratoire à avoir une AMM de cette molécule, connue sous le nom de Plaquenil.
Face aux sollicitations récurrentes de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et notamment du docteur Raoult, le directeur du laboratoire avait lui-même rappelé dans un courrier adressé à Olivier Veran, ministre de la santé, que le traitement « ne bénéficie à ce jour d’aucune autorisation de mise sur le marché en France ou ailleurs dans le monde, pour une indication relative au traitement de la COVID-19. »
Sanofi rappelle également qu’il « doit s’assurer, dans le cadre de ses obligations, que les médicaments qu’il met sur le marché sont utilisés conformément à leurs AMM ». A savoir : « la polyarthrite rhumatoïde », les « lupus érythémateux » et « systématiques », ainsi que dans « la prévention des lucites. »
Enfin, le laboratoire précise qu’un « nombre important de cas graves, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, d'allongement de l'intervalle QT, de torsade de pointes, de syncope, d'arrêt cardiaque et de mort subite ont été signalés à la Pharmacovigilance de Sanofi depuis ces dernières semaines dans le cadre de la prise en charge de l’infection Covid-19. » Il ajoute également que « dans la plupart de ces cas, l'hydroxychloroquine a été co-administrée avec un médicament connu pour induire un allongement de l'intervalle QT (par exemple l'azithromycine). Une évolution favorable a été rapportée pour la majorité des patients après l'arrêt de l'hydroxychloroquine. »
C’est sur la base de ces mises en garde que le conseil des ministres de Polynésie a pris un arrêté précisant que « l’utilisation hors AMM de l’hydroxychloroquine ou association lopinavir/ritonavir ne sera plus encadrée juridiquement et sera alors sous la responsabilité pleine et entière du médecin, au vu des données acquises de la science, qui ne semblent pas avérées aujourd’hui. »
https://www.sanofi.fr/fr/Actualites/actualites-produits/point-de-situation-plaquenil
https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/11/Courrier-SAF-%EF%BF%BD-Minist%C3%A8re-de-la-Sant%C3%A9-2020-10-30-Plaquenil_.pdf